>> Paris et Alger repartent de l'avant sur "une dynamique irréversible"
La Première ministre française Elisabeth Borne s'entretient avec son homologue algérien Aymen Benabderrahmane, le 9 octobre à Alger. |
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"C'est une étape pour bâtir des coopérations plus denses encore entre la France et l'Algérie", a déclaré la cheffe du gouvernement français Elisabeth Borne devant la presse à l'issue de la réunion, pour la première fois depuis 2017, du Comité intergouvernemental de haut niveau (CIHN).
Après la signature d'accords bilatéraux de coopération économique, sur la mobilité ou culturels, Mme Borne - venue en Algérie avec une imposante délégation de quinze ministres - a mis en exergue le "signe fort" de ce voyage, son premier à l'étranger, saluant une "atmosphère de confiance et de fraternité".
Elle a évoqué trois piliers pour ce partenariat "renforcé" : l'économie pour "développer le commerce, l'innovation et créer des emplois"; la mobilité et les visas; et la jeunesse via des coopérations éducatives et culturelles accrues.
Son homologue algérien Aïmene Benabderrahmane a salué quant à lui la "qualité du dialogue politique" et une "grande convergence concernant l'importance de renforcer la concertation et la coordination sur les questions régionales, internationales d'intérêt commun".
"Le temps de l'incompréhension est derrière nous", avait affirmé en amont de sa visite Mme Borne à propos de la question, ultra-sensible, de la mémoire de la colonisation et de la guerre d'Algérie.
Déjeuner avec Tebboune
La cheffe du gouvernement français a affirmé à cet égard que la composition de la commission d'historiens des deux rives, qui doivent examiner "sans tabou" les archives des deux pays, n'était qu'une affaire "de quelques jours".
Elle a démarré dimanche 9 octobre sa visite par des gestes mémoriels, à l'instar du président Emmanuel Macron lors de son voyage fin août qui, après des mois de tensions, a permis de réchauffer les relations entre les deux pays.
M. Benabderrahmane a insisté sur "l'importance de poursuivre le travail commun", à travers cette commission et "la mise en place des groupes de travail mixtes concernés par les questions de la mémoire".
Prélude à ce voyage, M. Macron s'est entretenu dimanche par téléphone avec son homologue Abdelmadjid Tebboune, plaidant de nouveau pour la concrétisation du "partenariat renouvelé et ambitieux" décidée il y a cinq semaines.
Elisabeth Borne doit déjeuner lundi 10 octobre avec M. Tebboune, qui a signé avec M. Macron le 27 août une "Déclaration d'Alger" autour de six axes de coopération bilatérale.
La réunion du CIHN dimanche 9 octobre a débouché sur la signature d'une douzaine de textes : des "déclarations d'intention" sur l'emploi, la coopération industrielle, le tourisme et l'artisanat, ou le handicap, une "convention de partenariat" dans le domaine agricole et un "mémorandum d'accord" sur les startups.
Les présidents français Emmanuel Macron (gauche) et algérien Abdelmadjid Tebboune, le 27 août à Alger. |
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La tenue du CIHN en soi "est déjà une avancée" dans le dialogue politique, selon Hasni Abidi, directeur du Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen (Cermam) à Genève.
"Échanges intenses" -
Sur la question délicate des visas fortement réduits par Paris à l'automne 2021, Mme Borne a dit avoir évoqué "les moyens d'encourager les mobilités étudiantes, scientifiques, artistiques et économiques", tandis que M. Benabderrahmane insistait sur la nécessité d'une "facilitation réelle de la circulation des personnes".
Mme Borne a fait état "d'échanges intenses" sur ce dossier entre le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin et son alter égo algérien, se disant "confiante qu'ils déboucheront rapidement".
Les présidents des deux pays avaient ouvert la voie fin août à un assouplissement du régime de visas accordés à l'Algérie, en échange d'une coopération accrue d'Alger dans la lutte contre l'immigration illégale.
Cette question empoisonne la relation bilatérale depuis que Paris a divisé par deux le nombre de visas octroyés à l'Algérie, jugée pas assez prompte à réadmettre ses ressortissants expulsés de France.
Une augmentation des livraisons de gaz algérien vers la France n'est pas à l'ordre du jour mais Mme Borne a dit "continuer à avancer" avec l'Algérie pour accroître ses capacités de production gazière.
Mme Borne n'a emmené avec elle qu'un seul grand groupe, Sanofi, qui a un projet d'usine à insuline, et quatre PME : Générale Energie, qui envisage la construction d'une usine de transformation de noyaux d'olives, Infinite Orbits, qui a un projet de premier microsatellite algérien, Neo-Eco, qui travaille sur le traitement des déchets comme l'amiante, et Avril, spécialisée dans la transformation de céréales.
De son côté Business France, structure publique chargée des investissements internationaux, emmène plusieurs dizaines d'entreprises venues pour le Forum des affaires franco-algérien, qui sera inauguré lundi 10 octobre par les deux Premiers ministres.
AFP/VNA/CVN