Sidérurgie
Ouvriers et patrons à Bruxelles contre la concurrence chinoise

Quelque 5.000 ouvriers et patrons de la sidérurgie européenne sont attendus lundi 15 février à Bruxelles pour protester contre la concurrence chinoise qui déverse sur le marché des produits à prix cassés.

Des tuyaux en acier destinés à l'exportation stockés en 2015 à Lianyungang
Photo : AFP/VNA/CVN

"Les importations d'acier bradées en provenance de Chine, dont les volumes ont doublé depuis 18 mois, inondent le marché de l'UE, provoquant des fermetures d'usines et des suppressions d'emplois dans la sidérurgie européenne", dénonce la fédération Eurofer, qui réunit les industriels européens de l'acier et coorganise la manifestation.

"Les ouvriers sidérurgistes de toute l'Europe pâtissent des conséquences des importations déloyales et du manque d'action gouvernementale", s'emporte Roy Rickhuss, secrétaire général du syndicat de l'acier britannique, Community, dans un communiqué.

L'Union européenne est le deuxième plus gros producteur d'acier au monde après la Chine, avec plus de 177 millions de tonnes par an, soit 11% de la production mondiale, selon des chiffres de la Commission. Quelque 40.000 emplois ont été perdus ces dernières années dans un secteur qui emploie environ 3,5 million de personnes.

L'heure est si grave que c'est côte à côte que doivent défiler, dans les rues de la capitale européenne, patrons et ouvriers.

Ces derniers comptent déposer leurs casques à proximité de la Commission pour symboliser les licenciements à venir, pendant qu'une délégation d'Eurofer et d'Aegis Europe (regroupant 30 secteurs industriels : acier, aluminium, céramique, verre, panneaux solaires notamment, et coorganisatrice de cette marche) sera reçue par le président de l'exécutif européen, Jean-Claude Juncker.

Jean-Claude Juncker le 19 janvier à Strasbourg.

Dans leur ligne de mire, outre le dumping pratiqué par les sidérurgistes chinois, en surcapacités, les difficiles discussions sur l'octroi à la Chine du statut d'économie de marché.

La Commission européenne, qui négocie pour les 28 Etats membres, a en effet ouvert le débat à la mi-janvier et doit prendre une décision à la fin de l'année. Si la Chine obtient ce statut, cela pourrait déboucher sur une forte baisse de ses droits de douane, lourde de conséquences pour tous les concurrents européens de "l'atelier du monde", des fabricants de panneaux solaires aux aciéristes.

Lutte antidumping

À son entrée dans l'Organisation mondiale du commerce (OMC) en 2001, la Chine avait été enregistrée comme une économie non marchande, la question de son statut devant être réexaminée quinze ans plus tard, en 2016.

Les gouvernements européens se sont également mobilisés sur la question, comme le montre l'initiative inédite prise le 8 février par les ministres français, allemand, britannique, italien, polonais, belge et luxembourgeois, dans une lettre adressée à la Commission européenne et au Conseil (représentant les 28 États membres de l'UE).

"L'Union européenne ne peut rester passive lorsque l'augmentation des pertes d'emplois et des fermetures d'aciéries montre qu'il existe un risque important et imminent d'effondrement du secteur européen de l'acier", ont-ils averti.

Un ouvrier le 2 janvier dans une usine de sidérurgie à Rizhao dans l'Est de la Chine

Le ministre français de l'Économie, Emmanuel Macron, qui doit également intervenir le 15 février au parlement de l'UE à Bruxelles sur l'avenir de la sidérurgie européenne, avait mis en garde mi-janvier contre "toute naïveté ou toute volonté de transiger", en se prononçant pour "une logique de lutte antidumping très claire, massive, directe".

De son côté, la Chine a fait connaître son intention de réduire sa production d'acier de quelque 150 millions de tonnes sur les cinq prochaines années, alors que sa surproduction est estimée à 340 millions de tonnes par des experts.

Le 12 février, l'UE a annoncé l'ouverture d'enquêtes visant les importations sur son sol de trois types de produits en acier en provenance de Chine (tubes sans soudure, tôles fortes et acier plat laminé à chaud), soupçonnés d'être vendus à perte et d'enfreindre les règles de la concurrence.

"Nous ne pouvons tolérer ces importations à des prix artificiellement bas qui menacent notre industrie. Je suis déterminée à user de tous les moyens possibles pour garantir que nos partenaires commerciaux respectent les règles", a assuré la commissaire européenne au Commerce, Cecilia Malmström.

AFP/VNA/CVN

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