Les Bourses asiatiques à la peine au terme d'une semaine noire, Tokyo chute de 5%

Les Bourses asiatiques ont amplifié leurs pertes vendredi 12 février, Tokyo finissant en baisse de près de 5% au terme d'une semaine catastrophique sur les marchés mondiaux, terrassés par un cocktail d'inquiétudes et de doutes à l'égard du pétrole, des banques et de la croissance mondiale.

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L'indice Nikkei a lâché 4,84% vendredi

À l'issue d'échanges une nouvelle fois très animés, l'indice Nikkei a lâché 4,84% pour tomber sous les 15.000 points, au plus bas depuis octobre 2014. Il a perdu 11,10% sur une semaine pourtant raccourcie à quatre jours (jeudi était férié au Japon).

Plus encore que les autres places financières, la Bourse de Tokyo souffre en ce début d'année, laminée par la remontée du yen, valeur refuge, un mouvement qui pénalise durement les entreprises exportatrices et l'économie japonaise.

Le dollar oscille désormais autour de 112 yens, contre 120 yens fin 2015, au point que les spéculations grandissent sur une éventuelle intervention des autorités japonaises sur le marché des changes pour stopper cette hausse en passe de ruiner tous les efforts entrepris par le gouvernement et la banque centrale depuis trois ans.

Le ministre japonais des Finances, Taro Aso, a dit vendredi matin 12 février "surveiller de près" la paire yen/dollar. Le gouverneur de la Banque du Japon (BoJ), Haruhiko Kuroda, a jugé pour sa part la réaction des marchés "excessive, étant donné les fondements" solides de l'économie japonaise.

"Nous sommes entrés dans une nouvelle phase", a commenté pour l'agence Bloomberg Juichi Wako, analyste de la maison de courtage Nomura à Tokyo. "Les fluctuations dollar-yen sont au centre des regards, nous sommes à la merci des mouvements des monnaies".

Ailleurs en Asie Pacifique, Hong Kong cédait quelque 1% dans l'après-midi après avoir glissé de 4% la veille, Sydney 1,16%, même tendance à Séoul et Wellington.

Les marchés en Chine, Taiwan et au Vietnam étaient encore fermés vendredi 12 février en raison des congés du Nouvel An lunaire.

Jeudi 11 février, la sinistrose avait été générale en Europe : Paris a perdu 4,05%, Francfort 2,93%, Londres 2,39%, Milan 5,63% et Madrid 4,88%.

La tourmente a ensuite emporté Wall Street, où le Dow Jones a perdu en clôture 1,60% et le Nasdaq 0,39%, et l'ensemble du continent américain : Buenos Aires a lâché 2,96%, Sao Paulo, 2,56%.

Plus de lapin dans le chapeau

En tenant un discours très prudent, la présidente de la Banque centrale américaine, Janet Yellen, qui a témoigné mercredi et jeudi 11 février devant les parlementaires, n'a rien fait pour rassurer les places financières.

Outre le ralentissement chinois, "les deux facteurs qui pèsent sur les marchés restent en place, à savoir les banques et le pétrole", souligne Alexandre Baradez, analyste chez IG France.

Les banques cristallisent les peurs depuis quelques jours, "pourtant elles ne sont pas du tout dans une situation similaire à celle de 2007, avec du stress en termes de liquidité et de solvabilité", souligne Jean-François Robin de Natixis.

Les cours du pétrole, autre sujet majeur de préoccupation, ont rebondi vendredi 12 février en Asie sous l'effet d'achats à bon compte et de nouvelles spéculations sur une éventuelle volonté de l'Opep de réduire sa production. Ils étaient tombés à des plus bas de presque 13 ans. Mais le répit risque d'être bref, selon les analystes, alors que le marché est frappé par une conjoncture adverse, surabondance des cours et morosité de la demande.

Pour Christopher Dembik, un économiste de Saxo Banque, "désormais la panique est auto-entretenue" et les marchés ne font plus guère attention à la réalité économique. S'ils sont aussi désorientés depuis le début de l'année, c'est aussi parce que les banques centrales paraissent de plus en plus démunies à renverser la donne.

"Les politiques monétaires et les incertitudes quant à leur efficacité représentent la principale inquiétude macro-économique maintenant", a estimé sur Bloomberg TV Leo Grohowski, de BNY Mellon Wealth Management à New York. "Seule une action (des banques centrales) pourrait encore rassurer, mais elles disposent de moins en moins d'instruments pour surprendre les investisseurs", analyse M. Dembik.

La Réserve fédérale américaine est en position de statu quo, poursuit-il, faisant reposer la pression sur la Banque centrale européenne (BCE). Or son président, "Mario Draghi, n'a plus de lapin à sortir de son chapeau, donc la baisse actuelle pourrait encore durer longtemps".

AFP/VNA/CVN

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