COVID-19
Onze villes en quarantaine en Italie, l'angoisse monte

Arrêt du Carnaval de Venise, fermetures à Milan et deux semaines de quarantaine pour 11 villes : le Nord de l'Italie se prépare à vivre des jours d'angoisse et de restrictions après une soudaine et spectaculaire flambée des cas du nouveau coronavirus en trois jours.

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Deux femmes portant des masques marchent le 23 février sur la place du Duomo, dans le centre de Milan.

La découverte de plusieurs foyers vendredi 21 février, jour où a été annoncé le premier décès d'un Italien (et d'un Européen), puis la multiplication rapide des cas, passés de six à près de 150 dimanche 23 février, préoccupe les autorités et la population locale.

Virus Paralysie, titre le grand journal Repubblica. Tous les médias publient des recommandations sur la manière d'éviter la contagion ou d'expliquer l'épidémie aux enfants.

L'Italie compte désormais 152 cas dont trois décès, ce qui en fait le pays le plus touché en Europe, depuis qu'a démarré l'épidémie de pneumonie virale en décembre en Chine. Les cas les plus nombreux ont été recensés en Lombardie (région de Milan) avec 112 contaminations et 22 en Vénétie (région de Venise).
Avant cet incident, le Premier ministre Giuseppe Conte, interrogé sur la chaîne publique Rai Uno, avait appelé à "ne pas succomber à la panique et à suivre les consignes des autorités sanitaires". "Il ne faut pas avoir peur du fait que le nombre de cas augmentera encore", a-t-il ajouté.
Deux foyers principaux ont été identifiés : autour de Codogno, en Lombardie où un deuxième décès (une femme de 77 ans) a été annoncé samedi 22 f
évrier, et à Vo'Euganeo, près de Padoue (Vénétie), où le premier cas mortel d'un retraité de 78 ans avait été enregistré. Un cordon sanitaire y sera établi par l'armée à partir de lundi 24 février.

Les autorités de Lombardie ont aussi annoncé dimanche 23 février le décès d'une femme âgée, atteinte d'un cancer et qui avait contracté le nouveau coronavirus.

Le gouvernement a adopté un décret-loi très strict qui met à l'isolement onze villes, dont dix dans le périmètre de Codogno. "Ni l'entrée ni la sortie ne sera autorisée sauf dérogation particulière", a annoncé Giuseppe Conte.
Fermetures à Milan
Dimanche 23 f
évrier, la Vénétie a aussi décrété l'interruption des festivités du célèbre Carnaval qui devait se terminer mardi 25 février, et des manifestations sportives ainsi que la fermeture des écoles et musées. Mais bars et restaurants restent ouverts.

Ni entrée ni sortie de la ville de Codogno surveillé par la police, le 23 février.
Photo : AFP/VNA/CVN

En Lombardie, dans la métropole de Milan, capitale économique italienne, écoles, universités, mais aussi musées, cinémas et théâtres dont la prestigieuse Scala seront fermés. Tous les bars baisseront le rideau de 18h00 à 06h00 du matin. Mais les services publics restent ouverts.
Même la fashion week milanaise a été perturbée : le maestro Giorgio Armani, 85 ans, et la styliste Laura Biagiotti ont décidé de défiler dimanche 23 février portes closes et de retransmettre leurs présentations pour l'automne-hiver 2020 sur leurs sites web.
Dans les 11 villes en quarantaine, tous les lieux publics (bars, restaurants mairies, bibliothèques, écoles) sauf les pharmacies, ont fermé dès vendredi 21 février.
Le principal foyer se trouve autour de Codogno, 15.000 habitants, dont beaucoup travaillent aux alentours ou à Milan, à 60 km de là.
Les trains de la société privée Trenord ne s'arrêtent plus dans cette localité et deux villes voisines. Des panneaux lumineux annoncent : "Coronavirus, la population est invitée à rester chez elle, par mesure de précaution".
Tout près de Casalpusterlengo, une voiture de la police arrête tous les véhicules circulant sur la principale artère reliant les différentes bourgades.
"Nous allons rapidement installer un blocus total", a expliqué dimanche après-midi 23 février un policier, en soulignant que les agents informent "les gens que s'ils entrent, ils ne pourront plus sortir et inversement".
Le gouvernement a prévu des sanctions allant jusqu'à trois mois de réclusion pour les contrevenants.
Craintes pour les vivres

Des agents sanitaires et soldats dans une zone de quarantaine à l'aéroport militaire Mario Berardi, au sud de Rome, le 3 février.

Mais la grande crainte des habitants est celle de manquer de vivres. Toute la journée, à Casalpusterlengo, des files se sont formées devant le supermarché Lidl, l'un des seuls ouverts.
Le patient 1 pour la Lombardie est un homme de 38 ans, Mattia, cadre de la multinationale anglo-néerlandaise Unilever qui a un site important près de Codogno, à Casalpusterlengo, où 120 des salariés sur 160 ont été testés.
Sa contamination reste un mystère : il est exclu qu'il ait été contaminé par l'un de ses amis revenu de Chine en janvier, car celui-ci, "sur la base des tests effectués, n'a pas développé les anticorps", selon le ministère de la Santé.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) reconnaît que "la hausse rapide des cas enregistrés en Italie depuis deux jours est inquiétante, selon un porte-parole. Ce qui nous inquiète aussi c'est qu'on n'a pas pu identifier dans tous les cas des liens épidémiologiques clairs comme des voyages en Chine ou des contacts avec un cas confirmé".
L'autre zone de contamination est Vo' Euganeo, près de Padoue. Les autorités ont soumis à des tests huit ressortissants chinois qui fréquentaient le même bar que le maçon décédé vendredi mais qui se sont révélés négatifs.
Le patron de la région Luca Zaia s'est dit "préoccupé" que le patient zéro n'ait pas été trouvé, ce qui prouve pour lui que "le virus est bien plus omniprésent que ce qu'on pensait".
Le trafic ferroviaire entre l'Italie et l'Autriche passant par le col du Brenner a par ailleurs été arrêté en début de soirée dimanche 23 f
évrier, comme l'a indiqué un porte-parole de la compagnie autrichienne de chemin de fer ÖBB, avant de reprendre autour de minuit.

Un train reliant Venise à Munich (Sud de l'Allemagne) a été bloqué à la frontière en raison de deux cas suspects de coronavirus. Selon la police, citée par l'agence autrichienne APA, deux passagères allemandes ont été prises en charge pour des examens médicaux peu après leur départ de Venise.
"L'alerte est levée, les tests de diagnostic effectués sur les deux cas suspects se sont révélés négatifs", a ensuite annoncé le ministère autrichien de l'Intérieur dans un communiqué.

AFP/VNA/CVN

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