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Le président américain Barack Obama |
Photo : AFP/VNA/CVN |
À l'entame de la dernière année de son second mandat, le chef d'un État comptant davantage d'armes individuelles que d'habitants entend régler cette "affaire inachevée" qu'il vit comme un échec et qui l'exaspère. Chaque jour aux États-Unis environ 90 personnes trouvent la mort par balle.
"Ma résolution du Nouvel An est de progresser autant que possible (...) face à l'épidémie des violences par armes à feu", a déclaré dans son allocution hebdomadaire M. Obama, actuellement en vacances à Hawaï. Il a précisé qu'il rencontrerait dès le 4 janvier, à son retour à la Maison-Blanche, la ministre de la Justice Loretta Lynch pour envisager les "options" possibles. Celles-ci sont réduites et compliquées, en raison du blocage persistant du Congrès d'agir sur la question.
Les républicains, qui affirment un soutien clair et fort au droit d'être armé, ont une majorité solide aux deux chambres, où de nombreux élus ont de surcroît la réputation d'être contrôlés par la NRA, le principal lobby des armes. Les services de la présidence travaillent donc depuis des semaines à contourner cet obstacle de taille en utilisant la voie réglementaire.
Les experts s'attendent à ce que la Maison Blanche dévoile d'ici mi-janvier une série de décrets généralisant l'obligation de contrôles d'antécédents judiciaires et psychiatriques avant toute vente d'arme. Cet objectif, qui pourrait pourtant sembler un objectif a minima et qui est soutenu par une vaste majorité de la population, s'est pour l'heure révélé un col infranchissable, y compris après l'immense émotion qu'avait suscitée la tuerie de 20 enfants dans une école du Connecticut fin 2012.
Un mémorial près du site de l'école primaire de Sandy Hook à Newtown, dans le Connecticut. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Le Congrès n'a rien fait"
"Le mois dernier nous avons commémoré le troisième anniversaire du (massacre de) Newtown" et "ce vendredi je pense à mon amie Gabby Giffords", une élue victime d'une fusillade à Tucson (Arizona), qui a fait 6 morts et l'a handicapée, a rappelé le président américain.
"Et pourtant le Congrès n'a toujours rien fait", a-t-il déploré, malgré une proposition de loi "bipartite et de bon sens (qui) prévoyait que soient vérifiés les antécédents de quasi chaque acheteur d'arme. Rappelez-vous, 90% des Américains soutenaient cette proposition, qui était aussi le voeu de la majorité des foyers de la NRA". "Mais le lobby des armes à feu s'est mobilisé contre et le Sénat l'a bloquée", a souligné Barack Obama.
Résultat, il reste actuellement possible dans de nombreuses régions d'Amérique - notamment auprès de collectionneurs privés ou dans des foires itinérantes - d'acheter une arme sans aucun des contrôles exigés des armuriers homologués par les autorités fédérales. Et, selon un cercle vicieux, chaque tentative de réformer cette situation se traduit par une envolée des ventes d'armes individuelles, les clients choisissant de s'équiper ou se suréquiper de façon préventive.
La NRA a fait savoir qu'elle combattrait pied à pied les efforts de l'exécutif pour court-circuiter la voie parlementaire et l'administration Obama peut s'attendre à des pourvois judiciaires tous azimuts contre ses éventuels décrets, ainsi qu'à des accusations d'abus de pouvoir. "Le lobby des armes est fort et organisé (...) J'espère que vous allez me rejoindre pour rendre l'Amérique plus sûre pour nos enfants", a lancé M. Obama, sans employer le mot "décret".
Les États-Unis ont été endeuillés en 2015 par une série de fusillades meurtrières, notamment un attentat d'inspiration jihadiste en Californie début décembre. M. Obama avait dénoncé la "routine" de ces drames après une précédente tuerie début octobre dans une université de l'Oregon.
AFP/VNA/CVN