M. Obama a fait de la réconciliation avec l'Iran l'un des objectifs prioritaires de sa politique étrangère. À cette fin, il s'est entretenu au téléphone en septembre 2013 avec son homologue Hassan Rohani et a écrit le mois dernier au guide suprême de la République islamique, l'ayatollah Ali Khamenei.
Le président américain Barack Obama s'apprête à décoller de la base d'Amberely, à Ipwich, au Sud-Est de Brisbane, le 16 novembre en Australie |
Mais c'est dorénavant l'heure de vérité pour les grandes puissances du groupe "5+1" (États-Unis, Russie, Chine, Royaume-Uni, France et Allemagne) et l'Iran : ils doivent conclure d'ici au 24 novembre à Vienne un accord garantissant que le programme nucléaire de Téhéran est pacifique, en échange d'une levée des sanctions qui asphyxient son économie.
"Si l'on parvient à un règlement qui empêche l'Iran de pouvoir fabriquer des armes nucléaires, ce sera un succès majeur pour la diplomatie américaine et les relations internationales", pense Alireza Nader, du Rand Corporation de Washington, expert de ce dossier brûlant qui empoisonne la communauté internationale depuis plus de dix ans.
Le "5+1" et Israël soupçonnent depuis 2002 Téhéran de vouloir posséder la bombe atomique, sous couvert d'un programme nucléaire civil. L'Iran dément farouchement.
À une semaine de la date butoir et après un an d'intenses tractations, personne ne se risque à pronostiquer un accord total et définitif pour le 24 novembre. Beaucoup d'analystes, comme Laicie Heeley du Center for Arms Control and Non-Proliferation, pensent même qu'il y aura une "courte prolongation" avec des discussions "techniques" réglant les détails d'un accord-cadre général qui serait annoncé à Vienne.
De fait, il s'agirait d'un véritable succès pour Barack Obama, critiqué de toutes parts pour une politique étrangère jugée trop timorée au Moyen-Orient, deux ans avant de quitter la Maison Blanche.
Trouver une porte de sortie de crise avec l'Iran -la grande puissance de l'Islam chiite- ouvrirait en outre la voie à un rééquilibrage pour les États-Unis dans la région, Washington étant l'allié historique des monarchies sunnites du Golfe.
Les Américains et les Iraniens ont rompu leurs relations diplomatiques en avril 1980. Après trois décennies de rapports exécrables allant jusqu'à des menaces de conflit armé, les deux ennemis ont toutefois repris le dialogue -en secret- à partir de 2011-2012 sur le nucléaire : "Le sujet est devenu le pivot de la relation entre les États-Unis et l'Iran", constate l'ambassadeur John Limbert, qui fut otage à l'ambassade américaine il y a 35 ans.
En marge de ces négociations sur le nucléaire, les deux gouvernements ont élargi leurs échanges à la guerre contre le groupe État islamique (EI) en Irak et en Syrie, les ultra-radicaux sunnites étant aussi les ennemis de l'Iran chiite.