>>Méditerranée : aucune trace des 400 migrants disparus en mer
Ce nouveau naufrage, après celui du weekend qui aurait fait quelque 400 disparus, porte à près de 950, si ces faits sont confirmés, le nombre de morts en Méditerranée depuis le début de l'année.
Un remorqueur italien porte secours à des migrants le 15 avril 2015 à Messine en Sicile. |
À cette quarantaine de disparus, il faut aussi ajouter les douze hommes jetés à la mer mercredi 15 avril, après une rixe d'origine religieuse entre migrants musulmans et chrétiens. Quinze hommes, des musulmans sénégalais, maliens et ivoiriens ont été arrêtés à leur arrivée à Palerme en Sicile, sur la foi du récit de témoins, a annoncé jeudi 16 avril la police italienne.
"Au cours de la traversée, les Nigérians et les Ghanéens, en minorité, auraient été menacés d'être jetés à l'eau par une quinzaine de passagers", a rapporté le communiqué de la police.
Le motif de la colère des agresseurs, a-t-il précisé, "serait la profession de la foi chrétienne par les victimes, au contraire de la foi musulmane professée par les agresseurs. Les menaces se seraient ensuite concrétisées et douze personnes, toutes nigérianes et ghanéennes, auraient succombé dans les eaux de la Méditerranée".
"Les survivants auraient survécu en s'opposant par la force à la tentative de noyade, formant dans certains cas une véritable chaîne humaine", a indiqué la police.
Dans un autre épisode tout aussi dramatique, quatre migrants, tous Africains, ont raconté à leur arrivée à Trapani en Sicile être les seuls survivants du naufrage de leur embarcation, qui transportait au total quelque 45 personnes.
Selon leur récit au personnel humanitaire qui les a accueillis, leur vieux canot pneumatique s'est rapidement dégonflé et a coulé.
Repérés par avion
Repérés par un avion, ils ont pu être sauvés par un navire militaire italien, qui, une fois parvenu sur les lieux, n'a pu récupérer que ces quatre personnes, alors que leur bateau avait déjà totalement sombré.
La Croix-Rouge italienne aide des migrants à leur arrivée à Messine en Sicile le 15 avril. |
Ces drames n'en découragent pas pour autant les migrants, qui restent des centaines à tenter chaque jour de gagner l'Europe depuis les côtes de la Libye, à la faveur du chaos régnant dans ce pays depuis des mois.
Plus de mille d'entre eux ont encore débarqué jeudi 16 avril en Italie, où des municipalités comme Reggio de Calabre ont du mal à gérer l'afflux de naufragés et où les autorités réclament plus d'aide et de solidarité de l'Union européenne.
Jeudi 16 avril, près de 600 personnes sont arrivées à Trapani en Sicile, après avoir été récupérées en mer par les garde-côtes et la marine italienne. Près de neuf cents autres étaient attendues dans deux autres ports siciliens, selon les autorités italiennes.
Le ministre italien des Affaires étrangères Paolo Gentiloni a exprimé sa colère envers l'Union européenne. "Le problème est européen mais le remède est italien, ça ne va pas. La surveillance et les secours en mer pèsent à 90% sur nos épaules", a-t-il déclaré.
Sur le terrain, les responsables locaux avouent parfois leur découragement. Giovanni Muraca, responsable municipal de Reggio de Calabre, reconnaît ainsi devant l'AFP que cette ville en pleine crise économique "a du mal" à relever le défi des migrants.
"Cette situation n'est plus tenable. D'autres vont arriver mais nous ne sommes absolument pas prêts", assure de son côté, Giuseppe Princi de l'association "Nuova Solidarieta", dont le siège a été réquisitionné pour accueillir les migrants malades à Salice, en périphérie de Reggio Calabria.
À l'écart, des migrants embarquent dans des autocars. Somaliens et Erythréens, ils sont très jeunes. Silencieux et visiblement fatigués, ils n'ont pas pris de douche ni changé de vêtement depuis leur arrivée. Plusieurs ont des plaies aux jambes.
Les villes italiennes où ils sont acheminés dans un deuxième temps se disent elles aussi débordées par ces arrivées.