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Manifestation de salariés de Nokia, près de la place de la République à Paris, le 7 octobre. |
Le gouvernement a aussitôt salué ce qu'il estime être une "avancée significative" qui "semble confirmer la volonté de Nokia de privilégier en priorité la France pour ses activités de recherche et développement", selon le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire. Mais pour les syndicats de Nokia, "le compte n'y est pas" même si les nouvelles propositions de l'équipementier constituent une "avancée".
Concrètement, Nokia projette d'ouvrir un nouveau "centre de cybersécurité" à Lannion, qui pourrait "conduire à la création de 112 nouveaux postes d'ici la fin 2021, dont 97 seraient basés à Lannion", indique vendredi 23 octobre l'entreprise dans un communiqué.
"Le second projet consisterait à mettre en œuvre de nouvelles activités autour de la 5G destinées à expérimenter et intégrer les futurs cas d'usage et services de la 5G, ainsi qu'à tester de nouveaux modèles d'affaires", sur les sites de Lannion et Nozay, en région parisienne.
Selon Frédéric Aussedat de la CFE-CGC, "c'est une bonne nouvelle vis-à-vis de Lannion qui permet de diminuer temporairement les départs, mais sur Nozay, c'est du cosmétique".
Pour Philippe Mulot, délégué central CGT à Lannion, "nous sommes loin du compte puisque qu'il resterait 240 postes supprimés sur Lannion et 746 sur Nozay soit 986 postes supprimés" en France.
Des "sujets d'avenir"
Au total, Nokia prévoit de préserver 250 postes initialement prévus pour être supprimés dans le plan social, "atténuant ainsi l'impact global de ce plan, en particulier sur le site de Lannion", une ville de 20.000 habitants qui est l'un des hauts lieux de l'histoire française des télécoms.
Le 22 juin, Nokia avait annoncé un projet de restructuration en France avec 1.233 suppressions de postes, dont 402 à Lannion. Il s'agissait du quatrième plan social depuis le rachat en 2016 d'Alcatel-Lucent par le groupe finlandais. Le gouvernement l'avait qualifié "d'inacceptable en l'état".
Le député LREM des Côtes d'Armor, Eric Bothorel, avait estimé que Nokia se "moquait du monde", en annonçant son "plan à la limite exacte de l'engagement qu'ils avaient pris il y a quatre ans de ne pas licencier et même d'embaucher dans la recherche, qui expirait en juin".
Dans son communiqué vendredi 23 octobre, le ministère de l'Économie et des Finances laisse entendre que les projets industriels de Nokia qui réduiront l'impact du plan social pourraient faire l'objet d'un soutien dans le cadre du plan de relance.
"Il s'agit d'une avancée significative qui confirme que la France demeure une géographie stratégique pour Nokia, sur des sujets d'avenir qui ont été identifiés au cœur des priorités du plan de Relance et bénéficieront d'un soutien à ce titre", indique Bercy.
Pour Loïg Chesnais-Girard, président de la région Bretagne, la décision de Nokia est "importante et positive" et "ouvre des perspectives pour l'avenir du territoire" mais "beaucoup reste à faire".
Au niveau mondial, Nokia est engagé depuis plusieurs années dans une chasse aux coûts pour surmonter des résultats en dents de scie et les effets de la percée du chinois Huawei dans le secteur, et est en train de redresser graduellement sa rentabilité.
Le groupe a enregistré un bénéfice net de 94 millions d'euros au deuxième trimestre 2020 (contre une perte de 193 millions au deuxième trimestre 2019), avec un chiffre d'affaires en baisse de 10,6%, du fait notamment de la crise du COVID-19.
Selon le président de Nokia en France, Thierry Boisnon, "les deux projets actuellement à l'étude" en France "confirment la vision stratégique et l'engagement à long terme de Nokia pour faire de la France un centre d'expertise mondial en matière de R&D dans le domaine des réseaux mobiles avancés et des services de sécurité de nouvelle génération".
AFP/VNA/CVN