Nicaragua: Ortega rejette la demande d'élections anticipées de l'opposition

Le président du Nicaragua, Daniel Ortega, a exclu samedi 7 juillet d'avancer la date des élections comme le réclament ses opposants, qu'il a qualifiés publiquement de "groupe de putschistes" lors d'un rassemblement de ses partisans à Managua.

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Le président Daniel Ortega et sa femme Rosario Murillo, vice-présidente, lors d'un rassemblement de leurs partisans, le 7 juillet 2018 à Managua, au Nicaragua. Photo : AFP/VNA/CVN

"Ici, les règles sont établies par la Constitution", et "on ne peut pas changer les règles du jour au lendemain simplement parce que l'idée en est venue à un groupe de putschistes", a déclaré M. Ortega au cours de cette manifestation de soutien de plusieurs milliers de ses partisans dans l'ouest de la capitale.

C'était la première fois depuis le 30 mai que le président Ortega, confronté à une vague de manifestations au cours desquelles plus de 230 personnes ont été tuées, apparaissait en public.

Si "les putschistes", a dit M. Ortega, "veulent arriver au pouvoir, qu'ils cherchent à obtenir les voix du peuple".

"Nous verrons alors si le peuple donnera son vote aux putschistes qui ont causé tant de destructions ces dernières semaines. Il y aura le temps pour les élections. Chaque chose en son temps", a déclaré le président nicaraguayen.

"Vandales", "délinquants" 

Des partisans du président Daniel Ortega lors d'un rassemblement, le 7 juillet 2018 à Managua, au Nicaragua.

Et M. Ortega a poursuivi ses attaques contre ses opposants et contre les manifestants qui réclament son départ, qu'il a qualifiés de "vandales" et de "bande de délinquants". "Ceux qui sèment la zizanie sèment des tactiques terroristes pour assassiner leurs frères nicaraguayens", a-t-il lancé.


M. Ortega s'adressait à la foule de ses partisans depuis une estrade sur laquelle se trouvait aussi son épouse Rosario Murillo, qui est vice-présidente, devant un monument à la mémoire du défunt président vénézuélien Hugo Chavez, qui fut un allié politique de M. Ortega.
 Mme Murillo, 67 ans, a lancé un avertissement aux opposants. "La justice se chargera des terroristes et de ceux qui financent" les actions commises selon elle contre la paix et la sécurité du pays.
 

L'opposition accuse M. Ortega et son épouse de diriger le Nicaragua comme une dictature marquée par la corruption et le népotisme.
L'Alliance civique pour la démocratie et la justice, coalition de l'opposition qui inclut des secteurs de la société civile, a annoncé une manifestation pour le jeudi 12 juillet et une grève générale pour le vendredi 13.
 

Elle réclame des élections anticipées ou le départ de M. Ortega, un ancien guérillero sandiniste âgé de 72 ans, au pouvoir depuis 2007 après un premier mandat de 1979 à 1990. L'actuel mandat présidentiel de M. Ortega s'achève en principe en janvier 2022.

L'Église catholique, qui a assuré une médiation entre le gouvernement et l'opposition, a proposé que les élections soient avancées de 2021 à 2019. Mais M. Ortega n'a pas répondu à cette proposition.

Dans son discours de samedi, le président sandiniste s'en est pris de manière allusive aux évêques. "Nous devons tous aimer notre prochain", y compris "ceux qui lancent des malédictions et nous condamnent à mort dans nombre d'institutions religieuses", a-t-il dit.

"À bas les putschistes" 

Des partisans du président Daniel Ortega manifestent contre la violence, le 7 juillet 2018 à Managua, au Nicaragua.

Les manifestants pro-Ortega, qui brandissaient des drapeaux aux couleurs du Front sandiniste de libération nationale (FSLN), le parti au pouvoir, ont scandé des slogans comme "À bas les putschistes", "Pas un pas en arrière!", "Reste, mon commandant, reste!", "Nous voulons la paix".

Des marches ont aussi eu lieu dans d'autres villes du Nicaragua.

La manifestation de Managua, partie de la Plaza de las Victorias (la place des Victoires), a abouti au rond-point Hugo Chavez, où se dresse une structure représentant le dirigeant vénézuélien décédé et entourée d'"arbres de vie", des structures métalliques installées sur ordre de la vice-présidente Rosario Murillo.

"Je soutiens le commandant Ortega, le seul qui ait veillé sur les pauvres, contre la droite putschiste qui ment (...). Les encagoulés qui agressent les gens sont des leurs", a affirmé à l'AFP un manifestant, Guillermo Ramirez, un maçon de 43 ans.

Martha Candray, 57 ans, une ancienne militaire, a elle aussi exprimé son soutien au président Ortega. "Je suis une femme révolutionnaire et je défends ma patrie contre la droite putschiste et ses vandales", a-t-elle dit à l'AFP. "Nous les sandinistes, nous sommes des pacifistes, mais s'ils nous cherchent, ils vont nous trouver".

Ces derniers jours, des hommes habillés en civil, encagoulés et lourdement armés, patrouillent avec des policiers anti-émeutes dans plusieurs villes, détruisant les barricades érigées par les manifestants.

Les groupes de défense des droits de l'Homme leur attribuent la plus grande part de la violence qui secoue le pays depuis bientôt trois mois.

Parallèllement, la crise économique ne cesse de s'aggraver. Plus de 200.000 emplois ont été détruits, et la Banque centrale a revu en forte baisse le chiffre prévisible de la croissance, le ramenant de 4,9% à 1%.

AFP/VNA/CVN

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