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Dans le cabinet privé Nhân Ai (Charité). |
07h30. Une vingtaine de malades attendent près du pas de la porte du cabinet Nhân Ai pour bénéficier des soins de l’établissement. Dix occupent déjà chaque lit disponible, où ils reçoivent une cure d’acupuncture.
La maison, vaste et cossue, ainsi que le sourire des propriétaires des lieux, le couple de médecins traditionnels Lê Quy Nguu et Trân Thi Nhu Duc mettent immédiatement les patients en confiance pour leur première consultation.
Sis au 10, rue Nguyên Duy Trinh, à Huê, l’établissement Nhân Ai a été financé par les seules ressources du couple de cinquantenaires. D’un commun accord, ils ont décidé de consacrer leur épargne retraite à cette belle cause : dispenser gratuitement des soins aux personnes dans le besoin de la province de Thua Thiên-Huê et des alentours.
Chaque patient est ausculté avec attention pour trouver la méthode de traitement la mieux adaptée. Il faut compter en moyenne une dizaine de jours pour une cure complète.
«C’est la première fois que j’ai l’opportunité de bénéficier de soins de santé gratuits dans cet établissement confortable», s’extasie Nguyên Thi Nhu, une sexagénaire du district de Phu Vang.
La charité n’a pas de prix
Après la consultation, les patients sont traités par acupuncture pendant une heure et se font prescrire des médicaments fournis - là aussi à titre gracieux - par l’établissement. Des médicaments évidemment conformes aux normes du Service de santé de Thua Thiên-Huê.
«Je vais beaucoup mieux. Grâce au docteur Lê Quy Nguu, je n’ai plus besoin de vendre mes volailles ou d’emprunter de l’argent pour me faire soigner. Pour cela, je lui suis extrêmement reconnaissante», partage Nguyên Thi Nhu, qui souffre d’hypertension artérielle chronique.
Autre exemple avec la sexagénaire Lê Thi Chat, qui vit seule, sans ressources, dans le district de Phong Diên. «Je suis venue ici sur les conseils de mon neveu. Plus de deux mois après le début de la cure, les douleurs que provoquent ma dorsalgie sont nettement plus supportables».
Le Dr Lê Quy Nguu procède aussi à des visites à domicile pour les patients ne pouvant pas se rendre à son cabinet. «Je suis l’aîné d’une famille de neuf frères en situation difficile. Je suis donc bien placé pour comprendre ce que ressentent les malades devant être hospitalisés mais qui, faute d’argent, sont contraints de rester chez eux. C’est cette souffrance qui nous a motivés, mon épouse et moi, à ouvrir cet établissement», partage Lê Quy Nguu. «Cette salle de soins est la réplique de ce que nous avons vu avec ma femme lors d’un voyage en République de Corée», explique-t-il. Et d’ajouter : «Nous ne sommes pas riches, mais nous voulons partager ce que nous possédons pour aider les pauvres à vivre mieux».
Le médecin traditionnel Lê Quy Nguu et ses volontaires. |
Mis en service officiellement en mai 2010 après l’autorisation du Service de la santé de Thua Thiên- Huê, cet établissement accueille tous les jours, de 07h00 à 11h30, des patients souffrant de dorsalgie, de scapulalgie, d’asthénie, etc. Ils sont soignés par ce couple de médecins, épaulés par quatre autres professionnels volontaires. Percevant un salaire mensuel de deux millions de dôngs, ces derniers ont décidé de renoncer à la moitié de leur salaire afin de financer l’achat des médicaments.
«Cet établissement m’a offert l’opportunité d’améliorer mes compétences, en plus de travailler pour la bonne cause», se félicite Nguyên Luong Trung, un des jeunes médecins volontaires.
Cinquante patients par jour
Chaque matin, cet établissement accueille de 30 à 50 patients. «Nous voulons œuvrer pour le bien commun, cultiver les valeurs morales de notre société et donner l’exemple à nos descendants», informe Lê Quy Nguu. «Je veux que mon établissement soit conforme à son nom. Hors de question de demander ne serait-ce qu’un dông à nos patients !» martèle-t-il.
Par ailleurs, Nhân Ai fournit du lait aux patients venus des autres localités pour les aider à combler leurs carences alimentaires, et ce pendant toute la durée du traitement.
L’établissement offre également des soins aux personnes sans ressources issues des minorités ethniques établies dans les provinces frontalières. «Chaque année, nous organisons entre deux et cinq voyages. En plus de leur fournir, pendant une semaine, des soins et des médicaments, nous leur donnons également des aliments et des ustensiles ménagers. Cela représente à chaque fois plusieurs dizaines de millions de dôngs, financés par nous-mêmes et par des parraineurs», informe Lê Quy Nguu.
Le médecin voudrait désormais bénéficier d’assistances financières, de sponsors et de donateurs pour construire une salle supplémentaire de massothérapie afin de pouvoir prendre en charge davantage de patients encore. L’appel est lancé.
Texte et photos : Thanh Tuê/CVN