Le cancer ruine les citoyens d’Asie du Sud-Est

Pour assumer le coût de leur traitement, les patients atteints du cancer dépensent jusqu’à leur dernier sou. Une situation délicate, qui pèse aussi sur le développement socio-économique des pays d’Asie du Sud-Est. Lors d’une conférence fin août à Bali, en Indonésie, les spécialistes ont tiré la sonnette d’alarme.

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Selon l’Institut George, en 2020, environ 12.500 Vietnamiens atteints du cancer décéderont.
Photo : Duong Ngoc/VNA/CVN

L’île de Bali, en Indonésie, a accueilli fin août une conférence sur les problèmes sociaux liés au cancer. Lors de cette réunion, le professeur Mark Woodward, de l'Institut George pour la santé mondiale (The George Institute for Global Health), a présenté les résultats de ACTION STUDY, une enquête qui a permis d’évaluer le coût d’un traitement contre le cancer pour les patients, leur famille et la société, dans huit pays d’Asie du Sud-Est. Au total, 9.513 malades traités depuis un an ont été interrogés. Parmi eux, 20% sont Vietnamiens (soit 1.916 personnes). Résultat : quelque 50% tombent dans l’indigence, ayant dépensé trop d'argent pour payer leurs soins ; environ 29% sont morts dès la première année après la découverte de la maladie.

Jusqu’à 80.000 USD/an pour le traitement

Le professeur Nirmala Bhoo-Pathy, de l’Université de Malaya, en Malaisie, a relevé qu’une femme ayant le cancer du sein devait généralement débourser 15.000 dollars par an (près de 340 millions de dôngs) pour se faire soigner. Or, le produit intérieur brut (PIB) par habitant des pays d’Asie du Sud-Est se monte à environ 3.553 dollars (quelque 79 millions de dôngs). Impossible de faire face.

«Le montant des soins médicaux dépend de chaque type de cancer. Des patients ayant participé à l'étude ACTION ont dû dépenser jusqu’à 80.000 dollars par an, soit des centaines de fois le salaire minimum des habitants de la région», a ajouté le professeur Hasbullah Thabrany, de l’Université d’Indonésie.

En Asie du Sud-Est, une femme ayant le cancer du sein doit payer environ 15.000 dollars par an (près de 340 millions de dôngs) pour son traitement.
Photo : Phuong Vy/VNA/CVN

Selon les prévisions du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), en 2015, parmi les 14.000 nouveaux cas de cancer au Vietnam, 10.600 personnes ne réussiront pas à venir à bout de la maladie. En 2020, environ 12.500 Vietnamiens en mourront.

Selon l’Institut George, les gouvernements des pays d’Asie du Sud-Est, notamment le Vietnam, doivent agir de manière urgente pour aider les patients à mieux combattre le cancer et éviter qu’ils ne tombent dans l’indigence.

Dépistage du cancer plus précoce

Si le cancer est une épreuve difficile pour le patient et sa famille, la maladie influence aussi négativement le développement socio-économique d’un pays. «Les frais inhérents au traitement de maladies non transmissibles comme le cancer sont l’une des sources principales de pauvreté en Asie du Sud-Est», a illustré le professeur Woodward.

Selon le rapport du CIRC, en 2012 et au niveau mondial, 8,2 millions de patients atteints du cancer sont décédés. Le surnom donné à cette maladie : «Le plus grand assassin de la planète».

Les spécialistes de l’Institut George ont appelé les gouvernements à soutenir financièrement les patients, grâce à des assurances et des soins médicaux de qualité. Une solution efficace pour réduire les frais de la thérapie et augmenter leur taux de survie.

«D’après les statistiques d’ACTION STUDY, près de 88% des patients voient leur cancer dépisté alors qu’ils sont déjà passés de la deuxième en troisième ou quatrième phase. Seulement 12% des patients ont la chance de découvrir leurs maladies durant la première phase. Si le cancer était dépisté plus tôt, le traitement serait plus efficace et les coûts moindres», a analysé le professeur Bhoo-Pathy. Et le professeur Thabrany d’ajouter que «cancer n’est pas synonyme de mort s’il est identifié à temps».

En Indonésie, le gouvernement a déployé un programme de dépistage du cancer. Les habitants sont encouragés à consulter dans les dispensaires locaux. Les autorités mettent aussi un point d’honneur à améliorer la couverture médicale des malades. Si le gouvernement n’agit pas, le cancer sera un frein au développement socio-économique de chaque pays. Et le Vietnam ne sera pas épargné.

Ngoc Yên/CVN

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