Né dans la province de Lâm Dông (hauts plateaux du Centre), d’une famille de pratiquants d’arts martiaux depuis quatre générations, Nguyên Trân Duy Nhât fait connaissance avec les arts martiaux traditionnels dès sa plus tendre enfance. Son père, le boxeur Nguyên Trân Diêu et sa mère, la boxeuse Minh Anh Ngoc - tous deux détenteurs du titre de «Champion national des arts martiaux» - étaient et sont encore aujourd’hui très respectés dans le milieu. C’est à six ans que Duy Nhât débute ce sport de combat. Héritant du feu sacré de ses parents, le garçon se donne corps et âme aux entraînements, faisant preuve d’une énergie, d’une volonté et d’une assiduité rares chez un enfant.
Le boxeur Nguyên Trân Duy Nhât aux Championnats d'Asie de muya-thai -2012 |
Photo : CTV/CVN |
À 14 ans, il monte pour la première fois sur un ring, devant un jury et le public. Son style de combat, qui mêle vitesse, technique et précision, révèle rapidement le talent du jeune boxeur amateur, intraitable lors des compétitions d’arts martiaux locales. Jamais il n’aurait imaginé cependant qu’un jour, il deviendrait professionnel ! À cette époque, les arts martiaux n’étaient pour lui qu’un moyen d’assouvir une passion et d’être en forme sur le plan physique et psychique...
Se vaincre soi-même pour vaincre l’adversaire
En 2007, Duy Nhât quitte ses montagnes natales pour la vie estudiantine de Hô Chi Minh-Ville, précisément à l’Université des sports. Après un an d’études générales, vers fin 2008, la vie de Duy Nhât prend un tournant à 90°. Il apprend que la ville entame une «opération recrutement» pour une sélection junior de muay-thai, un discipline dont il n’avait eu vent que sur… Internet. Soutenu par la famille et ses amis, Duy Nhât n’a pas hésité une seconde pour s’inscrire. «Quelle joie cela a été lorsque j’ai vu mon nom sur la liste des lauréats ! Sur la centaine de candidats, seuls cinq ont été retenus», se souvient-t-il.
Nguyên Trân Duy Nhât et sa joie de la victoire. |
Mais le plus dur commençait, les premières sessions d’entraînement étant un enfer. «J’avais mal partout ! Aux jambes surtout, boursouflées, pleines de bleues et tellement douloureuses ! Des fois, j’ai vraiment eu envie de tout plaquer. Heureusement que mon père était là ! Dans un moment de doute, il m’a dit : +On doit se vaincre soi-même avant de pouvoir vaincre l’adversaire+», confie le combattant.
Après un mois d’entraînement à Hô Chi Minh-Ville, l’équipe a été envoyée en Thaïlande - la Mecque du muay-thai - pour un stage intensif de 50 jours. L’occasion pour Duy Nhât de côtoyer de vraies pointures, d’apprendre des techniques professionnelles et de découvrir une discipline pour lui d’une beauté sans pareil.
«Le muay-thai est une discipline de puissance. Sa pratique exige courage, énergie et patience. Une fois que le +virus+ vous attrape, on s’en donne à cœur joie lors des entraînements. C’est le muay-thai qui m’a donné cette force et cette confiance en moi-même», affirme le jeune boxeur, intarissable sur le sujet.
Triple champion du monde en titre
L’année 2009 a vu Duy Nhât gravir les échelons vers les sommets quatre à quatre, marquant ses débuts dans la sélection vietnamienne pour les compétitions internationales. «Être appelé à défendre les couleurs du pays sur l’arène internationale a été pour moi un bonheur intense. Depuis, je ne désire qu’une chose : couvrir de gloire notre pays !», clame-t-il. Aux championnats d’Asie de muay-thai organisés cette année-là, en Thaïlande, il a décroché la médaille d’argent des moins de 60 kg, battu seulement aux points, en finale. Malgré la défaite, un champion était né !
Et quel champion ! Jugez plutôt : médaille d’or au tournoi post-Indoor Games, avant de devenir un mois après le vainqueur du tournoi Indoor Games 3, organisé au Vietnam : «Je n’oublierai jamais ce grand moment d’émotion et de fierté lorsque, sur la plus haute marche du podium, j’ai reçu la médaille d’or puis entendu l’hymne national du Vietnam qui résonnait pour moi !».
Seule fausse note, l’argent décroché aux SEA Games 2009 (Jeux de l’Asie du Sud-Est) organisés au Laos, quoique imputable à un juge d’une intégrité douteuse qui n’a pas estimé bon de comptabiliser les coups pourtant flagrants de notre champion en finale…
Une déception vite digérée, car depuis, c’est un sans-faute ! En mars 2010, Duy Nhât conquiert la médaille d’or et la Coupe «Meilleur combattant des Championnats du monde de muay-thai» remises par le comité d’organisation, lors des deux championnats parallèles, le premier réservé aux sportifs amateurs, le second aux semi-professionnels. Une couronne qu’il défend depuis maintenant trois ans, lui qui est invaincu sur toutes les compétitions internationales et régionales qu’il a disputées. Son dernier fait d’armes remonte aux Championnats d’Asie de muay-thai, organisés en juin 2012 à Hô Chi Minh-Ville avec la participation de centaines de combattants venus des 15 pays d’Asie, où il a triomphé de tous ses adversaires une fois de plus. Gageons que cette magnifique série se poursuivra longtemps encore, le sport vietnamien ayant bien besoin de figures sportives de sa trempe !
Qu’est ce que le muay-thai ?
Le muay-thai de haut niveau, ou de compétition, demande aux pratiquants de bonnes capacités cérébrales et mentales (vision de jeu, intelligence, détermination, volonté, courage…) et de fortes habiletés techniques (souplesse, vitesse, réactivité, puissance musculaire…).
Nghia Dàn/CVN