Mostra de Venise : Les femmes à l’honneur au premier jour de compétition

Les trois films présentés au premier jour de la compétition pour le Lion d’or à la 70e Mostra de Venise mettent en vedette des femmes. De fait, bien que radicalement différents, ces trois films semblent tous traversés d’un thème bien actuel.

Tracks de John Curran, retrace l’histoire de Robyn Davidson qui en 1977, à l’âge de 27 ans, traversa seule l’immensité des déserts australiens avec pour seule compagnie son chien et quatre chameaux. 

Une scène du film +Tracks+ de John Curran. Levif.be/CVN

Via Castellana Bandiera de la metteur en scène/actrice italienne Emma Dante, oppose au volant de leur voitures deux femmes aux caractères bien trempés dans une petite rue de Palerme. Cette guerre d’usure ayant pour seul enjeu de ne pas céder le passage à la voiture de l’autre.

Et finalement Die Frau des Polizisten de Philipp Grönig ausculte patiemment l’évolution de la relation d’un jeune couple qui semble avoir tout pour être heureux mais qui lentement s’enfonce dans la violence.

À priori les préoccupations des ces trois films ne semblent pas similaires, l’un est une comédie italienne l’autre une reconstitution de faits réels et le troisième un drame allemand. Pourtant, en filigrane, se dessine la question de la femme. En effet, dans les deux premiers films, les femmes tiennent les rôles centraux et ce sont les hommes qui gravitent autour d’elles.

Dans Via Castellana bandiera il s’agit de deux femmes fortes et têtues lancées -à la manière des hommes pourrait-on dire- dans une lutte sans merci pour sauver leur fierté. Les hommes quand à eux s’énervent et perdent leur sang froid face à ce duel qui les exclut et décident donc d’organiser un pari pour tirer profit de la situation. Dans Tracks, Robyn Davidson se lance seule à l’aventure, au mépris de toute préoccupation quant au confort ou au danger. 

L'affiche du film +Via Castellana Bandiera+ . Photo: Davingtodo.com/CVN

Le fait mérite d’être relevé car il est plutôt rare au cinéma de voir ce genre de rôle joués par des femmes. De Easy rider à Brokeback mountain en passant par Into the wild, au cinéma les grands espaces sont plutôt réservés aux hommes.

Dans le choix de ces deux films transparaît la volonté de porter à l’écran des femmes indépendantes, audacieuses. Revendiquant l’égalité par rapport aux hommes, elles n’hésitent pas à s’approprier leurs territoires, leurs prés-carres.

Die Frau des Polizisten en revanche aborde la question de la femme par l’angle opposé, celui de la réalité silencieuse de la violence conjugale. Christine est enfermée dans son rôle de femme au foyer, elle ne parcourt pas les grands espaces, elle éduque sa fille. Le schéma est classique mais Philipp Grönig refuse le manichéisme et parvient tout de même à montrer la résistance de Christine. Malgré que la fin soit tragique, tout au long du film la jeune maman déploie une énergie impressionnante pour épargner sa fille. La force de son amour la maintient dans sa volonté de sauver l’âme de sa fille, de la faire croître malgré la violence mais aussi de la protéger. 

La décision délibérée du directeur de la 70e Mostra de Venise de projeter ces trois films en compétition dans la même journée pose la question de la femme au XXIe siècle mais également celle des rôles féminins au cinéma. Comme le disait Bernardo Bertolucci lors de la cérémonie d’ouverture, la question n’est pas de savoir si le cinéma peut influencer le monde mais plutôt comment le cinéma fait le monde.

Bernardo Bertolucci l’avait annoncé lors de la présentation du programme du festival, la sélection se penche cette année sur les différentes crises de notre monde.

AFP/VNA/CVN


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