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M. Thiên est invité très souvent à traduire des livres anciens en han (idéogramme chinoise). |
Photo : CTV/CVN |
«La famille de monodactyles». C’est l’expression qu’utilisent les habitants locaux pour désigner la famille de Nguyên Tiên Thiêu, 78 ans, domicilié dans le village de Hoàng Ly, province septentrionale de Hà Nam.
Aîné d’une famille de huit enfants (quatre filles et deux garçons), Nguyên Tiên Thiêu et son petit frère sont tous deux atteint de monodactylie bilatérale congénitale ainsi que d’une malformation des orteils (deux orteils à chaque pied).
Heureusement, ses deux sœurs ont réchappé à cette malformation. «Il s’agit d’une anomalie congénitale transmise par mon père. Heureusement, mes deux sœurs ont été épargnées. Il n’y a que mon frère et moi qui y ont eu droit. Cette malédiction nous poursuit encore aujourd’hui, à la 3e génération de ma famille. Deux de mes sept enfants - une fille et un fils - et un des deux fils de mon frère sont nés ainsi», soupire l’infortuné.
Le talent au dessus de tout
M. Thiêu et son frère se sont rendus à plusieurs reprises dans des hôpitaux et des établissements de médecine traditionnelle. Ces derniers ont également eu l’opportunité d’être diagnostiqués par des experts étrangers. Plusieurs équipes médicales et scientifiques se sont également rendues chez le jeune homme pour des consultations poussées, en vain.
Dans un premier temps, cette anomalie de la famille de M. Thiên a fait l’objet de commérages et de moqueries. Mais il a décidé de faire la sourde oreille. «Malgré ce handicap, j’ai fourni beaucoup d’efforts pour être considéré comme une personne normale qui peut faire des choses normales. J’ai également dit à mes deux enfants de ne jamais perdre leur amour propre et leur estime de soi et qu’il leur est nécessaire de redoubler d’efforts pour pouvoir combler les lacunes corporelles», confie le père.
Et maintenant, un peu de couture. |
Avec le temps, les villageois et locaux ont laissé les médisances au placard pour ne porter leur attention que sur son aptitude dans la vie quotidienne qui est dorénavant admirée.
Un homme aux multiples talents
En effet, M. Thiên est un homme aux multiples talents. Diplômé de l’Université de langues étrangères de Hanoï, il est devenu enseignant en langue chinoise dans un lycée de la province. Il est également réputé pour ses traductions d’anciens livres et de registres généalogiques en han (idéogramme chinois) et excelle notamment dans l’art de la calligraphie.
Dans la vie quotidienne, il en a surpris plus d’un notamment des villageois. «C’est extraordinaire ! Il peut pédaler, conduire une moto, tailler des plantes d’agrément et même manipuler le pinceau et l’aiguille», vante un voisin de M.Thiên.
Tailleur de bonsaïs, et pourquoi pas ? |
À propos de ses enfants, sa fille Nguyên Thi Huong, 41 ans, est enseignante. Son fils benjamin, Nguyên Tiên Dat (18 ans), est en classe de terminale. Il vise l’an prochain l’École des beaux-arts de Hanoï.
Son frère Nguyên Van Tuân, 75 ans, est actuellement commerçant de plantes d’ornement. Il s’occupe lui-même du taillage et du courbage dans sa ferme. Le fils de Nguyên Van Tuân, 30 ans, est, quant à lui maçon. Tout deux sont également capables de se débrouiller seuls en ce qui concerne les activités personnelles et quotidiennes. Qui a parlé de handicap ?
Linh Thao/CVN