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Clarisse Agbegnenou en or dans la catégorie des -63 kg aux Mondiaux de Tokyo après sa victoire sur la Japonaise Miku Tashiro, le 28 août. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Déjà couronnée en 2014, 2017 et 2018, Agbegnenou dépasse désormais le trio tricolore composé de Lucie Décosse, Gévrise Emane et Brigitte Deydier, titrées elles à trois reprises.
"C'est plus qu'elles alors que je les voyais déjà incroyablement haut, je suis honorée", salue-t-elle au micro de la chaîne L'Equipe.
Agbegnenou rejoint le poids lourd David Douillet, lui aussi sacré quatre fois, entre 1993 et 1997. Seul l'incontournable Teddy Riner caracole loin devant, avec ses dix titres de champion du monde conquis entre 2007 et 2017.
"En commençant le judo, je n'aurais jamais imaginé ça... Si on m'avait dit: +Clarisse, tu paries que tu gagneras déjà une fois, d'accord, mais quatre fois, j'aurais dit ça ne va pas dans votre tête ?+", sourit la voix encore tremblante d'émotion celle qui est également double vice-championne du monde (2013 et 2015).
Lancée vers les JO-2020
Au-delà de la portée historique pour le judo français de cette quatrième étoile - qui viendra désormais orner son judogi -, ce nouveau sacre lance idéalement la vice-championne olympique 2016 et quadruple championne d'Europe vers les JO-2020 dans la capitale japonaise l'été prochain.
N°1 mondiale de sa catégorie, Agbegnenou est désormais invaincue depuis vingt mois. Sa dernière défaite remonte à mi-décembre 2017, justement contre Tashiro (en demi-finales du Masters).
Depuis son revers en finale olympique il y a trois ans, la combattante française a raflé tout ce qui compte ou presque: or mondial en 2017, 2018 et 2019, et or européen en 2018 et 2019. Seul celui millésimé 2017 lui a échappé, à cause d'une blessure survenue en cours de compétition.
Sur les tapis du Nippon Budokan, la salle située en plein cœur de Tokyo qui accueillera les épreuves olympiques de judo dans onze mois, Agbegnenou a d'abord survolé la première partie de la compétition. Pour rallier le dernier carré, elle a expédié deux de ses premiers combats en moins de quinze secondes (contre Schlesinger et Liao), et le troisième en à peine plus d'une minute (contre Awiti Alcaraz).
"Pas volée"
Clarisse Agbegnenou (droite) et son adversaire japonaise Miku Tashiro épuisées après leur combat en finale des Mondiaux de Tokyo, le 28 août. |
Photo: AFP/VNA/CVN |
La finale face à Tashiro, N°3 mondiale et déjà vice-championne du monde sortante, a en revanche été un duel harassant et irrespirable: pénalisée deux fois, contre une pour son adversaire nippone, Agbegnenou a fini par faire tomber Tashiro après plus de sept minutes dans le golden score, la prolongation après les quatre minutes réglementaires de combat, pour s'imposer par waza-ari. Ce qui lui a immédiatement arraché - comme à sa rivale, elle aussi au bout de l'effort - des larmes.
"Ça a été très, très dur, je suis tellement contente de l'avoir fait. Je suis toujours celle qui est attendue, et là, j'y suis vraiment allée avec mes tripes, au bout du bout", raconte Agbegnenou.
"J'ai réussi à aller la chercher alors que c'était dur, que je sais qu'on attend juste de me hacher la tête. Mais je ne lâche pas même quand c'est dur, la quatrième (étoile), je ne l'ai pas volée, je suis fière de moi", poursuit-elle.
"Les sept minutes de golden score, je vais m'en rappeler toute ma vie. Tashiro, je l'attends, je l'attendais et je l'attendrai. Aux Jeux, je sais à quoi m'attendre, c'est bien d'avoir une bonne préparation comme ça, surtout mentalement", se projette-t-elle.
Au quatrième jour de compétition, Agbegnenou offre au passage aux Bleus leur première médaille de la semaine tokyoïte. Côté messieurs, Alpha Djalo (-81 kg) est lui tombé dès son deuxième combat.