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Le champion du monde de cyclisme sur route, le Français Julian Alaphilippe (centre) lors des championnats de France à Cholet le 26 juin. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Si le cyclisme est d'abord un sport de costauds, ce n'est pas toujours celui qui appuie le plus fort sur les pédales qui l'emporte. La science de la course, l'audace mais aussi la tactique d'équipe jouent un rôle prépondérant, surtout dans le contexte des sélections nationales, inhabituel pour des coureurs qui sont, pour la plupart, concurrents à l'année.
A ce petit jeu, Voeckler a pris l'habitude de régaler, avec deux leçons de tableau noir pour propulser Julian Alaphilippe au titre mondial, en 2020 à Imola (Italie) et en 2021 à Louvain (Belgique). "La manière dont a couru l'équipe de France ces dernières années, c'est juste brillant", résume Romain Bardet.
Les deux fois, Voeckler a lancé des coureurs à l'attaque de très loin pour semer la pagaille et poser des leurres en donnant l'impression de griller prématurément ses cartouches. "Je voulais qu'on nous prenne pour des fous", disait-il après Imola.
Maillot de bain
Souvent, la guerre psychologique commence même bien avant la course. L'année dernière, il a ainsi accueilli Alaphilippe en maillot de bain, conscient que la photo allait trouver son public, pour faire croire aux adversaires qu'il était venu "en touriste".
Rien de tel pour l'instant à Wollongong, malgré la magnifique plage qui s'étire à quelques mètres du centre de vacances pour surfeurs où loge la délégation française et où il finalise, dans le plus grand secret, son plan pour dimanche.
Mais la partie de poker a sans doute déjà commencé avec la sélection de Benoît Cosnefroy dont le rappel, dans des conditions restées obscures, ressemble bien à une ruse préméditée. "Il adore ce genre de coups", se marre un membre de l'encadrement. "On a décidé de préserver Benoît sans communiquer dessus pour qu'il ne soit pas trop embêté niveau médias", se borne à dire le sélectionneur.
Pour la course, l'équation s'annonce particulièrement compliquée cette année avec l'incertitude entourant la forme de Julian Alaphilippe qui n'a plus couru en course depuis le 31 août et sa chute à la Vuelta. "Je suis un des leaders mais je ne suis pas leader unique et ça me va très bien", a dit le double tenant du titre mercredi 21 septembre.
Avec Cosnefroy, en grande forme comme l'atteste sa récente victoire au GP de Québec, Voeckler dispose d'un puncheur au profil similaire qui excelle sur un parcours accidenté comme celui de dimanche.
"Très peu de mérite"
Mais l'équipe de France, d'une grande homogénéité, possède d'autres atouts. Comme le vice-champion du monde 2018 Romain Bardet, excellent quand ça monte. Christophe Laporte, bras droit de Wout van Aert chez Jumbo-Visma et capable de régler un petit groupe au sprint. "Je suis un coureur rapide et on peut jouer là-dessus, on a vraiment plusieurs cartes à jouer", insiste-t-il.
Ou encore comme Valentin Madouas, brillant sur le Tour de France et qui vient de remporter deux étapes sur le Tour de Luxembourg. "Si j'ai l'occasion de saisir une opportunité, je la saisirai. Et si je dois me sacrifier pour le collectif, je le ferai sans hésiter aussi", dit-il, avant d'ajouter : "on va avoir un briefing qui sera très intéressant".
La grande séance de tableau noir est prévue pour samedi 24 septembre. En réalité, Thomas Voeckler échafaude son projet depuis des mois, notamment lors de ses sorties en vélo chez lui en Vendée. Mais il ne faut pas compter sur lui pour semer des indices. "Vous n'en saurez rien", dit-il d'un air gourmand. Tout juste l'ancien maillot jaune du Tour de France se contente-t-il de dire qu'il a "une très belle équipe sur le papier", "peut-être la plus complète" qu'il a jamais eue.
Quant à son propre rôle, il réfute l'appellation de faiseur de champion du monde. "J'ai très peu de mérite. Il revient aux coureurs parce que ce sont eux qui appuient sur les pédales, pas moi", assure-t-il.
AFP/VNA/CVN