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Le milieu de terrain brésilien Lucas Paqueta. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Peu de gens en dehors du Brésil le savent, mais Paqueta n'est pas son nom de famille. C'est le nom de la petite île où il a grandi, dans la baie de Rio de Janeiro.
Avec ses demeures anciennes de style colonial, ses chemins de terre et sa végétation tropicale luxuriante, Paqueta est un lieu prisé par les touristes et habitants de Rio voulant fuir l'agitation de la mégalopole.
À Paqueta, il n'y a pas de voiture. On se déplace à vélo ou dans des carrioles à pédale.
Pour se rendre dans le hameau de 3.000 habitants qui est officiellement un quartier de Rio, il faut prendre un ferry depuis le quai situé en plein centre-ville.
La traversée dure environ une heure, et offre une vue imprenable sur le Pain de sucre et le Christ Rédempteur du Corcovado, qu'on voit s'éloigner petit à petit en s'approchant de la petite île au charme désuet.
"Super pied gauche"
Cette traversée, le jeune Paqueta, de son vrai nom Lucas Tolentino Coelho de Lima, l'a faite tous les jours de 9 à 11 ans, pour aller s'entraîner à Flamengo, le club le plus populaire du Brésil. C'est là qu'il a fait ses débuts professionnels à 19 ans, en 2016.
Mais ses premiers pas sur un terrain de foot, ils les a faits au Municipal Futebol Clube de Paqueta, où son grand-père avait été entraîneur d'équipes jeunes et où son père avait disputé des tournois amateur.
"Quand il avait cinq ans, il venait déjà avec nous au club, il tapait dans le ballon contre le mur des vestiaires", raconte Irakitan Velloso de Almeida, son tout premier entraîneur en poussins.
"Rien que dans sa façon de frapper dans la balle, on voyait qu'il avait du potentiel. Il avait déjà un super pied gauche" poursuit ce coach bénévole de 50 ans, qui gagne sa vie comme policier municipal.
"Je veux être comme lui quand je serai grand, c'est une inspiration pour tout le monde ici", dit Nicolas Rabelo, 12 ans, qui porte fièrement le maillot rouge du club, sur le même terrain où le milieu de la Seleçao a joué avec des crampons pour la première fois.
Le petit "Luquinha", comme il était surnommé à l'époque, arpentait dès 7 ans la pelouse du stade du Municipal Futebol Clube, doté d'une vieille tribune de ciment à la peinture rouge et blanche défraichie.
"Exemple de réussite"
La maison où le numéro 11 de West Ham a grandi se trouve à 200 m du stade, dans la même rue.
Une modeste demeure, avec les chambres à l'étage. Au rez-de-chaussée, le salon de coiffure de sa grand-mère et l'atelier de menuisier de son grand-père.
Ces deux grands-parents, dont il était très proche, sont décédés récemment, et la maison est occupée actuellement par une de ses tantes.
"Son père était militaire. Ils n'étaient pas pauvres, mais ils avaient parfois du mal à joindre les deux bouts", révèle Irakitan Velloso de Almeida.
C'est son grand-père qui l'amenait tous les jours sur le continent pour aller s'entraîner à Flamengo.
"Ils partaient vers midi, après l'école, et rentraient tard le soir, par le dernier ferry. Souvent, ils mangeaient juste un sandwich, parce que ça coûtait trop cher de manger au restaurant", explique son premier entraîneur.
"Lucas, c'est une idole ici et surtout un exemple de réussite. Il a traversé les mêmes difficultés que les autres insulaires qui dépendent du ferry pour aller travailler sur le continent", insiste-t-il.
Mais le fait de grandir sur une île présente aussi des avantages: "ici, les gamins sont prédisposés à faire du sport, ils sont tout le temps dehors, ils vont à l'école en vélo, nagent dans la mer, grimpent aux arbres..."
Problèmes de croissance
Les enfants jouant au football sur l'île de Paqueta dans la baie de Guanabara à Rio de Janeiro, le 18 août. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le jeune Lucas a finalement déménagé sur le continent avec ses parents à 11 ans, mais d'autres obstacles se sont mis en travers de son chemin.
À 15 ans, son talent était indéniable, mais il ne mesurait qu'1,53 m.
"Il a dû s'entraîner à part et prendre des suppléments alimentaires. Son père nous parlait de ses problèmes de croissance, c'était une période difficile", raconte Wilton José Emilio Gomes, dit "Kiko", vice-président du Municipal Futebol Clube.
"Kiko" garde comme une "relique" des crampons offerts par le joueur, ceux qu'il avait aux pieds quand il avait marqué son premier but en sélection, en 2019, contre le Panama.
Heureusement, le petit "Luquinha" a gagné près de 30 cm en trois ans et a fait les beaux jours de Flamengo, avant de jouer à l'AC Milan, à l'Olympique Lyonnais et désormais à West Ham.
"C'est génial de voir un gars qui a grandi avec nous briller comme ça. C'est la fierté de l'île. On va tous se rassembler pour voir ses matches de Coupe du monde sur écran géant", dit Jardes Nascimento, 24 ans, qui était dans sa classe en CE1.
AFP/VNA/CVN