Ce réseau était dirigé par un Algérien, Mohamadou Lamine Fofana, qui faisait l'objet d'une enquête depuis environ trois mois, a indiqué le 2 juillet le procureur Marcos Kac, en charge de l'enquête. Outre M. Fofana, 10 personnes soupçonnées d'appartenir à cette organisation ont été interpellées à Rio et Sao Paulo, dans le cadre de ce coup de filet baptisé "Opération Jules Rimet", du nom de l'ancien président français de la FIFA a et initiateur de la Coupe du monde.
Le frère et agent du célèbre footballeur brésilien Ronaldinho Gaucho, Roberto de Assis Moreira, sera appelé à s'expliquer dans le cadre de cette enquête, a également indiqué le parquet de Sao Paulo.
Des fans cherchent des billets pour voir le match entre l'Angleterre et l'Uruguay à Sao Paulo, le 19 juin. Photo : AFP/VNA/CVN |
Le frère de Ronaldinho "a dit à certains de ses amis qu'il pouvaient acheter des billets via ce système" pour assister à des matches dans des tribunes VIP, a déclaré M. Kac.
"Si nous établissons une relation avec le groupe, si nous constatons qu'il a collaboré, alors il serait impliqué. Pour l'instant il ne l'est pas", a précisé le procureur.
Le quotidien brésilien O'Dia a publié mercredi 2 juillet sur son site la transcription d'une écoute téléphonique autorisée par la justice, dans laquelle le frère de Ronaldinho demande à M. Fofana s'il a bien reçu un appel d'amis à lui qui cherchaient des places.
1.000 billets par match
Lors de cette même conversation, datant du 17 juin, M. Fofana propose également de jouer l'intermédiaire auprès des dirigeants du Qatar et de Dubaï pour favoriser l'éventuel transfert de Ronaldinho vers un club d'un de ces Émirats.
Ronaldinho joue actuellement à l'Atletico Mineiro, au Brésil. Selon la police civile brésilienne, le trafic portait sur la revente de billets fournis à titre gracieux par la FIFA à des parraineurs, des fédérations, des ONG ou des joueurs.
"La bande facturait beaucoup d'argent pour chaque match. Elle vendait environ mille entrées par match avec un prix de base de 1.000 euros pour chacune", a expliqué M. Kad.
D'après ce journal, ce système frauduleux aurait fonctionné durant les quatre dernières Coupes du monde, générant aux alentours de 200 millions de réais par compétition, soit environ 70 millions d'euros. Le procureur a expliqué que certaines des places saisies étaient à l'origine destinées aux fédérations du Brésil, d'Argentine et d'Espagne. "Nous enquêtons sur cela", a-t-il encore déclaré. "Nous avons également des soupçons sur le fait qu'ils avaient des contacts avec quelqu'un de la FIFA. Nous sommes en train d'enquêter là-dessus", a ajouté le procureur.
La vente s'opérait via trois entreprises de tourisme de Copacabana (zone sud de Rio) qui ont été fermées par la police.
Dans un communiqué publié mercredi soir 2 juillet, le directeur du marketing de la FIFA Thierry Weil a rappelé son opposition à toute forme de vente illégale de billets. "Concernant l'opération Jules Rimet, la FIFA est en attente d'informations détaillées (...) pour déterminer l'origine des billets saisis et, en collaboration avec les autorités locales, prendre les mesures adéquates", a-t-il souligné.
Malgré d'interdiction de la vente parallèle, plusieurs journalistes ont assisté à des opérations de revente autour des stade au Brésil. Mardi 1er juillet, avant la rencontre Argentine-Suisse (1-0) à Sao Paulo, le billet se négociait autour de 1.200 euros. La police brésilienne a déjà arrêté plusieurs dizaines de revendeurs depuis le début du Mondial.
AFP/VNA/CVN