"Mon rêve au Vietnam, c’est de développer la recherche", selon Nguyên Trân

Le Français d’origine vietnamienne Nguyên Trân, ou Trân Ngoc Phuong Nguyên en vietnamien, est maintenant professeur à la Faculté de médecine de Nancy et également directeur de l’École de chirurgie de Nancy-Lorraine.

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Le Français d’origine vietnamienne Nguyên Trân.

À l’occasion de son retour dans son pays d’origine, il nous a accordé une interview pour nous parler de certaines hautes technologies appliquées dans la chirurgie en France tout en proposant aux jeunes chirurgiens vietnamiens quelques bourses de l’École de chirurgie.

En 2006, quand on a monté l’École de chirurgie, on avait 20-40 inscrits. Maintenant, on est à 1.200 inscrits. Et pour ces 1.200 inscrits, tous les ans, nous mettons en place des systèmes d’aide de bourse, de financement permettant à certains nombres de chirurgiens qui puissent nous rejoindre sous forme de collaboration. Actuellement, nous avons beaucoup de collaborations avec les Chinois et moi, étant donné que je viens du Vietnam, je souhaite développer cette filière permettant aux jeunes chirurgiens vietnamiens de bénéficier de quelques bourses de l’École de chirurgie pour apprendre la chirurgie.

À ce jour, combien de Vietnamiens ont suivi votre formation ?

Trop peu, malheureusement. Depuis ces cinq dernières années, on accueille à peu près un chirurgien par an. C’est peu. J’aurais bien aimé qu’on puisse en avoir un peu plus.

Que pensez-vous du savoir-faire des chirurgiens vietnamiens ?

Je pense que pour nous rejoindre, bien sûr qu’il faut savoir parler français. Ça c’est sûr, pour mieux apprendre et appréhender les nouvelles technologies qui se dispensent en langue française. D’un autre côté, votre question est comment je trouve les chirurgiens vietnamiens. Je pense qu’ils sont bien formés en général. Les jeunes que je vois arriver, ils ont une bonne base. Maintenant, dans des nouvelles technologies comme le robot ou les chirurgies mini invasives, ils ont peut-être besoin d'une collaboration avec nous pour leur permettre de mieux appréhender ces nouvelles technologies.

Nguyên Trân (droite)

En quoi consiste la formation de chirurgie avec le robot ?

La formation en chirurgie avec le robot, c’est une formation entre deux semaines et six mois. Cela dépend de la progression du candidat. La chirurgie du robot, c’est une chirurgie "Télémanipulatrice". À partir de là, c’est une chirurgie mini invasive dans laquelle le chirurgien télécommande les bras du robot qui reproduit les mouvements des chirurgiens pour permettre de réaliser des gestes de plus en plus fins à l’intérieur du corps du patient. Cette technique a été démarrée à la fin des années 90, début 2000. Et actuellement, cela marche très bien au États-Unis. En France, en l’an 2000, on en avait peut-être que deux robots. Là, il y en a un peu plus de 70-80 partout en France. C’est donc une chirurgie qui est appelée à devenir de plus en plus visible et effective dans les années qui viennent.

Pourriez-vous nous parler de vos activités au Vietnam maintenant ?

Actuellement, je suis invité par un certain nombre de collègues vietnamiens pour évaluer avec eux un programme de formation qu’on appelle par "simulation chirurgicale". Avant, en France, on pouvait apprendre la chirurgie directement sur le patient. Maintenant, à l’École de chirurgie, ce qu’on fait, c’est qu’on met en place des patients numériques - des patients virtuels - qui permettent aux jeunes chirurgiens d’apprendre sur des patients virtuels comme dans un jeu sans passer directement sur un vrai patient. C’est là notre point fort, actuellement.

Quels sont vos projets à la Faculté de médecine ?

Le projet que nous avons à la Faculté de médecine et la région Lorraine, c’est de construire un bâtiment qui s’appellera l’Hôpital virtuel. C’est un hôpital dans lequel il n’y a pas de vrai patient. Il n’y a que des patients virtuels pour que des jeunes viennent s’entraîner et devenir performants avant d’opérer "pour de vrai". Mon rêve au Vietnam, c’est de développer la recherche. Je suis également chercheur. Je travaille sur des projets de recherche sur des systèmes de thérapie cellulaire cardiaque. J’aurais bien aimé, à condition bien sûr que nos collègues vietnamiens acceptent de travailler avec nous, contribuer à faire émerger la recherche au Vietnam.


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