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Des seringues contenant le vaccin Moderna contre le COVID-19 à Iserlohn, dans l'Ouest de l'Allemagne, le 5 janvier. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
La biotech américaine Moderna, fondée et dirigée par le Français Stéphane Bancel et spécialiste de la technologie innovante de l'ARN messager, travaille déjà sur des vaccins à ARN contre certains virus, comme le VIH et Zika.
Désormais, elle veut cibler les 15 agents pathogènes identifiés comme les plus grands risques de santé publique par l'Organisation mondiale de la santé et la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies (CEPI), a-t-elle annoncé mardi 8 mars. CEPI avait de son côté annoncé l'an dernier un projet de 3,5 milliards d'USD pour accélérer le développement de nouveaux vaccins.
Dans le détail, Moderna souhaite faire progresser d'ici à 2025 le développement de vaccins ciblant notamment le virus du chikungunya, la fièvre hémorragique de Crimée-Congo, la dengue, Ebola, le paludisme, ou encore la tuberculose.
Il ne s'agit pas de mener pour chacun les recherches jusqu'à la commercialisation du vaccin, a précisé le directeur général Stéphane Bancel lors d'un entretien à l'AFP. En réalité, la société veut pousser le développement de ces vaccins potentiels jusqu'aux premiers essais cliniques sur l'homme.
L'objectif est d'établir une sorte de bibliothèque de vaccins, qui, en cas d'émergence d'une pandémie de l'un ou l'autre de ces agents pathogènes, seront prêts à être dégainés et à entrer en phase 3 d'essais cliniques, la toute dernière étape avant leur mise sur le marché. À la clef, plusieurs mois de temps gagné. "Cela permet d'aller plus vite", précise M. Bancel, alors que lors des premières phases de développement, les chercheurs déterminent la dose nécessaire pour chaque sérum.
Et pour cela, Moderna table sur la coopération entre laboratoires publics et privés, via "mRNA Access", un programme permettant aux chercheurs du monde entier d'utiliser sa plateforme technologique d'ARN messager, pour poursuivre leurs recherches dans leurs propres laboratoires sur les maladies infectieuses émergentes.
Flacons de vaccin anti-COVID-19 de Moderna. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
"Responsabilité"
"On aimerait le faire avec les meilleurs experts du monde, indique le dirigeant. Il s'agit d'un outil internet qui permet à n'importe quel scientifique partenaire avec Moderna de +designer+ n'importe quel vaccin depuis son laboratoire".
Si ces partenariats sont surtout tournés vers la recherche publique, Moderna se dit ouvert à des collaborations avec des laboratoires privés. Il s'engage par ailleurs à mener ces recherches avec ou sans partenaire, si nécessaire. "Si sur certains virus, personne ne veut de partenariat, nous le ferons seuls. Ces virus sont connus depuis longtemps", explique Stéphane Bancel, qui plaide pour une "responsabilité" du secteur pharmaceutique.
Faute de débouché commercial estimé suffisant, l'industrie hésite en effet à se lancer dans des recherches longues et coûteuses sur des maladies infectieuses, privilégiant d'autres aires thérapeutiques comme l'oncologie.
Moderna, jusqu'à l'émergence de COVID-19 et la mise au point d'un vaccin contre le nouveau coronavirus, n'avait jamais commercialisé le moindre médicament. Les temps ont changé et la biotech a engrangé plus de 18 milliards d'USD l'an dernier. Face à ces énormes revenus, elle a été critiquée par des ONG qui plaident pour une plus juste répartition des doses du vaccin en faveur des pays pauvres, ainsi que pour la levée des brevets.
"25% des doses produites par Moderna sont parties l'an dernier vers des pays à faibles revenus", se défend M. Bancel, qui rappelle que la biotech était interdite d'exportation par les États-Unis jusqu'à l'été 2021.
Désormais, "on a une plateforme, on a des ressources financières, ce n'est pas pour les garder à la banque mais pour les investir" dans de nouveaux médicaments, plaide le dirigeant.