Turquie
Migrants : Erdogan met la pression sur l'UE en menaçant de ne pas respecter l'accord

Tout l'accord, sinon pas d'accord. La Turquie a mis la pression le 7 avril sur l'Union européenne (UE) pour qu'elle applique ses engagements dans le cadre du plan controversé de retour des migrants, déjà au ralenti après un démarrage en fanfare le 4 avril, grâce auquel la Grèce s'apprêtait à y renvoyer le 8 avril 50 personnes.

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Le président turc Recep Tayyip Erdogan lors d'un discours
Photo : AFP/VNA/CVN

Le président Recep Tayyip Erdogan a prévenu que la Turquie ne remplirait pas sa part du marché si l'UE ne respectait pas elle-même ses promesses, évoquant notamment l'exemption des visas dès juin pour les citoyens turcs voulant se rendre en Europe.

"Il y a des conditions précises. Si jamais l'Union européenne n'effectue pas les pas nécessaires, ne tient pas ses engagements, alors la Turquie n'appliquera pas l'accord", a déclaré M. Erdogan lors d'un discours à Ankara. "Tout se passera en fonction de ce qui a été promis", a-t-il insisté.

Cet accord, signé le 18 mars, vise à dissuader les passages clandestins en Europe, confrontée à sa pire crise migratoire depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

La Turquie s'y est engagée à accepter le retour sur son sol de tous les migrants entrés illégalement en Grèce depuis le 20 mars. Le plan prévoit en outre que pour chaque réfugié syrien renvoyé en Turquie, un autre sera "réinstallé" dans un pays européen dans la limite de 72.000 places.

En contrepartie, les Européens ont accepté de relancer les discussions d'intégration de la Turquie à l'UE et à accélérer le processus de libéralisation des visas pour les Turcs, mais en soulignant qu'ils ne transigeraient pas sur les critères à remplir.

Sur le plan financier, l'UE a promis une aide pouvant aller jusqu'à 6 milliards d'euros. "Il y a eu des promesses, mais rien n'en sort pour l'instant", a déploré M. Erdogan.

Grève de la faim

L'accord est officiellement appliqué depuis lundi 4 avril, quand un premier groupe de 202 personnes a été ramené de Grèce en Turquie. Mais le processus s'est depuis embourbé, Athènes faisant face à une explosion des demandes d'asile que ses autorités sont obligées de traiter avant toute expulsion.

La Grèce, qui dit être confrontée à une pénurie de juristes et d'interprètes, a estimé mercredi 6 avril que le traitement des dossiers entraînerait une "pause" de 15 jours des renvois. Elle s'apprêtait toutefois à renvoyer vendredi 8 avril 50 migrants en Turquie, sauf demande d'asile de dernière minute, selon des sources policière et du gouvernement.

Arrivée au port turc de Dikili d'un ferry transportant des migrants en provenance de Grèce, le 4 avril.
Photo : AFP/VNA/CVN

Dans le "hotspot" de Moria, sur l'île grecque de Lesbos, où restent enfermés au moins 3.000 migrants, un groupe de 70 Pakistanais a commencé jeudi 7 avril une grève de la faim pour protester contre son éventuel renvoi en Turquie.

Le gouvernement grec a commencé à transférer du camp de Moria vers le camp ouvert de Kara Tepe, sur l'île de Lesbos, des familles avec enfants et des personnes vulnérables, une opération "visant à décharger Moria", selon une source gouvernementale.

Symbole de la crise migratoire que l'Europe affronte depuis l'année dernière, l'île de Lesbos, devenue la principale porte d'entrée des migrants, accueillera le pape François le 16 avril pour une visite, a confirmé jeudi 7 avril le Vatican.

Voisine de la Syrie, la Turquie accueille quelque 2,7 millions de réfugiés syriens fuyant leur pays en guerre, dont 250.000 vivent dans des camps, et a déjà dépensé quelque 10 milliards de dollars pour subvenir à leurs besoins, selon M. Erdogan.

"Nous avons reçu beaucoup de remerciements pour notre action pour les réfugiés et contre les terroristes", a déclaré le président turc jeudi 7 avril. "Nous ne faisons pas cela pour les remerciements".

AFP/VNA/CVN

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