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En ligne de mire, la réforme du réglement de Dublin, critiqué depuis des années, qui détermine le pays responsable de l'examen d'une demande d'asile.
L'afflux soudain et massif de migrants - plus de 1,25 million de requêtes déposées en 2015 - a révélé crûment les failles d'un sytème qui ont mis une pression démesurée sur les pays de "première entrée", l'Italie et surtout la Grèce, qui se débat déjà pour sortir de la crise économique.
Des migrants dans un camp à Idomeni à la frontière entre la Grèce et la Macédoine, le 5 avril. |
Selon une source diplomatique européenne, la Commission européenne s'apprête à mettre sur la table deux options.
La première option s'appuie sur la structure existante, en gardant le système de demande d'asile dans le pays de première entrée. Mais elle prévoit une porte de secours en cas de flux migratoire massif comme celui que connaît actuellement l'Europe : un mécanisme de "relocalisation", tel que celui négocié dans l'urgence par deux fois en 2015 par les 28 États membres.
"Il s'agit de pérenniser le mécanisme d'urgence", résume cette source européenne. Principal avantage de cette option selon elle : cette solution continue de responsabiliser le pays d'entrée, plus enclin à bien surveiller ses frontières, et par extension, la frontière extérieure de l'UE.
La deuxième solution consiste à "faire en permanence de la relocalisation", en instaurant ce qui pourrait ressembler à un système de quotas ou d'agrégats.
Selon la source, elle aurait la préférence des deux pays qui ont accueilli le plus de réfugiés depuis septembre, l'Allemagne et la Suède.
Le mécanisme de relocalisation d'urgence avait été instauré non sans douleur, et non sans critique. Alors que les 28 se sont entendus pour répartir entre eux quelque 160.000 réfugiés arrivés en Grèce et en Italie, 1.111 personnes seulement ont été prises en charge pour l'instant.
Relancer la solidarité européenne
En jeu, la solidarité européenne, ébranlée par une crise migratoire sans précédent depuis 1945.
Le commissaire chargé des migrations, Dimitris Avramopoulos, a récemment admis qu'il fallait trouver un plus "juste partage du fardeau", tandis que dès l'automne la chancelière allemande Angela Merkel avait jugé "obsolète" le processus de Dublin, "dans sa forme actuelle", lors d'une intervention devant le Parlement européen.
Les réponses souvent prises individuellement des différents États membres ont montré les limites de la coordination de l'Union face à une crise devenue un enjeu de politique intérieure pour de nombreux gouvernements.
Dans un entretien paru mercredi 6 avril dans le quotidien allemand Bild, François Hollande a souligné qu'il n'était "pas question de reproduire en 2016 ce qui s'est passé en 2015".
Saluant l'effort de l'Allemagne dans l'accueil des réfugiés, le président français a toutefois estimé que "la réponse ne peut être qu'européenne", prophétisant dans le cas contraire "la fin de (l'espace de libre circulation) Schengen et le retour aux frontières nationales, c'est-à-dire une régression historique".
À plus long terme, Bruxelles envisage également la possibilité de transformer l'EASO, le Bureau européen d'appui pour l'asile, en une entité supranationale en charge de la gestion des demandeurs d'asile, à l'image du travail de l'OFPRA (Office français de protection des réfugiés et apatrides) en France par exemple, toujours selon une source européenne.
Les textes d'une proposition concrète sont attendus d'ici la fin juin. L'UE tente par tous les moyens d'endiguer le flot de migrants, s'appuyant depuis lundi 4 avril sur l'application de l'accord arraché mi-mars avec la Turquie qui prévoit d'y renvoyer toute personne arrivée irrégulièrement en Grèce après le 20 mars, y compris des demandeurs d'asile syriens.
AFP/VNA/CVN