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La chancelière allemande Angela Merkel, le 29 juin à Meseberg, près de Berlin. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
La chancelière et son équipe préparaient depuis des mois cette échéance, la première pour Berlin depuis 2007 et une des ultimes occasions pour la dirigeante allemande de briller sur la scène internationale avant sa retraite politique programmée fin 2021. Brexit, climat, immigration... Les chantiers ne manquaient pas durant ces six mois de présidence. Mais le coronavirus a balayé tous les scénarios.
Toujours menacée par une deuxième vague de contamination, l'Union européenne est confrontée à des "défis économiques que nous n'avons jamais connus depuis des décennies, ni même jamais auparavant", a souligné lundi 29 juin la chancelière lors d'un entretien avec Emmanuel Macron.
Mauvaises nuits
"Les attentes pesant sur nos épaules sont très lourdes", a-t-elle reconnu, redoutant une nouvelle poussée populiste faute de "solidarité" entre pays européens.
Face à ces enjeux, l'ambassadeur allemand auprès de l'UE, Michael Clauss, a confié passer de mauvaises nuits : "J'ai déjà du mal à dormir, parce que je pense que les attentes sont fortes".
D'autres se félicitent que cette présidence échoie à l'Allemagne, "un pays dont l'économie est (encore) la plus forte de l'Union, qui a mieux fait face que beaucoup d'autres à la pandémie (du moins jusqu'à présent), et dirigé par un gouvernement stable" sur un continent en ébullition, a résumé mardi 30 juin le quotidien économique allemand Handelsblatt.
La chancelière Angela Merkel et le président français Emmanuel Macron lors d'une conférence de presse, le 29 juin à Meseberg, près de Berlin. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Au pouvoir sans interruption depuis 15 ans, un record de longévité pour un dirigeant en Europe, la chancelière dispose d'une chance unique d'entrer définitivement dans l'histoire européenne et d'effacer la mauvaise image laissée par son orthodoxie budgétaire lors de la crise grecque de 2011.
Le coup d'envoi de cette présidence a été symboliquement donné mardi soir 30 juin avec la projection sur la mythique Porte de Brandebourg à Berlin du slogan, décliné en plusieurs langues, "Tous ensemble pour relancer l'Europe".
La présidence allemande va débuter tambour battant avec un sommet des dirigeants européens organisé les 17 et 18 juillet à Bruxelles, décisif pour l'avenir de l'Europe.
Les 27 vont tenter d'y trouver un accord sur le projet de plan de relance de 750 milliards d'euros face au coronavirus, avec pour la première fois des fonds empruntés en commun par l'UE : Angela Merkel a accepté de briser un tabou politique en Allemagne pour cela.
"Long" chemin
Angela Merkel, comme le président français, ont mis lundi 29 juin la pression sur leurs partenaires pour aboutir à un accord dès juillet, avant la pause estivale.
"Nous espérons que nous allons trouver une solution, même si le chemin est encore long", a expliqué la chancelière au côté du président français, avec qui elle avait présenté fin mai une initiative ouvrant la voie à la proposition de la Commission sur le plan de relance.
Pour arriver à un compromis, il faudra vaincre les réticences des quatre pays dits "frugaux" car partisans de l'orthodoxie budgétaire. Il s'agit des Pays-Bas, de l'Autriche, de la Suède et du Danemark, très réservés à l'égard du projet censé bénéficier avant tout aux pays du Sud, les plus touchés par la pandémie.
"Les fameux pays frugaux, ce sont des pays qui sont bénéficiaires nets du fonctionnement du marché unique (...) ce n'est pas leur intérêt de voir certains membres affectés", a mis en garde M. Macron, pour qui l'Europe est à un "moment de vérité".
Si un accord budgétaire est trouvé, la présidence sera en partie couronnée de succès. Mais il restera un autre très gros morceau, le Brexit. Après des semaines de surplace, UE et Grande-Bretagne, qui a quitté l'Union le 31 janvier et continue d'appliquer les règles européennes jusqu'au 31 décembre, ont repris leurs discussions. Si aucun accord n'est négocié d'ici là, les seules règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), avec leurs droits de douane élevés et leurs contrôles douaniers poussés, s'appliqueraient aux relations commerciales entre ces partenaires. De quoi affaiblir un peu plus les économies européennes.
AFP/VNA/CVN