Mediaset essuie une perte record en 2016 avec l'affaire Vivendi

Le groupe italien Mediaset, dont l'actionnaire principal est la famille de Silvio Berlusconi, a annoncé mercredi 19 avril avoir enregistré une perte nette record en 2016 en raison des conséquences du contentieux avec Vivendi, mais prévu de renouer avec les bénéfices dès 2017.

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Le patron de Mediaset, Pier Silvio Berlusconi, le 23 mars à Milan.
Photo : AFP/VNA/CVN

Vivendi a renoncé en juillet à un accord prévoyant qu'il rachète 100% du bouquet de télévision payante Mediaset Premium, avant de s'emparer en décembre de près de 30% de Mediaset, une opération qualifiée d'"hostile" par la famille Berlusconi.

Les résultats 2016 reflètent ces faits "imprévus et indépendants de la volonté de la société", a souligné Mediaset.

Sa perte s'est élevée à 294,5 millions d'euros, contre un bénéfice net de 3,8 millions un an plus tôt.

Cette perte est largement supérieure aux attentes des analystes, qui prévoyaient - 11 millions d'euros selon le consensus Factset Estimates.

Mediaset a précisé que l'affaire Vivendi avait eu un impact négatif de 341,3 millions d'euros sur ses comptes.

Son chiffre d'affaires consolidé a progressé de 4%, à 3,66 milliards d'euros, mais sa dette s'est creusée à 1,16 milliard d'euros, contre 859 millions fin 2015.

Mediaset a néanmoins confirmé les objectifs de son plan stratégique, qui prévoit notamment une hausse de sa part de marché publicitaire en Italie de 37,4% actuellement à 39% en 2020, avec une amélioration de l'Ebit pour les activités télévisées intégrées de 468 millions d'euros.

Son patron, Pier Silvio Berlusconi, fils de l'ancien chef du gouvernement Silvio Berlusconi, a souligné lors d'une conférence de presse que le groupe était en avance sur ce plan et qu'il reviendrait dans le vert dès 2017.

Mediaset, à couteaux tirés avec Vivendi, a enregistré une victoire mardi dans son affrontement avec le groupe français : l'autorité de tutelle des télécommunications en Italie, l'Agcom, a estimé que la situation de Vivendi au regard de ses participations dans Telecom Italia et Mediaset n'était pas légale et lui a donné un an pour réduire l'une ou l'autre.

Arguments de Vivendi "ridicules"

L'Agcom avait ouvert une instruction le 21 décembre après avoir été saisie par Mediaset, qui estimait que Vivendi enfreignait le droit de la concurrence.

La législation italienne prévoit en effet que les entreprises de télécommunications qui détiennent une part de marché supérieure à 40% ne peuvent réaliser un chiffre d'affaire supérieur à 10% du SIC, le "système intégré des communications" (télévision, radio, presse).

Or, le géant des médias français détient désormais 28,8% de Mediaset - qui contrôle 13,3% du SIC - et 23,94% de Telecom Italia, qui a une part de marché de près de 56% dans les télécommunications électroniques.

En réaction à la décision de l'Agcom, Vivendi a indiqué envisager "toute action judiciaire appropriée" pour protéger ses intérêts, soulignant avoir "toujours agi dans les limites imposées par le droit italien".

En cas de non-respect, Vivendi risque une amende comprise entre 2 et 5% de son chiffre d'affaires, soit entre 216 et 540 millions d'euros.

Mediaset et Vivendi avaient signé en avril 2016 un "accord stratégique" prévoyant le rachat par Vivendi de 100% de Premium et un échange de participations à hauteur de 3,5% entre les deux groupes.

Mais dans un coup de tonnerre, Vivendi avait dénoncé le 25 juillet cet accord, en arguant de doutes sur les résultats futurs du bouquet de télévision.

Mediaset a assigné Vivendi, réclamant 50 millions d'euros par mois de retard dans l'application du contrat à partir du 25 juillet 2016.

"C'était un accord négocié depuis des mois, ils ont vu tous les chiffres, tout était parfaitement en règle. Dire que l'accord n'a pas été respecté en raison des pertes de Premium est ridicule", a de nouveau fustigé Pier Silvio Berlusconi mercredi 19 avril.

La justice a également ouvert une enquête pour des soupçons de "manipulation de marché" qui vise le patron de Vivendi, Vincent Bolloré, et M. de Puyfontaine, après la montée éclair du groupe français dans Mediaset.

La famille Berlusconi reproche à Vivendi d'avoir fait chuter "artificiellement" le cours de Mediaset en annonçant en juillet la rupture de l'accord stratégique, pour pouvoir ensuite "lancer à prix bas (...) une vraie escalade hostile".

AFP/VNA/CVN

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