>>Marrakech, une ville au rythme du développement durable
>>Marrakech, la première ville touristique du Maroc
Pourriez-vous nous dresser, dans les grandes lignes, le panorama de votre région Marrakech-Safi ?
C’est une région qui est considérée, en termes de création de richesses, comme la troisième du Maroc après Casablanca et Rabat. Avec une superficie d’environ 45.000 km² et une population de près de 5 millions d’habitants, Marrakech-Safi se caractérise surtout par une très grande diversité. Elle englobe une partie du Haut-Atlas (le massif le plus élevé d’Afrique du Nord, parfois surnommé le «toit du Maroc» ou encore le «toit de l’Afrique du Nord», ndlr), dont le sommet, le djebel Toubkal, culmine à 4.167 m d’altitude. Il y a des neiges éternelles dans la région, alors que la ville de Marrakech est sujette à un climat méditerranéen semi-aride, les territoires du Nord de la région sont pratiquement désertiques. Sans compter une façade maritime de 400 km sur l’Atlantique constellée de plages...
Sur le plan économique, trois secteurs prennent le pas sur le reste : agriculture, tourisme et industrie. En effet, Marrakech-Safi est une région à prédominance rurale où le secteur agricole joue un rôle important dans la formation du tissu économique. Nous avons beaucoup de périmètres irrigués. Ensuite, la ville de Marrakech est le premier pôle touristique du Maroc. Elle reçoit chaque année environ 2,5 millions de touristes dans les établissements classés. En dernier lieu, nous avons la chance d’avoir d’importantes richesses minières, comme les réserves de phosphate dans le Nord de la région. Et une grande partie de l’industrie de transformation du phosphate se fait dans la ville de Safi, qui est la deuxième métropole de la région.
Quelles sont les priorités durant votre mandat pour l’essor de la région ?
D’abord, réduire l’écart qui existe en termes de développement entre les territoires. Vous êtes dans la ville de Marrakech, vous êtes dans une métropole mondiale, qui a tous les attributs de la ville moderne d’aujourd’hui. Mais une fois sorti de Marrakech, vous allez peut-être trouver des populations, à 40 km de là, qui n’ont pas d’eau à boire, ni de routes suffisantes pour pouvoir évacuer leurs malades ou acheminer leurs provisions... Par conséquent, l’objectif essentiel pendant ces cinq ans (2015-2021) est de construire des routes dans les zones rurales, de les alimenter en eau et en électricité. Le taux d’accès à l’eau potable en milieu rural dans la région est actuellement de l’ordre de 90%. On veut le généraliser à 100% au bout de cinq ans. C’est aussi le cas de l’électrification des campagnes, qui en est à l’heure où je vous parle à 97%. Il ne reste plus que 3% à terminer.
Pourquoi est-ce important pour nous me direz-vous ? Parce qu’une région, pour qu’elle soit viable, a besoin des conditions d’intégration de tout le monde. En fait, lorsque les populations rurales ont accès déjà aux services de base, elles peuvent interagir encore plus dans l’économie, dans la création de richesses. Il reste néanmoins énormément à accomplir pour que ces interactions soient totales.
Ensuite, développer l’économie du tourisme. Comme nous sommes la troisième région en termes de création de richesses, nous pensons pouvoir augmenter cette contribution à la richesse nationale en développant encore plus le tourisme. Il s’agit de créer de nouvelles infrastructures touristiques, d’augmenter la capacité d’accueil, de restaurer des projets structurants. Le plan de développement régional prévoit par ailleurs la construction d’un parc d'exposition, d’un palais des congrès, ainsi que d’un parc d’attractions. Ce programme consiste en une série de grands projets pour dynamiser encore davantage l’essor touristique par rapport à la situation d’aujourd’hui.
Enfin, donner un nouvel élan à l’industrie. Nous allons créer quatre nouvelles zones d’activités industrielles qui seront chacune spécialisées dans le traitement d’un type de produit. Par exemple, nous sommes une des régions qui produisent le plus d’huile d’olive dans le monde. Nous avons ainsi besoin d’avoir une grande plate-forme industrielle pour le traitement de l’olive.
Pensez-vous que les relations historiques entre le Maroc et le Vietnam puissent constituer un vecteur de développement de la coopération bilatérale, en matière de tourisme surtout ?
En effet, le Vietnam n’est pas un pays totalement étranger pour les Marocains. Nous avons été colonisés par la même puissance : la France. Lors de la guerre d’Indochine (1946-1954), un groupe important de soldats marocains a déserté le corps expéditionnaire français pour rejoindre le Viêt-minh (Front de l’indépendance du Vietnam, ndlr). Et une grande partie de ces Marocains, qui étaient ensuite restés des années au Vietnam, ont fondé des familles avec des Vietnamiennes. Je sais qu’à Hanoï, il y a une Porte du Maroc que les Marocains à l’époque avaient contribué à construire, symbolisant les sacrifices qu’ils ont consentis aux côtés de leurs frères d’armes vietnamiens pour la cause de la liberté. Ce monument est symbole de la force des relations d’amitié qui unissent nos deux pays.
Maintenant, il y a des contraintes objectives qui font obstacle à ces liens. Par exemple, il n’existe toujours pas de vol direct entre le Maroc et le Vietnam. Sans liaison aérienne, il sera difficile d’envisager des relations de mobilité, d’échange humain.
Mais le plus important, d’après moi, est que les deux pays doivent mieux se connaître. Je suis convaincu que la première porte d’entrée est d’organiser des rencontres sur le plan culturel, comme par exemple la Semaine du Vietnam au Maroc ou la Semaine du Maroc au Vietnam. Et petit à petit, une plate-forme d’échange sera installée, permettant à tout le monde de mieux se comprendre, de mieux se connaître. Ce sera l’occasion pour les gens de découvrir les cultures et surtout d’avoir envie de partir, de prolonger ces découvertes.
Propos recueillis par Nguyên Hông Nga/CVN