>>Les Philippines suspendent la vente du vaccin contre la dengue de Sanofi
Des fioles vides du vaccin Dengvaxia de Sanofi, le 5 décembre à Manille, aux Philippines. |
Les autorités philippines ont suspendu vendredi leur campagne publique de vaccination massive, la première du genre dans le monde, avant de suspendre lundi 4 décembre toute vente et distribution du Dengvaxia.
Le groupe français avait prévenu quelques jours auparavant que "davantage de cas sévères de dengue pourraient être observés en cas d'exposition au virus" après vaccination chez les personnes n'ayant jamais été infectées auparavant.
"Un jour où l'autre, c'est ce qu'il va se passer", a déclaré Francisco Duque à la télévision ABS-CBN comme on lui demandait si le gouvernement devait poursuivre Sanofi en justice. "Parce qu'au bout du compte, c'est une cour de justice qui va se prononcer s'agissant de la responsabilité de Sanofi", a-t-il dit.
Le gouvernement de l'ancien président Benigno Aquino avait lancé le programme de vaccination en 2016 et les Philippines étaient devenues le premier pays à utiliser le Dengvaxia à une telle échelle.
Environ 830.000 écoliers ont reçu au moins une dose de vaccin, a ajouté M. Duque. Le gouvernement avait déclaré auparavant que plus de 733.000 personnes avaient été vaccinées.
Manifestation devant le ministère de la Santé pour dénoncer les risques du vaccin anti-dengue de Sanofi, le 5 décembre à Manille, aux Philippines. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
L'annonce de Sanofi a soulevé beaucoup d'inquiétude aux Philippines où la maladie transmise par des moustiques est très répandue. Sanofi avait cherché lundi 4 décembre à apaiser les craintes, soulignant que les éventuels "cas sévères" ne seraient pas mortels et que le vaccin ne déclencherait pas la maladie.
Jeudi 7 décembre, le ministre de la Santé a également accusé le groupe d'avoir émis des déclarations "confuses". Le gouvernement pourrait lui demander le remboursement d'1,4 milliard de pesos (23,4 millions d'euros) de vaccins non utilisés et la mise en place "d'un fonds d'indemnisation" pour couvrir les coûts d'hospitalisation des enfants vaccinés durant la campagne publique qui tomberaient malades, a-t-il ajouté.
Le service de communication de Sanofi n'était pas immédiatement joignable pour réagir aux remarques du ministre. Celui-ci a aussi expliqué ce qu'il attendait d'un tribunal en cas de plainte : "S'il est établi que (Sanofi) n'a pas révélé des informations matérielles qui auraient changé l'issue de tous ces problèmes et la prise de décision du ministère de la Santé du gouvernement précédent, alors ils seront juridiquement responsables". M. Duque a ajouté que le Congrès se pencherait sur la question la semaine prochaine.