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La Première ministre britannique Theresa May et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker pendant une conférence de presse à Bruxelles, le 8 décembre 2017. |
La Première ministre britannique Theresa May et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker pendant une conférence de presse à Bruxelles, le 8 décembre 2017. Photo : AFP/VNA/CVN |
Prise dans les divisions de son propre parti, entre pro et anti-Brexit, la Première ministre conservatrice est sur la corde raide depuis les législatives anticipées qu'elle avait convoquées en juin et à l'issue desquelles sa majorité s'est réduite comme peau de chagrin.
Son travail sans relâche ces derniers jours pour décrocher un résultat avec Bruxelles avant le fatidique sommet européen des 14 et 15 décembre a été salué par son camp. Une unanimité qui risque toutefois d'être de courte durée alors que les couloirs de Westminster bruissent tous les jours de rumeurs de complot pour la renverser.
"Avancée à Bruxelles. Grand moment de réussite pour Theresa May et le Royaume-Uni", a tweeté son vice-Premier ministre, et proche allié Damian Green.
Le pro-Brexit ministre de l'Environnement Michael Gove a, lui, loué "un résultat politique et personnel significatif" pour la dirigeante, qu'en coulisse il a coutume de critiquer pour son attitude selon lui trop conciliante avec l'UE.
"Capitulation totale"
Mais alors que Mme May a souligné que des compromis avaient été nécessaires des deux côtés, la presse eurosceptique s'inquiète déjà des concessions trop importantes accordées. "Plus les Eurocrates louent la +détermination+ de Mme May, plus nous devrions nous sentir mal à l'aise", écrit le tabloïd Daily Mail.
Le mouvement pro-Brexit Leave.EU estime, lui, que l'accord annoncé vendredi 8 décembre constitue "une capitulation totale" de Londres.
"Nous pouvons maintenant avancer vers la prochaine étape de l'humiliation", a renchéri l'ancien chef du parti europhobe UKip, Nigel Farage, sur Twitter.
Les conservateurs les plus pro-Brexit ont réagi de manière prudente pour le moment, soulignant que "rien n'est convenu tant que tout ne l'est pas".
L'accord trouvé vendredi 8 décembre est assez flou - que ce soit sur le statut de la frontière irlandaise ou la facture de sortie - pour permettre de débloquer les discussions. Les choses sérieuses ne seront vraiment abordées que lors de la phase 2 des négociations, destinées à déterminer la future relation du Royaume-Uni avec l'UE.
Anand Menon, professeur de politique européenne au King's College de Londres, estime que des "problèmes énormes" vont surgir au cours de ces futures négociations au sein des Tories.
"Le défi le plus difficile" des négociations est à venir, a également prévenu le président du Conseil de l'UE, Donald Tusk. "Nous savons tous que se séparer est dur mais se séparer et construire une nouvelle relation est encore plus dur".
Le DUP vigilant
Dans une rue de Londres, le 8 décembre 2017 |
Dans une rue de Londres, le 8 décembre 2017. Photo : AFP/VNA/CVN |
Si la BBC estimait vendredi 8 décembre que le compromis atteint est "un premier grand pas préservant la position de Theresa May", pas plus tard qu'en début de semaine, le tabloïd The Sun affirmait qu'une conspiration était en cours pour la remplacer avant Noël.
Jeudi 8 décembre , l'ancien ministre des Finances conservateur, George Osborne, aux manettes désormais du quotidien du soir Evening Standard, a affirmé lors d'un déjeuner de presse qu'il y avait "un consensus au sein des parlementaires conservateurs pour vouloir un changement de leader".
Pour Anand Menon, Mme May est une dirigeante en sursis, "obligée de gouverner au jour le jour". L'opposition travailliste, qui réclamait un accord à corps et à cris, a salué le compromis trouvé tout en s'inquiétant du "prix politique" que devra payer Mme May face aux Brexiters conservateurs.
Hors de Londres, la Première ministre doit faire face aux exigences des nationalistes écossais du SNP, qui ne veulent pas quitter l'UE et menacent d'un second référendum d'indépendance. Et aussi cajoler son allié nord-irlandais, le parti unioniste DUP, qui a fait capoter un premier projet d'accord lundi 4 décembre et a dit rester très vigilant quant à la suite.