Malgré la pression de Bruxelles, le budget italien "ne change pas"

Le gouvernement populiste italien, sommé par la Commission européenne de revoir son budget pour 2019 avant mardi 13 novembre, a confirmé dans la soirée qu'il n'entendait pas céder, prenant le risque de sanctions financières, dont la mise en oeuvre reste néanmoins assez hypothétique.

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Le Premier ministre Giuseppe Conte (centre) entouré de ses deux vice-Premiers ministres, Luigi Di Maio (gauche) et Matteo Salvini, le 15 octobre à Rome.

"Le budget ne change pas, ni dans les bilans ni dans la prévision de croissance. Nous avons la conviction que ce budget est celui dont le pays a besoin pour redémarrer", a déclaré Luigi Di Maio, vice-Premier ministre et chef de file du Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème).
"Notre objectif est de maintenir le déficit à 2,4% du PIB", a-t-il ajouté devant la presse à l'issue d'une réunion avec son allié Matteo Salvini, patron de la Ligue (extrême droite) et d'un conseil des ministre qui a approuvé la réponse que le ministre de l'Économie, Giovanni Tria, devait envoyer à la Commission.
Le gouvernement a toutefois ajouté des clauses de sauvegarde pour maintenir ses objectifs, avec un mécanisme de contrôle automatique des dépenses et un plan de cession de biens immobiliers de l'État qui équivaudrait à 1% du PIB mais sans toucher "aux bijoux de familles", selon M. Di Maio.
"Nous travaillons à un budget qui garantisse plus d'emplois, plus de droits à la retraite et moins d'impôts (...). Si cela convient à l'Europe tant mieux, si cela ne convient pas à l'Europe on continue quand même", avait assuré M. Salvini avant le conseil des ministres.
Pour le gouvernement, le budget anti-austérité va relancer la croissance exsangue et permettre ainsi de réduire le déficit public et la dette publique colossale du pays.
Mais pour la première fois dans l'histoire de l'Union européenne, les autorités de Bruxelles ont rejeté le 23 octobre ce projet de budget italien. Soutenues par l'ensemble de la zone euro, elles restent sourdes aux arguments italiens, qui promettent un déficit à 2,4% du Produit intérieur brut (PIB) en 2019 et à 2,1% en 2020.
Selon la Commission, les mesures prévues dans le budget risquent de pousser le déficit à 2,9% l'an prochain et à 3,1% en 2020. D'autant qu'elle prévoit une croissance de 1,2%, alors que Rome table sur 1,5%.

Angela Merkel devant le parlement européen à Strasbourg, le 13 novembre.
Photo: AFP/VNA/CVN

Dans un rapport publié mardi après-midi 13 novembre, le Fonds monétaire international (FMI) a même réaffirmé une prévision de 1% de croissance en Italie en 2020 et s'est montré sceptique sur les réformes annoncées par le gouvernement.
"L'accent des autorités sur la croissance et l'inclusion sociale est bienvenu", a estimé le fonds, mais les prévisions actuelles devraient maintenir la dette publique autour de 130% du PIB pour les trois prochaines années.
"Procédure pour déficit excessif"
En refusant de changer son budget, Rome s'expose à l'ouverture d'une "procédure pour déficit excessif", susceptible d'aboutir à des sanctions financières correspondant à 0,2% de son PIB (soit quelque 3,4 milliards d'euros).
Devant le Parlement européen à Strasbourg, la chancelière allemande, Angela Merkel, a répété que l'UE voulait "tendre la main" à l'Italie, pays fondateur de l'union. "L'Italie a également adopté de nombreuses règles que nous avons tous en commun maintenant", a-t-elle rappelé. "J'espère qu'une solution pourra être trouvée".
Le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, a, lui aussi, multiplié les appels au dialogue, espérant arriver à "un compromis".
Selon Lorenzo Codogno, fondateur du cabinet LC Macro Advisors, l'Italie devrait être en procédure de déficit excessif (PDE) "d'ici fin janvier", mais le délai de trois à six mois pour préparer des plans de corrections "permettra à l'Italie d'atteindre les élections européennes sans obstacle". Puis "rien ne se passera avant que la nouvelle Commission ne soit en place" à l'automne 2019.

AFP/VNA/CVN

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