Malgré la crise, la Californie restera la locomotive économique américaine

Chômage record, sites touristiques et plateaux de tournage à l'arrêt, déficit énorme en vue : la Californie, locomotive de l'économie américaine, a été heurtée de plein fouet par la pandémie de nouveau coronavirus mais les experts estiment qu'elle va repartir et continuer à tirer la croissance des États-Unis comme par le passé.

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Le parc Disneyland fermé au public, le 14 mars à Anaheim, en Californie.
Photo : AFP/VNA/CVN

Avant que le coronavirus ne frappe, cet État de 40 millions d'habitants s'est développé durant des années plus vite que tout le reste du pays, grâce à une économie dynamique et très diversifiée. Mais le confinement décrété fin mars pour endiguer l'épidémie a tout changé, en fermant les bureaux, les commerces, les restaurants, les plages et parcs d'attraction. Le chômage, quasiment inexistant auparavant, s'est envolé pour atteindre 24%, un niveau presque équivalent à celui enregistré en Californie après la Grande dépression de 1929. À titre de comparaison, le taux de chômage pour l'ensemble des États-Unis était de 14,7% au mois d'avril.

Alors que la Californie tablait en début d'année sur un budget largement excédentaire, le gouverneur Gavin Newsom a dû revoir ses ambitions à la baisse, en dépit des aides fédérales déjà versées. Il prévoit à présent un déficit de 54 milliards de dollars, malgré des coupes dans les budgets alloués à l'éducation, à la santé, aux aides sociales et aux infrastructures. "Le COVID-19 a imposé à la Californie et aux autres économies du pays une crise économique sans précédent, avec à la clef des destructions d'emplois et des pertes de revenus massives", a résumé le gouverneur démocrate.

Les autorités ont certes donné le feu vert à la reprise de certaines activités économiques, qui concernent aujourd'hui quelque 70% des entreprises, selon M. Newsom. Mais la crise sanitaire est loin d'être passée et les consommateurs - dont beaucoup ont perdu leur emploi - ne se pressent pas pour passer commande dans les concessions automobiles, les restaurants ou les petits commerces.

"Pour que l'économie fonctionne, il faut que les gens se sentent en sécurité", a relevé sur la radio NPR Tom Steyer, ancien candidat à l'élection présidentielle de 2020 désormais à la tête de la commission de relance de l'économie de Californie. "Les gens ne vont pas aller dans les magasins s'ils ne pensent pas que c'est sûr, ils ne vont pas aller au travail", a-t-il estimé.

Technologie

Avec un PIB de plus de 3.000 milliards de dollars, la Californie constitue la cinquième économie mondiale, devant le Royaume-Uni et la France. L'État de l'Ouest américain représente à lui seul 14,5% du PIB des États-Unis. Parmi ses principaux atouts économiques figurent la Silicon Valley et ses géants technologiques, sans oublier l'industrie cinématographique d'Hollywood qui génère des milliards de recettes chaque année.

Un agriculteur surveille sur un écran le fonctionnement d'un robot agricole dans sa ferme de Salinas, le 20 février en Californie.

La Californie abrite aussi une forte activité portuaire et industrielle, sans oublier des zones agricoles parmi les plus productives du monde. "La Californie a un secteur technologique très fort et dynamique. Nous prévoyons qu'il va continuer à croître et nous tirer hors de la récession (...) ce qui signifie que la Californie va continuer à avoir une croissance plus rapide que le reste du pays", déclare Jerry Nickelsburg, professeur d'économie à l'université UCLA.

Tom Steyer, lui, redoute que cette croissance du high-tech ne suffise pas à compenser la chute des autres secteurs. Certaines récoltes sont compromises faute de main-d’œuvre, l'industrie touristique et hôtelière est au point mort, sans parler de la chute des cours du pétrole qui précipite vers la faillite des villes entières qui dépendent de cet or noir. Les secteurs culturel et sportif ne se portent pas mieux, avec des stades et des salles de concert partis pour être désertés encore plusieurs mois.

Mais "la Californie restera une composante clef de l'économie mondiale", assure Stephen Cheung, ancien responsable du port de Los Angeles, par lequel transitent habituellement 40% des conteneurs arrivant aux États-Unis. Pour Tom Steyer, cette crise sanitaire et économique doit être l'occasion pour la Californie de repartir "mieux qu'en janvier 2020". "Nous voulons avoir une Californie plus juste, plus durable et plus tournée vers l'avenir après avoir traversé ce moment pénible et très difficile".


AFP/VNA/CVN

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