>>Malaisie: l'ex-Premier ministre interpellé pour corruption
L'ex-Premier ministre malaisien, Najib Razak (centre), se rend au bureau de la Commission anti-corruption, le 22 mai à Putrajaya. |
Premier ancien chef de gouvernement de ce pays d'Asie du Sud-Est à comparaître devant un tribunal, M. Najib est accusé d'avoir accepté un pot-de-vin de 42 millions de ringgit (8,9 millions d'euros) et de trois autres délits d'abus de confiance. Il encourt jusqu'à 20 ans de prison pour chaque chef d'inculpation.
Ces accusations sont liées à la société SRC International qui était à l'origine une filiale énergie de 1MDB, le fonds souverain créé par M. Najib à son arrivée au pouvoir en 2009, aujourd'hui endetté à hauteur de 10 milliards d'euros.
Cette affaire de détournements de grande ampleur a largement contribué à la défaite cinglante aux législatives en mai de l'ancienne coalition qui était au pouvoir depuis 61 ans et dirigée par M. Najib.
Du temps où il était au pouvoir, M. Najib s'était attaqué à tout ce qui touchait à 1MDB, faisant clôturer des enquêtes sur le scandale, écartant des voix critiques du gouvernement à l'égard de l'affaire, muselant les médias et procédant à des interpellations de personnes évoquant le scandale.
Le tribunal a exigé que l'ex-Premier ministre, qui devrait être libéré sous caution plus tard dans la journée, remette ses deux passeports malaisiens. Le procès devrait avoir lieu début février 2019.
Enquêtes internationales
L'ex-Premier ministre, âgé de 64 ans, soupçonné d'avoir détourné environ l'équivalent de 640 millions d'euros, a toujours nié toute malversation. L'affaire 1MDB fait l'objet d'enquêtes dans plusieurs pays, notamment à Singapour, en Suisse et aux États-Unis.
"Najib est le premier (ancien) Premier ministre à être inculpé dans l'histoire de la Malaisie", a observé Tian Chua, vice-président du Parti Keadilan Rakyat, une formation de la nouvelle coalition arrivée au pouvoir à l'issue des législatives de mai. "Cela marque une nouvelle ère dans laquelle personne ayant un mandat public n'est exonéré de poursuites s'il commet un abus de pouvoir", a-t-il ajouté.
Peu après que M. Najib a quitté le pouvoir, la police a révélé avoir saisi des centaines de cartons contenant des sacs à mains de luxe remplis d'argent et de bijoux, lors de perquisitions dans le cadre de l'enquête pour détournements de fonds visant celui qui fut Premier ministre jusqu'à mai 2018.
Le nouveau gouvernement issu des législatives, dirigé par le Premier ministre Mahathir Mohamad, 92 ans, avait annoncé qu'il souhaitait récupérer les fonds détournés de la société publique 1Malaysia Development Berhad (1MDB), créée pour moderniser le pays.
Dans un communiqué diffusé mardi soir, des proches de M. Najib ont estimé que les soupçons et les investigations visant l'ex-Premier ministre étaient "politiquement motivés et le résultat d'une vengeance politique" de la part de M. Mahathir.
Parmi les biens confisqués lors de perquisitions visant M. Najib figurait une immense collection de quelque 12.000 bijoux, dont 1.400 colliers et 2.200 bagues. Le bijou le plus cher était un collier d'une valeur estimée à 6,4 millions de ringgits (1,3 million d'euros). Les saisies comprenaient aussi 423 montres évaluées à 78 millions de ringgits (17 millions d'euros) et 234 paires de lunettes.
Les marchandises saisies ont été évaluées jusqu'à 234 millions d'euros par les enquêteurs. Elles comprenaient aussi 116 millions de ringgits (24 millions d'euros) en liquide en 26 devises et des centaines de sacs à main de grandes marques.
L'épouse de M. Najib, Rosmah Mansor, était très impopulaire en raison de ses dépenses extravagantes, notamment pour des sacs à main et des vêtements de luxe.
AFP/VNA/CVN