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Une flûte bricolée avec un tuyau d’arrosage. |
Photo : TN/CVN |
Fin 2016, un spectacle sur le thème du «Pays natal» se tient à l’Opéra de Hô Chi Minh-Ville. Un homme de petite taille, veste noire, apparaît sur la scène. L’animateur le présente en quelques mots : Mai Dinh Toi, musicien et recordman, dont le record de l’instrumentiste le plus polyvalent.
Après avoir montré au public deux flûtes de bambou chacune d’environ 30 cm, il en met une dans la poche de sa veste et commence à jouer de l’autre avec… la narine gauche. Résonne alors l’air Chim sao ngày xua (Mon étourneau d’autrefois), une chanson populaire très connue au Vietnam. Puis l’artiste saisit l’autre flûte et la colle à sa narine droite… sans arrêter de jouer de la première. Un murmure d’étonnement parcourt l’Opéra.
Après 10 minutes de flûte, il saisit un curieux assemblage de 12 bouteilles de coca arrangées en arc de cercle, et se met à en jouer comme s’il s’agissait d’une flûte de pan. L’air Làng tôi (Mon village) résonne devant les yeux ébahis du public.
Toujours en quête d’innovations
Né en 1959 dans la province de Thanh Hoa (Centre), Mai Dinh Toi a depuis l’enfance une passion immodérée pour les instruments de musique traditionnels. C’est donc tout naturellement qu’il a suivi des études au Conservatoire de Hanoï. Ses premières réussites, il les a eues avec la flûte. En 1992, il lui vient l’idée de jouer des instruments autrement.
«Cette année-là, j’ai participé à un festival d’instruments de musique traditionnels à Hanoï, et j’ai été surpris de voir un artiste étranger jouer du tambour avec trois baguettes. Je me suis alors lancé un défi : jouer de la flûte et du tambour en même temps. J’ai commencé à m’exercer à jouer du tambour avec le pied», se souvient-il.
Les débuts ont été difficiles. L'instrumentiste avoue que pendant des semaines, ses orteils l’ont fait souffrir. Deux ans d’entraînement avant de pouvoir se produire devant un public. Ensuite, toujours à la recherche de nouveaux défis, l’artiste s’est lancé dans la nasoflûte et la fabrication d’instruments. La nasoflûte est une pratique récente au Vietnam, qui consiste à jouer avec les narines. Mai Dinh Toi réussit le tour de force de pouvoir jouer en même temps de deux flûtes.
Un orchestre en tuyaux PVC
Mai Dinh Toi cherche toujours à inventer de nouveaux instruments. C’est ainsi qu’il a réussi à concevoir, à partir de néons, un luth inspiré du dàn bâu (monocorde). Il en joue sur scène, avec les néons allumés ! Le créateur a aussi rassemblé 12 bouteilles de coca pour donner naissance à une sorte de flûte de pan. Dans chaque bouteille, une quantité d’eau bien déterminée permet de produire des notes différentes. L’artiste a aussi surpris les spectateurs en se produisant avec un luth formé d’une dizaine de bols de riz et de tasses de thé. «Bols, tasses de thé, ampoules, tuyaux, pots d’échappement, casseroles…, bien des objets d’usage courant peuvent être utilisés pour mes créations», affirme-t-il.
Composer avec des bols, interpréter une chanson avec 12 bouteilles de coca ou une échelle, tout est possible pour Mai Dinh Toi. |
En octobre 2012, à Hô Chi Minh-Ville, Mai Dinh Toi a fait un tabac avec son orchestre de 16 instruments de musique «faits maison», qui a interprété des airs de quatre genres musicaux : dân ca (chant populaire), quan ho (chant alterné), cai luong (théâtre rénové) et flamenco. Pour monter cet ouvrage, le créateur a mobilisé 7.500 m de tuyaux et tubes PVC, soit 20 tonnes de plastique, au total transportés dans dix camions. «Ce projet m’a demandé six ans de préparation», assure-t-il.
Avec cet ouvrage, Mai Dinh Toi est entré dans le Livre des records d’Asie comme «l’artiste ayant le plus d’instruments de musique fabriqués par lui-même en Asie». Il figure aussi dans le Livre des records du Vietnam en tant qu’«instrumentiste le plus polyvalent». Il a été invité à se produire dans plus de 35 pays à travers le monde.
Linh Thao/CVN