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Emmanuel Macron devant les 150 membres de la CCC le 29 juin à l'Élysée. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Les discussions promettent d'être animées : Emmanuel Macron rencontre lundi 14 décembre les membres de la Convention citoyenne pour le climat (CCC), sur fond de craintes d'un possible détricotage de leurs propositions pour lutter contre le réchauffement climatique.
"Ce sera un moment d'échange, sans filtre, très direct avec les citoyens", a promis le chef de l'État, cité lundi 14 décembre par le journal Les Échos. Prévue à 17h00, la réunion pourrait durer plus de deux heures avec les membres de la CCC qui seront présents au Conseil économique, social et environnemental (Cese) à Paris ou en visioconférence.
"Je veux qu'on fasse un point sur les chose, mais c'est un processus qui va continuer. D'abord parce que les arbitrages ne sont pas terminés et nécessitent d'avoir encore des concertations", a prévenu M. Macron qui sera accompagné de plusieurs ministres, notamment Barbara Pompili (Ecologie), Julien Denormandie (Agriculture), Emmanuelle Wargon (Logement) et Jean-Baptiste Djebbari (Transports).
Le gouvernement travaille à finaliser le projet de loi climat, attendue fin janvier, qui doit traduire une bonne partie des propositions de la CCC.
Cette loi "doit nous permettre (...) de pouvoir être au rendez-vous de nos objectifs 2030 et 2040", explique le président aux Echos, en soulignant que les citoyens de la CCC ont avancé des propositions "très pratiques, très concrètes et très transformantes".
La portée, voire la mise en application, de certaines mesures emblématiques sont en effet encore dans la balance, comme la rénovation énergétique des bâtiments ou une limitation de la publicité. Le Président pourrait également préciser ses intentions sur un éventuel référendum.
M. Macron, qui avait lancé cet exercice inédit au sortir de la crise des "gilets jaunes", déclenchée par la création d'une taxe carbone sur les carburants, a à plusieurs reprises assuré que leurs propositions déboucheraient sur des "décisions fortes".
Mais depuis, la crise née du COVID-19 a frappé de plein fouet des pans entiers de l'économie. Dont certains secteurs gros pollueurs, comme l'aérien ou l'automobile, qui ont bénéficié de milliards d'euros de plans de soutien.
"Raboté"
Mi-novembre, un des premiers promoteurs et "garant" de la Convention, le réalisateur Cyril Dion, a lancé une pétition en ligne pour "sauver la CCC", qui a dépassé les 415.000 signatures.
Certaines déclarations du chef de l'État n'ont pas aidé, comme la comparaison ironique avec un "retour à la lampe à huile" de la proposition de la CCC d'un moratoire sur le déploiement de la 5G. Ou quand il s'est emporté en lançant : "Je ne veux pas dire que parce que les 150 citoyens ont écrit un truc, c'est la Bible ou le Coran".
Les inquiétudes n'ont pas été apaisées par une série de réunions la semaine dernière pour présenter les orientations gouvernementales sur la loi climat aux citoyens et à des députés.
"Beaucoup de nos mesures sont présentes, mais un peu rabotées, c'est mi-figue mi-raisin. On a pas mal de questions à lui (Emmanuel Macron) poser", souligne Grégoire Fraty, coprésident de l'association "Les 150", qui rassemble la majorité des participants.
"L'heure n'est plus à la séduction mais à l'action. L'heure n'est plus au grand débat mais aux arbitrages ambitieux", a tweeté lundi 14 décembre le député Matthieu Orphelin (ex-LREM), tandis que la présidente de Génération Écologie Delphine Batho a réclamé de la part d'Emmanuel Macron "du respect" pour la CCC.
Les membres de la CCC, tirés au sort, ont travaillé pendant neuf mois pour présenter 149 propositions visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre de la France de 40%, "dans un esprit de justice sociale".
Ni le "comité de gouvernance" de la CCC ni les "garants" ne seront présents à la réunion de lundi. La rencontre, à l'initiative de l'Elysée, n'entre en effet pas dans le processus prévu de la convention, qui tiendra une dernière session après la traduction de ses mesures, pour évaluer la réponse concrète de l'exécutif.
Des mesures d'autant plus importantes que la France ne tient déjà pas ses engagements de réduction d'émissions de gaz à effet de serre, alors même que l'Union européenne vient d'en adopter de plus strictes à l'occasion du cinquième anniversaire de l'accord de Paris.
AFP/VNA/CVN