>>Syndicats et patronat à l'Elysée pour parler formation et assurance chômage
Le président Emmanuel Macron dans une crèche de Gennevilliers, au nord de Paris, le 17 octobre. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
À l'occasion de la 30e Journée mondiale du refus de la misère, le président Emmanuel Macron, entouré de quatre de ses ministres (Solidarités, Éducation, Travail, Égalité femmes-hommes), a réuni les principales associations ainsi que des chercheurs et des entreprises, pour donner le coup d'envoi d'une concertation qui doit déboucher vers mars-avril sur un plan d'action.
À la sortie, plusieurs représentants d'associations ont salué "une réunion positive" mais se sont interrogés sur les moyens prévus et se sont inquiétés de la priorité donnée aux enfants et aux jeunes.
Pour les rassurer, la ministre des Solidarités, Agnès Buzyn, a assuré que cette "approche renouvelée", qui partira "d'initiatives locales", sera "interministérielle", impliquant les politiques du logement, de l'éducation nationale, du travail et de la formation.
Le gouvernement entend également poursuivre les efforts en faveur de l'"accès aux droits", a-t-elle précisé, alors que de nombreuses personnes ne demandent pas les prestations auxquelles elles sont éligibles.
Des actions engagées sous le précédent quinquennat seront poursuivies, a assuré Mme Buzyn, citant notamment "la garantie jeunes", un dispositif d'accompagnement pour les 16-25 ans très éloignés de l'emploi.
"Il y a une volonté d'agir sur plusieurs plans, dont la lutte contre la grande pauvreté", a salué Patrice Blanc, président des Restos du Cœur, à sa sortie de l'Élysée.
"Partir de l'enfance va permettre de travailler sur l'ensemble de l'accès aux droits : logement, travail pour les parents, accès à l'éducation, santé, culture", a estimé Claire Hédon, présidente d'ATD Quart Monde, saluant "un dialogue de qualité, après les fortes incompréhensions" suscitées pendant l'été par les baisses des APL et des contrats aidés.
Neuf millions de personnes
sous le seuil de pauvreté
Comme d'autres associations, elle a cependant exprimé ses "inquiétudes" sur le niveau des minimas sociaux : après les revalorisations annoncées du minimum vieillesse, de l'allocation pour adultes handicapés et de la prime d'activité, il n'y a "rien sur le RSA".
ATD Quart monde a organisé en fin de journée un rassemblement sur l'esplanade du Trocadéro, auquel a participé Mme Buzyn, a constaté une journaliste de l'AFP.
François Soulage, président du collectif d'associations Alerte, a senti "une petite ouverture" sur les bénéficiaires du RSA. Selon lui, le président estime "qu'on peut trouver des solutions qui permettent d'améliorer la situation des personnes, dès lors qu'elles se mettent en route sur un projet".
Selon l'Insee, 13,9% de la population vivaient sous le seuil de pauvreté en 2016, soit près de 9 millions de personnes. Un enfant sur cinq en France, soit 3 millions, vit sous ce seuil.
L'après-midi, Emmanuel Macron a passé deux heures dans la crèche privée "Les Petits Chaperons rouges" de Gennevilliers (Hauts-de-Seine) qui met l'accent sur l'apprentissage précoce du langage, considéré comme un atout clé tout au long de la vie, à travers un programme national baptisé "Parler Bambin".
Pour la politique contre la pauvreté, "nous allons faire un très gros focus sur la petite enfance et l'enfance", a déclaré le chef de l'État à l'issue de cette visite, après avoir longuement parlé avec élus, éducatrices et parents. "Cela permet aussi d'insérer les parents, c'est un vrai investissement social. Tout se tient", a-t-il poursuivi, citant également ses projets en matière de politique du logement, la division par deux des effectifs des classes de CP dans les zones défavorisées ainsi qu'un "combat de l'orientation" car "si vous êtes en 3e dans une classe difficile vous n'êtes pas le mieux conseillé".
Juste avant sa visite, des élus PCF de Gennevilliers, dont le maire Patrice Leclerc, ainsi que quelques dizaines de militants PCF et CGT de l'OPH (Office pour l'Habitat), le plus gros bailleur social de la ville, s'étaient rassemblés devant la crèche pour protester contre la baisse des aides au logement. Une compagnie de CRS les a repoussés plus loin.