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Allocution télévisée d'Emmanuel Macron depuis le palais de l'Élysée, à Paris, le 14 juin. |
Dans une allocution très attendue de plus d'un quart d'heure, le chef de l'État a aussi défendu pied à pied sa gestion de la crise, faisant fi des nombreuses critiques. "Nous pouvons être fiers de ce qui a été fait et de notre pays", a-t-il lancé, tout en promettant de corriger "vite et fort" les "faiblesses" que l'épidémie a mises à nu.
"Nous n’avons pas à rougir" du bilan de ces trois mois, a insisté le président : "Des dizaines de milliers de vies ont été sauvées par nos choix, par nos actions.
Satisfecit aussi sur le volet économique de la réponse à la crise, et les "500 milliards" mobilisés : "Dans combien de pays tout cela a-t-il était fait ? C’est une chance et cela montre la force de notre État et de notre modèle social."
"Début surréaliste", a aussitôt raillé le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau : "Emmanuel Macron est content de la gestion de la crise. Il oublie que notre pays va accuser une mortalité par millions d’habitants très élevée et l’une des récessions économiques les plus violentes au monde avec en prime un État de droit mis entre parenthèse..."
Alors que les indicateurs sanitaires sont très encourageants, M. Macron s'est d'abord attaché à "tourner la page du premier acte de la crise", répondant aux appels de plus en plus pressants d'accélérer le tempo. Comme espéré par un secteur en souffrance, les cafés et restaurants en Île-de-France pourront ainsi rouvrir normalement dès lundi 15 juin, tandis que les crèches, écoles et collèges fonctionneront à plein à partir du 22 juin et favoriseront la reprise de l'activité économique.
Toute la France métropolitaine passe ainsi au vert et les seuls points de vigilance demeurent à Mayotte et en Guyane, où la circulation du virus est encore active.
Les visites dans les Ehpad se feront par ailleurs sans restriction. Enfin le second tour des élections municipales se tiendra comme prévu le 28 juin.
"Se réinventer"
Mais M. Macron s'est aussi beaucoup projeté sur l'après-crise sanitaire, alors que s'amoncellent les nuages économiques et sociaux. "Les temps imposent de dessiner un nouveau chemin" pour les deux dernières années du quinquennat, a souligné le chef de l'État depuis l'Élysée.
"Chacun d'entre nous doit se réinventer", a-t-il poursuivi. Un mantra qu'il s'"applique d'abord et avant tout" à lui-même.
Le président a décliné trois axes qu'il précisera en juillet, après avoir récolté le fruit des diverses consultations entamées depuis plusieurs semaines. Ce deuxième temps, qui pourrait selon les observateurs être assorti d'un remaniement gouvernemental, sera aussi l'occasion de "lancer les premières actions" concrètes, a encore assuré le chef de l'État.
La première priorité fixée est "la reconstruction d'une économie forte, écologique, souveraine et solidaire", après avoir durant trois mois injecté "500 milliards d'euros" pour éviter son écroulement, a expliqué M. Macron.
S'il a écarté toute augmentation d'impôt dans un pays parmi ceux où "la fiscalité est la plus lourde", il a exhorté à "travailler et produire davantage pour ne pas dépendre des autres". L'accent a également été mis sur l'écologie: rénovation thermique des bâtiments, "soutien à l'industrie verte"...
Ce plan de relance, qui contiendra des mesures notamment pour la "jeunesse", sera préparé pendant l'été.
Il tiendra notamment compte des préconisations de la Convention citoyenne pour le climat qui achève ses travaux dans une semaine, mais aussi du Ségur de la Santé qui doit renflouer l'hôpital et améliorer les conditions de travail des soignants.
"Unité"
Bousculé par un nouveau front, celui des manifestations contre le racisme et les violences policières, après la mort de George Floyd aux États-Unis et le rappel de celle d'Adama Traoré en 2016, M. Macron a aussi prêché "l'unité autour de la République". "Nous unir autour du patriotisme républicain est une nécessité", a notamment plaidé le chef de l'État, en assurant qu'il sera "intraitable face au racisme et à l'antisémitisme". "De nouvelles décisions fortes pour l'égalité des chances seront prises", a insisté celui qui avait fait de ce thème un axe porteur de son programme en 2017. Mais il a aussi mis en garde contre les "communautarismes et les séparatismes". "La République n'effacera aucune trace ni aucun nom de son histoire", ni aucune statue déboulonnée, a-t-il prévenu.
Évoluant sur une délicate ligne de crête face au mécontentement des forces de l'ordre, M. Macron a également envoyé un message d'apaisement en rappelant que "sans ordre républicain, il n'y a ni sécurité, ni liberté". Enfin, M. Macron a renouvelé son vœu d'un nouvel acte de décentralisation, qui était en germe avant l'épidémie. "L'organisation de l'État et notre action doit profondément changer. Tout ne peut pas être tout le temps décidé depuis Paris", a-t-il fait valoir, en disant vouloir "ouvrir une page nouvelle donnant des libertés et des responsabilités inédites à ceux qui agissent au plus près de nos vies".