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Miguel Angel Roca évacue des décombres devant sa maison après le passage de l'ouragan Maria, le 30 septembre à Arecibo, à Porto Rico |
Photo : AFP/VNA/CVN |
À San Juan, la capitale, dans une chaleur étouffante, les résidents passent leurs journées dans de longues files d’attente pour acheter de la glace, du carburant, de l’eau et la nourriture encore disponible.
Téléphones en l’air, des grappes de gens tentent de trouver une zone de réception cellulaire - parfois, au milieu d’une route - pour contacter les proches.
Ceux qui vont au travail le font surtout pour profiter des générateurs électriques de leurs entreprises. Les autres doivent prendre leur mal en patience. L’ouragan a laissé des dégâts considérables sur les infrastructures et les habitations de l’île.
À Guaynabo, près de San Juan, Alejandro et Juana Araujo, et leur fils Xavier, attendent du mieux qu’ils peuvent un retour à la normale.
La famille est suspendue aux informations contradictoires qui circulent par le bouche à oreille. Ils écoutent la radio et marchent au lieu de conduire pour économiser l’essence. Les pillages signalés dans l’île leur donne un sentiment d’insécurité.
"Par mesure de précaution, je dors dehors avec le chien, une machette à la main, parce que je préfère avoir quelque chose dans la main que de me sentir impuissant", confie Alejandro, un informaticien de 53 ans.
Sans électricité, les alarmes de sécurité des habitations ne fonctionnent pas et les voisins se sont organisés pour utiliser le klaxon de leurs voitures s’ils voient des rôdeurs.
Pillages
Deux hommes lavent la boue et les débris devant leur maison à la suite le passage de l'ouragan Maria à Porto Rico. |
"La police est très occupée. Il y a eu moins de vigilance et certains veulent profiter de la situation", déplore Alejandro.
Les autorités n’ont pas dit combien de personnes ont été arrêtées, mais les commerçants de Porto Rico ont fait état de pillages à grande échelle, en particulier juste après le passage de l’ouragan, le matin du 20 septembre.
De longues files d’attente serpentent autour des stations-service, surveillées par la police et dans bien des cas par des gardes armés privés.
"Les gens désespèrent. Je n’ai peur de personne, mais il y a des gens qui ne quittent pas leur maison par peur d’être cambriolés ou attaqués", lance Brian Lafuente, le patron d’une station-service à San Juan.
Les Araujo se disent vulnérables et peu enclins à s’aventurer hors de la maison. Les parents sont de toute façon au chômage technique. Juana, 59 ans, est psychologue et professeur d’université. Alejandro dépend entièrement du réseau internet pour travailler.
Sans internet, électricité, téléphone ou télévision, la vie quotidienne est radicalement modifiée. Le soir, la famille va se coucher vers 21h00, après avoir passé l’après-midi à bavarder avec les voisins.
Alejandro s’est lancé dans un puzzle, Xavier, 16 ans, passe la journée à fabriquer des origami et Juana s’est mise à faire du tricot et la broderie "pour essayer de soulager l’angoisse". Et ils lisent.
"Nous avons de la nourriture. Nous avons un toit sur nos têtes. Rien ne nous est arrivé, nous sommes privilégiés", reconnaît-elle.
Mais l’ouragan a tout de même laissé sa marque dans les esprits.
"Je me suis senti comme l’être le plus insignifiant de tout l’univers. Totalement insignifiante. Microscopique", dit-elle.
AFP/VNA/CVN