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Entre 1961 et 1971, l'armée américaine a largué sur le Vietnam environ 80 millions de litres d'herbicides toxiques lors de l'opération militaire baptisée Ranch Hand. |
Photo: Archives/CVN |
Le jugement des jurés californiens, le premier du genre, ouvre une boîte de Pandore. L’agrochimiste est confronté, aux États-Unis, à plus de 4.000 procédures semblables, devant des juridictions d’État ou des cours fédérales. Cette condamnation fera jurisprudence également pour l’Association des victimes de l’agent orange/dioxine du Vietnam (VAVA) dans sa lutte pour la justice des victimes vietnamiennes.
Le jugement est accablant. Les jurés ont considéré que les produits à base de glyphosate visés par la plainte n’étaient pas aussi sûrs que les utilisateurs étaient en droit de l’attendre, qu’ils étaient "un facteur substantiel" de la maladie du plaignant, que les risques posés par ces produits "étaient connus ou pouvaient être connus à la lumière des connaissances généralement admises par la communauté scientifique au moment de leur fabrication, de leur distribution et de leur vente", et que Monsanto avait failli à en informer ses clients. Les jurés ont en outre estimé que la société avait agi avec "malveillance".
Le verdict rendu par le tribunal de San Francisco, le 10 août, a créé une base juridique solide pour le règlement de poursuites similaires, y compris une nouvelle action en justice préparée par la VAVA après la plainte déposée en 2004, a estimé Quach Thành Vinh, chef du comité de contrôle, directeur du bureau des avocats de liaison de la VAVA, chef de cabinet du comité central de la VAVA.
Environ 80 millions de litres
d'herbicides toxiques
Pendant la guerre du Vietnam, l’aviation américaine a déversé 80 millions de litres d’herbicides toxiques à forte teneur en dioxine, l’un des produits toxiques les plus puissants, sur le Vietnam pour détruire la végétation qui couvrait la progression des soldats vietnamiens et les priver de leurs sources de nourriture.
Ce défoliant détruit des plantes mais aussi la vie et la santé des habitants, en provoquant cancer des poumons et de la prostate, maladies de la peau, du cerveau et des systèmes nerveux, respiratoire et circulatoire, cécité, diverses anomalies à la naissance.
Des millions de familles vietnamiennes sont affectées par les défoliants toxiques déversés sur le pays et vivent dans des conditions très difficiles. Cette situation ne s’est pas améliorée; elle persiste aujourd’hui encore avec les enfants de la quatrième génération, victimes eux aussi de la dioxine.
Outre les préparatifs d’un nouveau procès, la VAVA mène toujours sa lutte sous diverses formes pour rendre justice aux victimes de l’agent orange, comme la mobilisation du soutien des politiciens, des députés, des scientifiques et des citoyens américains et des peuples progressistes du monde entier, a fait savoir Quach Thành Vinh.
En 2004, les victimes vietnamiennes de l’agent orange/dioxine avaient intenté une action collective devant la Cour fédérale de Brooklyn, à New York, contre 37 compagnies américaines - fournisseurs des produits chimiques toxiques utilisés par l’armée américaine au Vietnam - pour réclamer des indemnités pour leurs vies brisées. Mais l’affaire avait abouti à un non-lieu.
Cette décision est absurde car depuis les années 1990, l’Académie américaine et l’Institut de médecine américain confirment l’existence d’un lien entre l’agent orange et 13 maladies humaines. En 1996, le président américain Bill Clinton a présenté ses excuses et reconnu que certaines autres maladies pouvaient être imputées à l’agent orange. Il a même demandé au secrétaire américain aux Anciens combattants de verser des idemnités aux vétérans américains du Vietnam contaminés par l’agent orange.
En 2016, un tribunal international citoyen qui s’est réuni à La Haye (Pays-Bas) a accusé Monsanto de violation des droits de l’homme, d’impact négatif sur l’environnement ainsi que du crime d’"écocide". Ce tribunal citoyen de cinq juges professionnels a rendu un avis consultatif destiné à alimenter les lois existantes, notamment via la création d’une jurisprudence au sein du droit international.
La lutte pour la justice des millions de victimes de l’agent orange vietnamien constitue une tâche fondamentale de la VAVA. Dans ce cas, le procès contre les sociétés chimiques américaines productrices d’agent orange est l’une des principales activités pour rendre justice aux victimes. La VAVA poursuivra donc son combat jusqu’à ce que justice soit faite, a conclu Quach Thành Vinh.
VNA/CVN