Aux dires de Luong Ngoc Chung, de l'Institut de la planification hydraulique, les impacts du changement climatique seront visibles en premier lieu par l'élévation du niveau des océans, qui aura pour effet d'aggraver le phénomène de vives-eaux et, de fait, les inondations, de saliniser les terres situées au niveau de la mer ainsi que de compliquer l'approvisionnement en eau. Le problème est que ces facteurs ne sont toujours pas pris en compte dans le plan d'aménagement des bassins fluviaux du Centre du pays.
Cet institut avertit que si l'on n'installe pas rapidement des ouvrages permettant de faire face à la montée des océans, l'infiltration de l'eau salée dans les terres arables menacera l'agriculture sur de vastes étendues. Selon les modèles réalisés sur les impacts du changement climatique aux alentours de 2050, le niveau moyen des cours d'eau de la basse région sera supérieur de 3,1% à 6,3% par rapport à aujourd'hui. Ce qui engendrera des difficultés d'approvisionnement en eau douce pour un million d'habitants et environ 81.000 ha de terres arables (soit 17% de la surface cultivée dans ces plaines). Les inondations et crues seront plus importantes, puisque le niveau de la mer devrait monter de 30 cm. Un problème qui concernera 170.000 ha, parmi lesquels 28.000 ha risquent d'être constamment submergés.
Pour éviter ces conséquences dévastatrices, l'Institut de la planification hydraulique a présenté de nombreuses mesures cohérentes, dont la construction d'ouvrages de régulation du débit des cours d'eau, de lutte contre l'incursion de l'eau salée, la réfection du système de brise-vagues et de digues installé au niveau des estuaires. Mais ces ouvrages ont un coût extrêmement élevé : plus de 109.000 milliards de dôngs. Nguyên Vu Viêt, de l'Institut des sciences hydrauliques du Vietnam, déplore lui aussi le fait que la plupart des plans de développement établis pour le Centre et ses bassins versants omettent la question des impacts du changement climatique, alors que c'est une nécessité absolue. En conséquence, cet institut a proposé plusieurs solutions dont la transformation des marais et des baies littorales en lacs-réservoirs d'eau douce, la construction de barrages sur les rivières Vinh Diên, Thu Bôn, Trà Khuc et Cai pour empêcher l'invasion de l'eau salée, l'installation de lacs-réservoirs en amont pour limiter les crues en aval et la mise en place d'autres ouvrages de régulation du débit en aval.
En 2030, environ 45% des terres du delta du Mékong seront envahies par l'eau salée, avertit le Service des ressources naturelles et de l'environnement de la province d'An Giang. D'où une baisse de 20% à 25%, voire de 50% du rendement rizicole. Et environ 15.000 à 20.000 km2 des basses terres proches du littoral seront totalement submergées dans quelques années seulement. Le débit du Mékong chutera de 2% à 24% en saison sèche et augmentera de 7% à 15% en saison pluviale par rapport à la normale. La province d'An Giang, pour sa part, est de plus en plus affectée par les impacts du changement climatique, où depuis 2005, son agriculture perd environ 78 milliards de dôngs/an, ce en raison de la sécheresse et de l'infiltration de l'eau salée.
Quê Anh/CVN