>>Royaume-Uni : nouveau plan contre le plastique, insuffisant pour Greenpeace
Carte d'Europe des pays de l'UE en 2015 et déchets plastiques par habitant en kilogrammes. |
Le premier vice-président de l'exécutif européen, Frans Timmermans, s'est dit convaincu que les habitudes des Européens, qui produisent 25 millions de tonnes de déchets plastiques par an, pouvaient changer.
"Si vous expliquez à vos enfants qu'il faut cinq secondes pour produire une paille en plastique, pendant combien de temps vont-ils l'utiliser ? Cinq, dix minutes ? Mais si vous leur expliquez qu'il lui faut 500 ans pour se désintégrer une fois jetée, alors ils ne voudront plus l'utiliser", a-t-il assuré lors d'une conférence de presse à Strasbourg.
Seulement 30% des déchets plastiques sont recyclés
Seulement 30% des déchets plastiques des Européens sont recyclés à l'heure actuelle. Le reste finit incinéré pour produire de l'énergie (39%) ou en décharge (31%).
La "stratégie" présentée par la Commission se traduira par une nouvelle proposition législative avant la fin de l'année, a promis M. Timmermans. Pour l'instant, la Commission s'est engagée sur plusieurs points, et notamment à "rendre le recyclage rentable pour les entreprises".
"Pour l'instant on ne peut pas dire qu'il existe un marché unique" pour les déchets dans l'UE, a reconnu Jyrki Katainen, vice-président chargé des affaires économiques. "Il va falloir définir des règles pour échanger des produits standards", a-t-il souligné.
Exemple concret : les différentes couleurs des bouteilles en plastique rendent le tri et le recyclage plus coûteux. Renoncer à une jolie bouteille teintée ? Un bien petit sacrifice pour le consommateur, selon la Commission.
Cette ambition de contrôler le cycle de vie du plastique du début à la fin est dévoilée au moment où le pays leader du recyclage, la Chine, vient de fermer ses pertes aux déchets étrangers. Or l'UE exporte la moitié de ses plastiques collectés et triés, dont 85% vers la Chine.
"Nous devrions utiliser cette décision pour nous remettre en question et nous demander pourquoi nous Européens ne sommes pas capables de recycler nos propres déchets", a argué M. Timmermans.
Un homme trie des bouteilles plastiques pour les recycler à Dong Xiao Kou, dans la banlieue de Pekin. |
La nouvelle stratégie vise aussi à libérer les mers et océans des 700 kg de plastiques qui y échouent tous les jours. La Commission "prendra des mesures pour limiter l'usage des microplastiques", qu'on retrouve dans les cosmétiques et les détergents notamment.
L'exécutif européen veut aussi imposer de nouvelles règles sur les installations de réception dans les ports, pour que les déchets générés en mer par les navires ne soient pas abandonnés ou rejetés à l'eau.
Il promet également de donner 100 millions d'euros supplémentaires à la recherche pour favoriser les innovations techniques.
La Commission a déjà pris plusieurs mesures pour tenter de faire reculer la domination du plastique, visant notamment à réduire de façon drastique l'utilisation de sacs à usage unique.
Concernant l'idée d'une "taxe plastique", évoquée comme une piste pour trouver des sources propres de financement à l'UE, les deux commissaires se sont montrés prudents. "Plus la stratégie plastique fonctionne bien, moins on collecte d'argent", a remarqué M. Katainen.
Plastics Europe, l'association des fabricants européens de plastique basée à Bruxelles, a salué les initiatives de la Commission.
"Seule une restriction juridiquement contraignante sur la mise en décharge de tous les recyclables et autres déchets récupérables mettra fin à la mise en décharge de déchets qui pourraient être utilisés comme une ressource", a estimé Karl-H. Foerster, le directeur exécutif, dans un communiqué.