>>Les États-Unis taxent l'acier et l'aluminium importés, les alliés ripostent
>>Acier: l'UE craint que son offre commerciale soit "insuffisante" pour Donald Trump
La commissaire européenne au Commerce, Cecilia Malmström, le 1er juin |
Photo: AFP/VNA/CVN |
Les nouvelles taxes, officiellement entrées en vigueur vendredi 22 juin à 00h00 heure de Bruxelles (jeudi 21 juin, 22h00 GMT), se veulent la réponse des Européens aux taxes de 25% sur l'acier et de 10% sur l'aluminium imposées par les États-Unis à la plupart des pays du monde, dont certains de ses alliés.
"La décision unilatérale et injustifiée des États-Unis" d'imposer ces droits de douane "ne nous laisse pas d'autre choix", a insisté cette semaine la commissaire européenne au Commerce, Cecilia Malmström.
"Les règles du commerce international ne peuvent être violées sans réaction de notre part", a ajouté Mme Malmström, précisant que "si les États-Unis suppriment leurs tarifs douaniers", les mesures européennes seraient "également supprimées".
Avant l'UE, le Mexique, également concerné, avait mis en place début juin des mesures de rétorsion contre Washington, tandis que le Canada compte le faire début juillet.
Dans ce contexte, déjà marqué par les tensions entre la Chine et les États-Unis, le spectre d'une guerre commerciale mondiale se dessine.
Le risque est d'autant plus grand que Donald Trump envisage aussi de taxer les automobiles étrangères - ce qui porterait tout particulièrement préjudice aux constructeurs japonais et allemands.
La crainte d'une escalade dans le conflit a d'ailleurs agité jeudi 21 juin les bourses européennes, qui ont fini dans le rouge.
"Nous avons une guerre commerciale - et c'est une guerre commerciale qui s'intensifie ", a estimé Robert Bergqvist, économiste à la banque suédoise SEB, dans une interview à l'AFP.
Pour le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, la réponse européenne se veut "claire et mesurée" face à une décision américaine qui "défie toute logique".
"Portée symbolique"
Les taxes imposées par l'UE s'appliquent sur une liste de biens fabriqués aux États-Unis, comme des produits agricoles (riz, maïs, tabac...), en acier, ainsi que des véhicules (motos, bateaux...) ou du textile.
"Si nous avons choisi des produits comme les (motos) Harley-Davidson, le beurre de cacahuète, le bourbon, c'est parce qu'il y a des alternatives sur le marché (européen). Nous ne voulons rien faire qui puisse nuire aux consommateurs", a expliqué jeudi 21 juin le vice-président de la Commission européenne Jyrki Katainen.
"De plus, ces produits auront politiquement une forte portée symbolique", a-t-il argué.
Les Européens ont longtemps espéré échapper aux taxes punitives annoncées en mars par Donald Trump. Mais après deux exemptions temporaires et des tentatives de discussions commerciales avec Washington, l'UE a finalement vu ces taxes s'appliquer le 1er juin.
Dans la foulée, les Européens ont déposé une plainte devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Ils comptent aussi instaurer des mesures dites "de sauvegarde" pour protéger leur marché de l'acier et de l'aluminium étrangers qui ne trouveraient plus de débouchés aux États-Unis.
Les mesures de rétorsion appliquées depuis vendredi 22 juin sur les produits américains correspondent, en valeur, aux dommages causés par la décision américaine sur les exportations européennes d'acier et d'aluminium vers les États-Unis, soit un total de 6,4 milliards d'euros en 2017.
L'UE exercera d'abord ses droits sur les biens américains à hauteur de 2,8 milliards d'euros.
Le rééquilibrage sur les 3,6 milliards d'euros restants, aura lieu soit dans trois ans, soit après une éventuelle victoire des Européens dans leur recours devant l'OMC.