>>L'UE doit rester proche des pays des Balkans candidats à une adhésion
>>Le Groupe de Visegrad soutient l'élargissement de l'UE dans les Balkans occidentaux
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le Premier ministre slovène Janez Jansa, lors d'un sommet de l'UE à Brdo (Slovénie), le 6 octobre. |
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"Nous souhaitons envoyer un message clair : nous vous voulons dans l'UE, gardez le cap, n'abandonnez pas. Le but est à portée de main", a affirmé la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, aux six candidats (Albanie, Bosnie, Serbie, Monténégro, Macédoine du Nord et Kosovo), bloqués depuis des années dans l'antichambre de l'Union.
"Nous partageons la même histoire (...) également le même destin", a-t-elle ajouté, assurant que "l'UE n'est pas pleinement achevée sans les Balkans occidentaux".
Refus d'une date butoir
Si la déclaration finale du sommet note "l'intérêt stratégique mutuel" à s'unir, elle souligne aussi la nécessité pour l'UE, confrontée à des conflits récurrents sur l'État de droit avec la Pologne ou la Hongrie, d'"approfondir son propre développement". Et ce afin de "pouvoir intégrer de nouveaux membres".
Dans ce contexte, les Vingt-Sept ont refusé de soutenir la proposition de la présidence semestrielle slovène de fixer une date limite d'adhésion, à savoir 2030.
"Je ne crois pas à un délai qui ne ferait que nous mettre sous pression, que les conditions soient remplies ou non", a expliqué la chancelière allemande Angela Merkel en conférence de presse.
Ces conditions, c'est d'abord que les entrants respectent "les valeurs fondamentales de l'État de droit et de la lutte contre la corruption, l'ADN du projet européen", a rappelé le président du Conseil européen Charles Michel, à l'issue de la réunion.
Reste aussi à régler les conflits entre les différents candidats, entrave majeure au processus d'intégration qui se situe à des stades divers selon les pays.
La Bulgarie met en avant un différend historique avec la Macédoine du Nord pour défendre son veto au démarrage des pourparlers.
Les relations sont également tendues entre le Kosovo et la Serbie, qui n'a jamais reconnu l'indépendance de son ancienne province en majorité peuplée d'Albanais.
Russes et Chinois en embuscade
Arrivés au sommet sans cacher leur frustration, les dirigeants des pays qui sont candidats pour certains depuis deux décennies ont fait montre de patience.
Emmanuel Macron, Angela Merkel et des dirigeants des pays membres de l'UE et des pays des Balkans à leur arrivée au château de Brdo, en Slovénie, le 5 octobre. |
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"Tous ont écouté attentivement et ils comprennent bien que l'UE a des intérêts stratégiques dans cette partie de l'Europe", a estimé le président serbe Aleksandar Vucic.
"Actuellement, l'élargissement aux Balkans n'est ni un thème dominant ni un thème populaire", a-t-il reconnu, soulignant que "certains en Europe de l'Ouest ont leurs élections bientôt".
Les six pays bénéficient certes du soutien actif de l'Autriche, de la Hongrie ou de la Slovénie, pays hôte de la réunion qui assure actuellement la présidence tournante de l'UE.
Mais les réticences des autres États membres sont trop fortes, notamment de la France ou du Danemark : certains redoutent un afflux migratoire, d'autres blâment des réformes trop timides.
Face à ce blocage, la Russie et la Chine avancent leurs pions dans cette région stratégique.
Elles y ont envoyé des millions de doses de vaccin pour l'aider à lutter contre la pandémie provoquée par le coronavirus.
Moscou entretient des liens profonds avec les pays où la religion orthodoxe est prédominante comme la Serbie.
Et Pékin a consenti d'importants prêts, dont un milliard d'USD pour une route que le Monténégro peine à rembourser.
En réponse, l'UE, le premier bailleur de fonds dans la zone, a mis en avant un paquet économique qui, selon elle, pourrait apporter une aide "sans précédent" d'un montant de 30 milliards d'euros sur sept ans.
Elle envisage aussi des rapprochements "tangibles", notamment en mettant fin aux frais d'itinérance téléphonique, tandis que les populations ne voient pas leur niveau de vie s'améliorer.
La fondation Bertelsmann, qui met en exergue une situation économique toujours "déplorable", rappelle que le PIB par habitant des six pays représente "entre 20 et 40% de celui des Allemands".
AFP/VNA/CVN