L'UE n'exclut pas d'imposer des quotas de femmes à la tête des entreprises

Le président du Parlement européen Jerzy Buzek et la vice-présidente de la Commission, Viviane Reding, ont plaidé pour l'instauration en dernier recours de quotas de femmes dans les conseils d'administration et à la tête des entreprises, dans une tribune publiée le 1er mars.

"Faire un meilleur usage des talents des femmes n'est pas seulement une question d'égalité et d'équité. C'est une question d'efficacité économique", écrivent les deux responsables européens dans le quotidien International Herald Tribune.

L'objectif est que d'ici 2015, au moins 30% des membres des conseils d'administration des entreprises européennes soient des femmes et que d'ici 2020, on compte au moins 40% de femmes en leur sein, ont annoncé M. Buzek et Mme Reding. "Dans un monde idéal, les entreprises devraient atteindre cet objectif volontairement", ont noté les deux responsables. "Mais", ont-ils ajouté, "nous sommes aussi prêts, à partir de 2012, à intervenir de façon contraignante si nécessaire."

L'Europe des entreprises reste encore un univers masculin : dans les conseils d'administration des grandes entreprises européennes, à peine un membre sur dix est une femme, et dans 97% des cas, le Pdg est un homme.

Les chiffres varient d'un pays à l'autre : en Suède et en Finlande, les conseils d'administration comptent 26% de femmes, contre 2% à Malte.

Pourtant, des études révèlent que les entreprises comptant davantage de femmes aux postes de direction obtiennent de meilleurs résultats que celles qui réservent ces fonctions aux hommes.

Si 60% des diplômés de l'université sont des femmes, celles-ci demeurent sous-représentées aux postes de décision économique.

Mme Reding a rencontré ce le 1er mars des Pdg et des membres de conseils d'administration d'entreprises cotées en bourse de dix pays européens, dont le Français Laurent Boillot, Pdg de Guerlain, ou l'Allemand Jürgen Hambrecht de BASF.

Elle a invité les dirigeants des entreprises européennes à signer "un engagement" pour augmenter la présence des femmes dans les conseils d'administration. "D'ici un an, la Commission évaluera s'il y a eu des progrès importants et si des initiatives d'autorégulation crédibles ont été mises en oeuvre pour améliorer la participation des femmes au processus décisionnel", a-t-elle dit. "Si cela s'est produit, je féliciterai le monde des affaires européen. Si l'autorégulation échoue, vous pourrez compter sur ma créativité en matière de réglementation", a-t-elle ajouté.

D'autres rencontres entre Mme Reding et des dirigeants d'entreprises européennes sont prévues dans les prochains mois.

Si la progression vers un équilibre raisonnable (soit, selon la Commission, au moins 40% de femmes) est lente en Europe, certains pays connaissent de réelles avancées.

La Finlande, la Suède, les Pays-Bas et le Danemark ont adopté des codes de gouvernance d'entreprise et/ou des chartes reposant sur une adhésion volontaire, qui ont eu pour effet de renforcer la présence des femmes dans les conseils d'administration.

Une législation instaurant des quotas est déjà en vigueur en Norvège et est en voie de mise en oeuvre en France et en Espagne, tandis que les Pays-Bas, l'Italie et la Belgique en débattent actuellement.

Mais, actuellement, si rien ne change, au rythme où les femmes intègrent les conseils d'administration, "il faudrait encore 50 ans pour atteindre un équilibre entre hommes et femmes au sein des conseils d'administration des entreprises européennes", ont noté M. Buzek et Mme Reding dans leur tribune. "S'il n'y a pas de progrès tangibles, la deuxième étape est claire : l'Europe aura recours à des quotas juridiquement contraignants", ont prévenu les deux responsables européens.

AFP/VNA/CVN

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