>>Royaume-Uni : le chancelier présente son budget pour sortir de la crise du COVID-19
>>Royaume-Uni : le taux de chômage monte à 5,1%
Le Chancelier de l'Échiquier, Rishi Sunak, porte la valise budgétaire à la sortie du 10 Downing Street, le 3 mars à Londres. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Le ministre des Finances a déclaré à la Chambre des Communes, après s'être rendu au Parlement muni d'une traditionnelle valise rouge contenant son texte budgétaire, que le gouvernement britannique a "fait et fera" "tout ce qui est nécessaire" pour aider les Britanniques à traverser cette crise.
Le Royaume-Uni, pays européen au pire bilan sanitaire, est aussi le pays développé ayant subi le plus important choc économique avec un plongeon du PIB de 9,9% l'an dernier, la pire dégringolade en 300 ans.
Le ministre des Finances a donc annoncé une prolongation jusqu'à fin septembre du système de chômage partiel, grâce auquel le gouvernement prend en charge jusqu'à 80% des salaires à hauteur de 2.500 livres par mois.
Les employeurs seront appelés à contribution à partir de juillet quand le gouvernement réduira sa subvention à 70% des salaires puis 60% dès août.
De nouveaux prêts aux entreprises sont également prévus ainsi que plus de 700 millions de livres pour venir en aides aux entreprises culturelles et sportives.
Des aides directes de plusieurs milliers de livres sont aussi en préparation pour les secteurs les plus durement touchés par la pandémie, comme la restauration, les commerces ou les pubs, qui vont aussi bénéficier d'un gel des taxes sur l'alcool et d'une baisse de TVA sectorielle.
Une suspension de la taxe sur les transactions immobilières, qui a alimenté un mini boom des achats de logements, est également maintenue, tout comme une revalorisation de 20 USD par semaine des allocations de revenu minimal.
Complication du Brexit
Le ministre des Finances, Rishi Sunak (droite), prend la parole à la Chambre des Communes. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Rishi Sunak, soucieux d'orthodoxie budgétaire, a également insisté : "une fois que nous serons sur la voie de la reprise, nous devrons commencer à redresser les finances publiques".
En raison du confinement actuel, l'économie britannique devrait se contracter à nouveau au premier trimestre, jusqu'à une progressive levée des restrictions à l'activité étalée entre mars et juin.
Le Brexit a apporté une complication supplémentaire avec de grosses perturbations dans les livraisons et exportations, entre déclarations administratives alourdies et taxes qui ont pris de court certaines PME.
Cette année, l'économie du Royaume-Uni devrait connaître une croissance de 4% d'après les prévisions de l'organisme public OBR qui tablait encore sur une hausse de 5,5% en novembre, avant le nouveau confinement.
Mais l'économie devrait retrouver son niveau d'avant la pandémie mi-2022, plus vite que prévu, grâce à l'accélération de la croissance à 7,3% l'an prochain.
Au total, le budget comporte des annonces de nouvelles mesures d'aides s'élevant à 65 milliards de livres pour cette année et la prochaine.
À la fin de la prochaine année fiscale, le gouvernement aura injecté au total 407 milliards de livres pour maintenir l'économie sous perfusion, et emprunté 355 milliards de livres, un record depuis la deuxième guerre mondiale.
M. Sunak a donc annoncé une hausse de l'impôt sur les sociétés à 25% d'ici 2023 contre 19% actuellement. Pour rassurer les milieux d'affaires, il s'est empressé d'ajouter que même avec ce relèvement le Royaume-Uni garderait le niveau de taxe pour les entreprises "le plus bas du G7".
Cette augmentation ne concernera toutefois pas les petites entreprises, a-t-il fait valoir, annonçant aussi une déduction fiscale pour les entreprises quand elles investissent.
"Le budget fournit plus de soutien économiques à court terme qu'attendu, mais aussi plus de hausses de taxes que prévu à partir de 2023. Ce qui aide le déficit public à revenir quasi à son niveau d'avant la pandémie d'ici 2025/2026", remarque la maison de recherche Capital Economics.
"Ne vous y trompez pas, l'augmentation proposée (...) est un grand revirement comparé aux décennies précédentes de politiques et un risque important. Malgré toute la rhétorique sur le fait de garder le taux principal sous celui des autres pays du G7, notre taux effectif sera relativement élevé", estime pour sa part le très écouté centre de réflexion IFS.
Les organisations écologistes Greenpeace et Extinction Rebellion ont pour leur part dénoncé un budget pas à la hauteur face à l'urgence climatique et aux promesses gouvernementales de viser la neutralité carbone en 2050.
AFP/VNA/CVN