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Les médecins soignent les enfants blessés dans un hôpital à la province septentrionale de Saada (Yémen). Photo: Xinhua/VNA/CVN |
L'ambassadrice britannique à l'ONU, Karen Pierce, qui préside le Conseil et s'exprimait en son nom, a fait part à des journalistes, après une réunion à huis clos sur le Yémen, de sa "grande préoccupation" et appelé à "une enquête crédible et transparente".Plus tôt vendredi 10 août, la coalition militaire sous commandement saoudien, qui intervient au Yémen contre les rebelles Houthis, a annoncé l'ouverture d'une enquête sur le raid.
Le Conseil de sécurité n'a pas ordonné le lancement d'une enquête séparée, mais "va maintenant discuter avec l'ONU et d'autres pour voir comment l'enquête peut avancer au mieux", a précisé Mme Pierce.
Une position critiquée par l'ONG Human Rights Watch (HRW), qui aurait souhaité que le Conseil demande l'ouverture d'une enquête indépendante.
"La triste vérité est que l'on a donné aux Saoudiens l'opportunité d'enquêter eux-mêmes et les résultats sont risibles", a commenté Akshaya Kumar, directrice adjointe de HRW pour l'ONU.
Cette alliance, qui intervient au Yémen depuis 2015 en soutien aux forces gouvernementales contre les rebelles Houthis, a consenti à ouvrir une enquête après des appels pressants de l'ONU et de Washington.
"Ouverture immédiate d'une enquête"
Sur le marché de Dayhan, dans la province septentrionale de Saada, des restes humains ainsi que des cartables d'enfants étaient toujours visibles, selon des images de l'AFP. Le bus bleu et blanc qui transportait les écoliers apparaît lui entièrement déchiqueté.
"Les écoliers m'ont parlé de ce voyage pendant deux jours. (...) Leurs mères m'ont dit qu'ils n'avaient pas fermé l'oeil de la nuit tellement ils étaient heureux de participer à cette sortie scolaire", a affirmé à l'AFP Yahya Hussein, un des enseignants.
Au moins 29 enfants âgés de moins de 15 ans ont péri jeudi 9 août dans des frappes contre leur bus sur un marché très fréquenté de Dahyan --zone contrôlée par les Houthis-- selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Quarante-huit blessés, dont 30 enfants, ont été admis dans un hôpital géré par l'organisation.
Les funérailles doivent avoir lieu "plus tard", a indiqué à l'AFP Yahya Shahem, du "ministère" de la Santé des Houthis à Saada, sans préciser de date.
Un photographe de l'AFP a vu des hommes creuser des tombes les unes à côté des autres en prévision de l'inhumation des jeunes victimes. La coalition a annoncé "l'ouverture immédiate d'une enquête" à la suite d'informations concernant "une opération des forces de la coalition dans la province de Saada jeudi et d'un bus de passagers ayant subi des dommages collatéraux".
Un bus détruit par une frappe attribuée à la coalition militaire dirigée par les Saoudiens, le 10 août 2018 à Dahyan, au Yémen. Photo: AFP/VNA/CVN |
"Ouvrir les yeux"
L'ambassadrice américaine à l'ONU, Nikki Haley, a qualifié d'"effrayantes" les images du raid ayant tué les enfants et a appelé la coalition à finir rapidement son enquête, publier les conclusions et prendre ses responsabilités.
Cette réunion du Conseil avait été demandée par la Bolivie, les Pays-Bas, le Pérou, la Pologne et la Suède, tous des membres non permanents du Conseil de sécurité. Avant la réunion, les Pa
ys-Bas avaient insisté sur le fait que l'enquête devait être indépendante, laissant entendre que la décision de la coalition de lancer une investigation était insuffisante.
"Nous avons vu les images des enfants qui sont morts", a déclaré à la presse l'ambassadrice adjointe des Pays-Bas à l'ONU, Lise Gregoire-van Haaren. "Ce qui est crucial maintenant, c'est d'avoir une enquête crédible et indépendante", a-t-elle ajouté.Le Conseil de sécurité n'a pas spécifié si l'enquête devait être indépendante, comme l'a demandé le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres jeudi 9 août.
Af Dahyan, le "ministre" de la Santé Houthi, Taha el-Moutawakel, a indiqué à la presse que "51 personnes avaient été tuées, dont 40 enfants" et 79 blessés dont 56 enfants, dénonçant "un crime horrible" qu'il a attribué à la coalition.
Selon lui, "ce bilan n'est pas définitif, de nombreuses personnes étant encore portées disparues". "Nous manquons de sang" a déploré de son côté Jamil Al-Fareh, un médecin urgentiste à l'hôpital de la ville de Saada.
"Guerre cruelle"
Par le passé, cette coalition a été accusée de plusieurs "bavures" contre des civils. Elle a admis sa responsabilité dans certains raids mais elle accuse régulièrement les Houthis d'utiliser les civils en tant que boucliers humains et de recruter des enfants.
Les rebelles sont soutenus par l'Iran mais Téhéran conteste leur fournir un appui militaire. "Le monde a-t-il vraiment besoin de voir davantage d'enfants innocents tués pour arrêter la guerre cruelle au Yémen?", avait réagi pour sa part le directeur de l'UNICEF pour le Moyen-Orient, Geert Cappelaere. La guerre au Yémen a fait quelque 10.000 morts depuis l'intervention de la coalition et provoqué "la pire crise humanitaire" au monde, selon l'ONU.
AFP/VNA/CVN