>>Brexit : l'UE prête à continuer à négocier en janvier face au blocage sur la pêche
>>Londres et Paris trouvent un accord sur les approvisionnements transmanches
Boris Johnson et Ursula von der Leyen, le 9 décembre à Bruxelles. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Un source européenne évoquait "de grandes chances" de conclure un accord dans la soirée, voire jeudi 24 décembre.
Le Premier ministre irlandais Micheal Martin a évoqué des "signaux positifs" sur RTE.
Selon une source gouvernementale française, les Britanniques ont consenti "d'énormes concessions", en particulier sur la pêche, ultime point d'achoppement des discussions.
"Il y a eu des mouvements du côté britannique, mais le diable est dans les détails des textes et nous n'y sommes pas encore", a tempéré une source diplomatique. "On vérifie que toutes les garanties sont bien là", un processus qui pourrait prendre "toute la nuit" avant l'annonce d'un accord jeudi matin 24 décembre "si tout va bien", selon cette même source.
S'il est confirmé, un compromis entre la Commission européenne et le Royaume-Uni devra encore être validé par les États membres, un processus qui devrait prendre plusieurs jours.
Mais il reste en théorie suffisamment de temps pour qu'un éventuel traité entre en application provisoire le 1er janvier, quand le Royaume-Uni, qui a officiellement quitté l'UE le 31 janvier dernier, aura définitivement abandonné le marché unique.
Le texte, de près de 2.000 pages, serait alors validé a posteriori par le Parlement européen.
L'aboutissement de ces négociations, débutées en mars, permettrait aux deux parties de s'épargner un "no deal" aussi embarrassant sur le plan politique que dommageable au niveau économique.
Concurrence déloyale
Sans accord, les échanges entre l'UE et Londres seraient régis par les seules règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), synonymes de droits de douane, de quotas, ainsi que de formalités administratives susceptibles d'entraîner des embouteillages monstres et des retards de livraison.
Un scénario noir pour le Royaume-Uni, déjà malmené par une variante plus virulente du coronavirus qui l'a isolé du reste du monde.
Les négociations sont depuis lundi entre les mains de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et du Premier ministre britannique Boris Johnson, qui ont échangé à plusieurs reprises pour tenter de surmonter l'impasse sur la pêche.
Malgré son faible poids économique, le secteur revêt une importance politique et sociale pour plusieurs État membres, dont la France, les Pays-Bas, le Danemark ou l'Irlande. Mais les Britanniques en ont fait le symbole de leur souveraineté retrouvée après le divorce.
Les tractations se concentrent sur le partage des quelque 650 millions d'euros de produits pêchés chaque année par l'UE dans les eaux britanniques et la durée de la période d'adaptation pour les pêcheurs européens.
Les autres sujets jusque là problématiques -la manière de régler les différends et les mesures de protection contre toute concurrence déloyale- ont pour leur part été réglés ces tout derniers jours.
Sécurité juridique
La conclusion d'un texte en à peine dix mois -quatre ans et demi après le référendum de juin 2016 sur le Brexit- constituerait une prouesse pour Londres et Bruxelles, surtout pour un accord de cette envergure, puisque de tels pourparlers prennent des années.
Il avait d'ailleurs fallu deux ans et demi pour négocier l'Accord de retrait scellant le départ britannique, conclu fin 2019, un texte qui apporte une sécurité juridique aux expatriés des deux côtés de la Manche et fournit des garanties sur le maintien de la paix sur l'île d'Irlande.
Avec cet accord, l'UE offrirait à son ancien État membre un accès inédit sans droit de douane ni quota à son immense marché de 450 millions de consommateurs.
Mais cette ouverture sera, le cas échéant, assortie de strictes conditions: les entreprises d'outre-Manche devront respecter un certain nombre de règles évolutives au fil du temps en matière d'environnement, de droit du travail et de fiscalité pour éviter tout dumping.
Un mécanisme permettra aux deux parties pourrait permettre d'activer rapidement des contre-mesures, comme des droits de douane, en cas de divergences sur ces normes.
L'UE réclame également des garanties en matière d'aides d'État, pour s'assurer que Londres ne soit pas tentée de fausser le jeu en subventionnant ses firmes à tout-va.
En cas de "no deal", le Royaume-Uni perdrait beaucoup plus que l'Europe : les Britanniques exportent 47% de leurs produits vers le continent, quand l'UE n'écoule que 8% de ses marchandises de l'autre côté de la Manche.
AFP/VNA/CVN