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Le ministre des Finances britannique, Jeremy Hunt, à Londres. |
Photo : AFP/VNA/CVN |
Jeremy Hunt devrait par ailleurs se targuer de ne pas avoir eu besoin pour l'instant de l'argent du contribuable pour la reprise de SVB UK, filiale en faillite de la banque américaine du même nom, reprise par le géant HSBC afin d'éviter la contagion au secteur technologique du Royaume-Uni.
Si les perspectives économiques du pays ne sont guère réjouissantes - Londres sera cette année la seule grande économie à connaître la récession, selon le FMI - le Chancelier de l'Échiquier peut compter sur des indicateurs meilleurs que prévu.
Le Royaume-Uni a évité la récession fin 2022 et la croissance a rebondi à 0,3% en janvier dans le pays. En outre, Londres a emprunté 30 milliards de livres de moins que prévu en cumulé au cours de l'exercice fiscal en cours.
Le gouvernement de l'ex-Première ministre Liz Truss avait affolé les marchés en septembre avec un "mini budget" massif et non financé (la forçant à faire marche arrière avant de démissionner). M. Hunt, entré au gouvernement avec la mission de rassurer les marchés, avait dévoilé en novembre un budget de rigueur.
Aide aux factures
Les récentes bonnes nouvelles sur le front du PIB et des finances publiques lui donnent un peu de marge de manœuvre, mais l'embellie de l'économie risque d'être de courte durée.
Et vu les remous provoqués par la faillite de SVB, "Jeremy Hunt doit rester ennuyeux et prévisible s'il ne veut pas perturber les marchés", résume Sarah Coles, économiste chez Hargreaves Lansdown, relevant que le gouvernement a déjà distillé nombre de mesures ces derniers jours.
L'une est particulièrement attendue. M. Hunt devrait choisir de ne pas diminuer un des mécanismes d'aide aux factures d'électricité à partir du 1er avril, comme c'était prévu à l'origine, ce qui serait un soutien bienvenu pour des ménages confrontés depuis des mois à une inflation qui dépasse 10% et dont beaucoup se retrouvent en grande précarité.
M. Hunt est également attendu au tournant sur les salaires des fonctionnaires, alors que les grèves se multiplient depuis plusieurs mois pour le pouvoir d'achat dans la santé ou dans l'éducation, mais aussi sur un éventuel coup de pouce sur les taxes sur le carburant ou les cotisations de retraites.
Le ministre des Finances devrait aussi annoncer son intention de créer 12 "zones d'investissement", accompagnées d'incitations fiscales, axées sur la technologie, le secteur créatif, les sciences de la vie, la manufacture de pointe et les industries "vertes".
Ces zones, qui seront situées notamment dans le Nord et le Centre de l'Angleterre, viendront compléter un programme de dix ports francs en Angleterre et en Écosse, à la fiscalité avantageuse et dont les trois premiers sont opérationnels depuis décembre.
Pénurie de main d'œuvre
Face aux graves problèmes de main d'œuvre rencontrés par les entreprises du pays, le gouvernement compte mettre en place des incitations pour encourager les plus de 50 ans, les malades de longue durée, les personnes handicapées, ou encore les bénéficiaires d'allocations à revenir sur le marché du travail.
L'exécutif compte aussi s'attaquer au coût de la garde d'enfants, bien trop chère pour de nombreux ménages, en avançant certains frais et en rehaussant le plafond des aides.
Mais ces aides ciblent les plus modestes et pourraient s'avérer insuffisantes pour la classe moyenne qui "ploie également sous le poids de frais de garde à temps plein de près de 15.000 livres" annuellement, prévient Susannah Streeter, analyste de Hargreaves Lansdown.
Les aides gouvernementales pour augmenter la main d'œuvre sont bienvenues, estime de son côté la principale organisation patronale britannique CBI.
Mais le monde des affaires s'inquiète d'une hausse de l'impôt sur les sociétés de 19 à 25% en avril, et demande à l'exécutif le prolongement d'incitations fiscales à l'investissement.
AFP/VNA/CVN