>>France : l'Insee confirme de fortes créations d'emplois salariés au 1er trimestre
>>France: l'Insee abaisse à nouveau sa prévision de croissance pour 2016
Sur un an, les prix à la consommation ont augmenté de 1,4% en France selon l'Insee |
C'est la deuxième fois que l'institut statistique révise à la hausse sa prévision de croissance pour cette année. Tablant initialement sur 1,6%, il avait revu en octobre dernier ce chiffre, le faisant passer à 1,8%.
Dans sa note de conjoncture trimestrielle, l'organisme public a encore rehaussé sa prévision de 0,1 point, se montrant plus optimiste que le gouvernement, la Banque de France, la Commission européenne et les autres organismes internationaux. "La croissance est installée depuis fin 2016 sur un rythme solide, d'environ 0,5% par trimestre", a commenté lors d'une conférence de presse Julien Pouget, chef du département de la conjoncture à l'institut statistique. D'ici la mi-2018, "la France garderait cette cadence", a-t-il pronostiqué.
Dans le détail, le PIB devrait ainsi augmenter de 0,6% sur les trois derniers mois de l'année, puis progresser de 0,5% au premier trimestre 2018. Il devrait ensuite légèrement ralentir à 0,4% au deuxième trimestre.
À ce rythme, l'"acquis de croissance" - c'est-à-dire le niveau que le PIB atteindrait si l'activité ne progressait pas sur les deux derniers trimestres de 2018 - s'établirait à fin juin à 1,7%, laissant donc augurer un bon chiffre sur l'ensemble de l'année.
À l'origine de cette bonne cadence, l'optimisme des chefs d'entreprises : le climat des affaires a atteint en novembre son plus haut niveau depuis début 2008.
Outre la production qui devrait être dynamique, aussi bien dans l'industrie que les services, l'investissement des entreprises devrait rester particulièrement solide et progresser de 1,2% au dernier trimestre 2017, puis de 1,1% et 0,9% sur les deux trimestres suivants.
Calendrier fiscal à double tranchant
Indicateurs économiques en France. |
L'Hexagone devrait aussi profiter en fin d'année d'une envolée des exportations, grâce à un rattrapage des ventes aéronautiques civiles, à de bonnes exportations agricoles et au redressement du tourisme après les attentats de 2015 et 2016.
Début 2018, les exportations aéronautiques devraient par contrecoup marquer le pas et les importations augmenter pour servir la demande intérieure. Mais selon l'organisme statistique, le commerce extérieur ne devrait plus peser négativement sur la croissance à mi-2018, ce qui serait du jamais vu depuis cinq ans.
En revanche, le pouvoir d'achat des ménages devrait pâtir début 2018 du regain d'inflation et "des effets du calendrier fiscal", selon l'Insee.
Les mesures défavorables au pouvoir d'achat (hausse de la CSG, de la fiscalité sur le tabac et les produits pétroliers) seront en effet concentrées sur le début d'année, tandis que les mesures favorables, en particulier la réduction de la taxe d'habitation, interviendront en fin d'année.
De fait, la consommation des ménages devrait ralentir et progresser de seulement 0,3% par trimestre d'ici la mi-2018, après avoir augmenté de 0,6% au troisième trimestre 2017.
Et ce malgré l'accélération des revenus d'activités liée à la hausse des difficultés de recrutement des entreprises, qui n'hésitent pas à augmenter les salaires pour attirer ou conserver des salariés.
Un paradoxe alors que le taux de chômage reste élevé. Ce dernier, qui avait augmenté au troisième trimestre de façon inattendue à 9,7% de la population active dans la France entière, devrait s'établir à mi-2018 à 9,4%. Une lente décrue, qui s'explique en particulier par la réduction du nombre de contrats aidés décidée par le gouvernement.
Selon Dorian Roucher, chef de la section synthèse conjoncturelle à l'Insee, fin 2017, 38% des entreprises déclarent souffrir de difficultés de recrutement, "ce qui est une proportion inédite depuis 10 ans".
"Ça suggère qu'il y a des capacités qui ont été détruites" au cours des dernières crises successives, aussi bien en actifs de production qu'en capital humain, a-t-il avancé.
Une étude Pôle emploi dévoilée mardi 19 décembre montre qu'entre 200.000 et 330.000 projets de recrutements ont été abandonnés "faute de candidats" en 2017.