La tendance à l'augmentation de l'indice des prix à la consommation (IPC) prévoit-elle un signe du retour de l'inflation ?
Résolument, c'est non. Au cours des 5 premiers mois de l'année, les ventes au détail de biens et services ont atteint environ 452.300 milliards de dôngs, soit une hausse de 21% en glissement annuel. L'IPC en mai a connu une augmentation de 0,44% par rapport au mois précédent, essentiellement en raison de l'augmentation des services postaux et de transports suite à la hausse du prix de carburants et des frais postaux. Si l'on prend pour référent l'année 2008, l'IPC en mai 2009 a pris 5,58% en glissement annuel et 2,12% par rapport au mois de décembre 2008. Ces augmentations sont, d'après moi, raisonnables car dans la situation actuelle de l'économie nationale, elles sont toujours dans une limite admissible.
D'autres considèrent pourtant que cette augmentation, avec le déficit de la balance du commerce, entraînerait le retour de l'inflation ?
En cette période où les politiques financières et monétaires sont plus libérales afin de soutenir le développement de l'économie nationale, une légère hausse de l'IPC est un bon signe car elle est la manifestation d'une bonne activité commerciale et d'une nette amélioration de la consommation. Le déficit de la balance du commerce a atteint en mai environ 1,5 milliard de dollars, et pour ces 5 mois, près de 1,1 milliard de dollars, mais plusieurs produits d'exportation de pointe ont plus rapporté en mai qu'en avril. Il en va ainsi du pétrole brut (hausse de 48 millions de dollars), du prêt-à-porter (37 millions de dollars), des produits aquatiques (10 millions de dollars), de l'électronique, des accessoires d'ordinateurs (5 millions de dollars).
Par rapport à ce déficit, le montant des investissements directs étrangers (IDE) et de l'aide publique au développement (APD) est plus élevé. Le pays a attiré en 5 mois 2,8 milliards de dollars d'IDE et le décaissement de l'APD a atteint dans le même temps 720 millions de dollars. Il s'agit d'indices visibles d'une reprise progressive de l'économie nationale. Le seul véritable problème étant de maîtriser l'inflation si elle revient afin de la maintenir à un taux acceptable.
D'après vous, quel est le taux d'une inflation "raisonnable" pour 2009, et quelles mesures pour limiter le risque d'une inflation élevée ?
Pour assurer son rôle de stimulation de l'économie nationale, l'inflation pour 2009 doit être d'entre 5% et 8%. Côté mesure, il faut d'abord rappeler qu'une inflation élevée au Vietnam est due en premier lieu aux dépenses du budget d'État. La tâche primordiale est ainsi de rendre plus efficace l'utilisation du budget d'État. Il est nécessaire par ailleurs de contrôler rigoureusement la mise en oeuvre des mesures de soutien de la consommation et des investissements, d'éviter les investissements dans des projets moins intéressants, d'achever définitivement les projets à court terme ou ceux qui sont en cours.
Le système bancaire devra lui aussi accorder la priorité à la rentabilité de leurs activités. Il s'agit ici de contrôler les prêts ainsi que d'éviter un encours de crédit à la consommation supérieur à ceux pour la production et le commerce. De même, la bourse et l'immobilier ont besoin des orientations et de politiques d'assistance pour un développement transparent, et surtout, pour éviter les phénomènes de bulle financière ou immobilière comme lors des années 2006-2007.
Autre point important à ne pas oublier : les politiques relatives au cours des changes devraient être régulées convenablement en fonction des évolutions du
marché et en évitant des ajustements brutaux. Sans oublier de contrôler les sources de devises pour éviter toute spéculation en ce domaine.
Enfin, pour contrôler au mieux les prix à la consommation, je veux souligner le rôle important des compagnies générales dans le fournissement des marchandises, la lutte contre les calamités naturelles et les épidémies, et l'assurance d'une bonne sécurité alimentaire. Tous ces facteurs ont une influence importante sur les vivres et denrées alimentaires, lesquelles représentent 42,8% des groupes de marchandises pris en compte pour établir l'IPC. Autres points, les petites et moyennes entreprises, dont le rôle est essentiel pour l'économie, devraient être privilégiées en termes de fiscalité et de taux d'intérêt bancaire. Ce qui leur permettrait de réduire leurs coûts de revient et de surmonter les difficultés dans leur activité.
Linh Thao/CVN