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L'entraîneur de Monaco, Robert Moreno, le 15 janvier 2020 au stade Louis II (Monaco). |
Moreno l'a dit : il n'est "pas Thierry Henry". Leurs passés footballistiques sont en effet diamétralement opposés. Pourtant, les deux quadragénaires se rejoignent sur leur inexpérience des bancs français au moment de leur nomination à Monaco.
Comme la star française en octobre 2018, Moreno a, dès ses premières conférences de presse, exposé des principes très ambitieux. "Je veux introduire mon système de jeu, mes automatismes, basés sur la possession, expliquait-il alors. Une équipe où tous les joueurs vont, ensemble, attaquer et défendre".
"Il faut savoir désorganiser nos adversaires par nos attaques pour récupérer le ballon haut avec une défense en bloc", poursuivait-il, précisant qu'"avec beaucoup de travail", une identité allait "se révéler, et l'équipe, progresser", et que "les objectifs ser(aient) atteints de cette façon".
Souvent présenté au vice-président qui l'a recruté, Oleg Petrov, comme le nouveau Pep Gardiola en raison d'"entraînements et séances vidéo similaires à celles de Barcelone", dixit Cesc Fabregas, Moreno était étiqueté avant même ses débuts.
"Pas la même histoire"
Dans ces conditions, et sans forcément se concerter, les techniciens de l'Hexagone font souvent front. Comme pour montrer qu'ils sont aussi bons qu'ailleurs.
Leonardo Jardim, qui avait compris l'importance de la corporation, avait noué de très bonnes relations avec Christophe Galtier ou Stéphane Moulin, voire Didier Deschamps. Mais le Portugais, qui a longtemps ironisé sur "la Truelle d'or gagnée en 2014 et 2015", a d'abord dû faire ses preuves.
Avant sa première contre Reims en Coupe (2-1), Moreno avait loué le travail de son homologue David Guion. Cela n'a pas suffi. Les attentes suscitées après le 3-3 au Parc l'ont ensuite desservi.
Victorieux à Monaco avec Strasbourg (3-1), Thierry Laurey s'est enorgueilli d'avoir "réussi" avec un système peu souvent mis en place. "Devoir faire le jeu, ce n'est pas la même histoire (que d'aller à Paris, ndlr)", a-t-il lancé, ironique.
Vainqueur en Coupe de France avec les Verts (1-0), Claude Puel, ancien de la Principauté, a, lui, assumé : "On a joué bloc bas, bien défendu, concédé peu d'occasions. Ce n'était pas évident pour Monaco".
Moreno et ses principes allaient-ils droit dans le mur ? Alerté sur le sujet, Petrov a parlé à son entraîneur dès le naufrage à Nîmes (1-3). Pragmatique, Moreno a rectifé. Monaco a battu Angers sans gloire (1-0). "Après trois défaites, on avait besoin de gagner, a-t-il précisé. C'était volontaire de défendre ainsi".
"Démarrer une série"
Moulin, l'entraîneur angevin, a crié au "hold-up". "Incroyable de voir cette équipe dégager en touche, s'est-il emporté. En tout cas, ce n'est pas une équipe qui avait la possession !"
Moreno en a souri. "Bienvenue Robert Moreno dans le football français !", a-t-il répondu. "On nous a reproché de prendre trop de risques, lâche-t-il. Je m'adapte à toutes situations ! Ma philosophie, c'est de gagner".
"Sans abandonner la volonté d'avoir la possession, certaines situations vont changer", explique-t-il désormais. "Il y a un moment où il faut défendre. Une équipe qui veut jouer l'Europe doit connaître ce type de situations."
Moreno fait le dos rond pour remonter au classement. "Ce sera difficile à Amiens, prévient-il. Le niveau du championnat est très homogène, avec beaucoup moins de différences que dans d'autres pays. Mais en gagnant trois matches consécutifs, tu remontes."
À son arrivée, Monaco, qui méritait "un meilleur classement" selon Petrov, était 7e (28 points en 18 matches) à cinq points de Rennes, troisième, et 10 de l'OM, deuxième. Aujourd'hui, l'équipe est descendue au 10e rang, à 8 unités de Rennes, 14 de l'OM. Moreno doit donc absolument "démarrer une série de victoires". Avec pragmatisme ou non...