L'exposition metal rugit à la Philharmonie de Paris

Le metal pose ses bottes cloutées et ses gros riffs à la Philharmonie de Paris, via une exposition-événement, entre basse en forme de hache et, plus inattendue, sculpture de Rodin, dès vendredi 5 avril, jusqu'au 29 septembre.

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La guitare basse Fireglo red sunburst Rickenbacker 4001 du chanteur et bassiste de Motörhead, Lenny Kilmister.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Alien", guillotine

Pour commencer, un incontournable et une surprise. Sous une vitrine, il y a la guitare iconique de Tony Iommi, de Black Sabbath. Ce groupe de Birmingham (Angleterre) est à la charnière 1960-1970 la matrice de ce genre musical, qui s'écrit donc sans accent.

Et juste à côté, une sculpture, L'éternelle idole, version en plâtre patiné (1889) prêtée par le musée Rodin de Paris. Black Sabbath s'en est inspiré, avec deux acteurs posant d'après l'œuvre, aux corps peints couleur bronze, pour la pochette de The eternal idol (1987).

L'exposition traverse ainsi les passerelles entre metal et autres univers. Qu'ils soient classiques, comme ces pochettes inspirées de tableaux de Jérôme Bosch ou Goya, ou tendance science-fiction, avec Hans Ruedi Giger, créateur des monstres de la franchise ciné Alien.

"Le chanteur de Korn lui a commandé un pied de micro", précise à l'AFP Milan Garcin, historien de l'art, un des commissaires de l'exposition.

Sont aussi exposées la guillotine de scène d'Alice Cooper et la célèbre basse-hache de Gene Simmons, de Kiss, parmi les 500 objets présentés.

Antéchrist, chanteuses

L'exposition se nomme "Metal, Diabolus in musica", clin d'œil à l'imagerie sataniste véhiculée (et à un album du groupe Slayer).

Des visiteurs regardent une vidéo du chanteur et guitariste du groupe de rock américain Kiss, Paul Stanley à la Philharmonie de Paris.
Photo : AFP/VNA/CVN

"À la fin des années 1960, en Angleterre ou aux États-Unis, la société est très marquée par la religion, le christianisme, c'est une chape de plomb sur les mœurs et le metal, en opposition, cherche à échapper à ces contraintes", analyse Milan Garcin.

Références à l'apocalypse et provocations abondent. Le leader du groupe Behemoth apparaît en antéchrist, tenant entre ses mains un christ en croix miniature reconverti en lance-pierre.

L'exposition déroule aussi les fils des différentes familles du metal. Son catalogue, coédité par la Philharmonie et Gründ, évoque ainsi le "funk metal" du groupe afro-américain Living Colour.

Les visiteurs néophytes découvriront le metal symphonique. Une frange où les chanteuses furent mises en avant. "C'est bien, mais ça ne doit pas occulter les femmes au premier plan dans le death, le hardcore, le black", des branches dites extrêmes, énumère pour l'AFP Corentin Charbonnier, docteur en anthropologie, chercheur sur la musique metal, également commissaire de l'exposition. Tatiana Shmayluk mène ainsi Jinjer, groupe ukrainien du label Napalm Records.

Afrique, climat

Le metal a ses festivals attitrés, comme le Hellfest en France (180 groupes, 240.000 festivaliers en 2023) mais infuse aussi ailleurs. Ainsi, les Francofolies de La Rochelle proposent une soirée metal depuis quelques années.

"Certaines barrières sont tombées pour le heavy metal ou le thrash metal, qui sont entrés dans la pop culture, on pense à +Stranger things+", décrit Milan Garcin.

Le morceau Master of puppets (1986) de Metallica a intégré cette série à succès. Un pur titre metal, avec une structure complexe, loin de la ballade Nothing else matters qui a permis à Metallica de passer sur les radios à grande écoute en 1991.

Des guitares lors d'une visite de presse de l'exposition "Metal, Diabolus in musica" à la Philharmonie de Paris, le 4 avril. 
Photo : AFP/VNA/CVN

Et, non, les artistes ne viennent pas seulement des continents européen ou américain (au sens large puisque Sepultura est originaire du Brésil). "Le metal existe partout, avec une acceptation et une représentation différentes, en lien avec la culture locale", décortique Corentin Charbonnier.

Le groupe Arka'n Asrafokor est né au Togo et un dispositif interactif de l'exposition permet d'écouter des collectifs comme The Hu, formé à Oulan-Bator en Mongolie. Il y a aussi un focus sur la contre-culture Marock, communauté du Botswana qui adopte les codes vestimentaires du metal américain.

Enfin, Metal, Diabolus in musica rappelle que le metal brasse aussi des thèmes d'actualité, comme Global warming (2005), titre sur le réchauffement climatique de Gojira, groupe français à l'aura internationale.

AFP/VNA/CVN

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