Les théâtres du Nord en quête d’identité

Depuis quelques mois, les nouvelles pièces de théâtres présentées dans le Nord du pays cherchent à se renouveler pour attirer de nouveau un public. Certains choisissent d’investir dans le décor ou les costumes, d’autres d’introduire du moderne dans le classique.

Devant la domination du cinéma et d’autres arts modernes, le théâtre, dont le théâtre parlé et le chèo, doit trouver le moyen de se démocratiser et de séduire des spectateurs peu habitués à s’y rendre régulièrement. Ainsi, depuis deux mois, les pièces du grand dramaturge Luu Quang Vu (1948-1988) sont jouées partout dans le Nord, pour commémorer le 25e anniversaire de sa mort. Ainsi, le Théâtre de la jeunesse, qui fait partie des établissements qui lui sont les plus fidèles, a présenté trois de ses pièces lors du Festival national dédié à ce dramaturge, les 11 et 12 septembre derniers à Hanoi.

La pièce Mùa ha cuôi cùng (Le dernier été).

Parmi ces trois œuvres, Mùa ha cuôi cùng (Le dernier été), mise en scène par l’«Artiste Émérite» Chi Trung, traite des questions d’éducation et a attiré un large public. Pour rappel, cette pièce raconte l’histoire de Châu, un lycéen intelligent et entier ayant d’excellents résultats. Le jour du bac, Châu prend une décision osée : demander à la direction du lycée de lui donner un autre sujet d’examen, Châu ayant été informé au préalable des réponses du premier sujet. La pièce parle ainsi de l’honnêteté dans les examens officiels, un sujet qui intéresse beaucoup le public.

Quand le chèo change de cap

De son côté, le Théâtre chèo (chant populaire) de Hanoi a programmé il y a deux ans Oan khuât môt thoi (L’injustice du passé) et y a mis les moyens. Le succès fut retentissant. La pièce, qui fait revivre le héros Nguyên Trai (1380-1442) impliqué dans un drame de l’histoire féodale du Vietnam, a été jouée 100 fois en six mois. Cette année, le Théâtre chèo de Hanoi poursuit sa stratégie en remontant la pièce traditionnelle Vuong nu Mê Linh (La reine de Mê Linh).

Selon les dirigeants du théâtre, un investissement important est souvent gage de réussite. «Nous avons financé cette œuvre à hauteur d’un milliard de dôngs. Ils sont essentiellement mis dans les costumes, le son, le décor et la chorégraphie. Afin d’attirer les spectateurs, le metteur en scène garde les éléments traditionnels en y ajoutant quelques touches de modernité».

Questionnée sur les risques financiers qu’elle prend, Thuy Mùi, directrice du Théâtre et metteur en scène de la pièce, affirme : «Vingt représentations suffisent pour rembourser les frais investis. C’est très raisonnable. Le problème est d’attirer les spectateurs».

Une scène de la pièce de chèo Vuong nu Mê Linh (La reine de Mê Linh).

Après Oan khuât môt thoi, Vuong nu Mê Linh est un nouveau succès. «Dans le contexte de morosité actuel pour le théâtre classique, et notamment le chèo, ces résultats montrent qu’il n’est pas trop tard. Il suffit juste de comprendre ce qu’attend le public», estime le professeur Hoàng Chuong, directeur du Centre national de développement des arts.

Selon un sondage réalisé par le Théâtre chèo de Hanoi auprès des spectateurs, la plupart ont apprécié la pièce, et en particulier les effets spéciaux et le talent des acteurs principaux. Cette pièce sera d’ailleurs également jouée au Festival national des professionnels du chèo en octobre.

Succès hors des frontières

L’affiche de la pièce Cai lao hoàn dông (À nouveau jeune)

Enfin, la pièce comique Cai lao hoàn dông (À nouveau jeune) montée par le Théâtre parlé du Vietnam a été présentée au Festival de théâtre Chine - ASEAN, qui s’est tenu du 27 août au 1er septembre à Nanning (Chine). Elle a remporté le prix du public. Deux «Artistes Émérites», Tuân Hai et Lê Ngoc ont, de leur côté, raflé le prix d’«Artiste préféré du public».

La pièce raconte l’histoire d’un paysan en délicatesse avec son propriétaire. Dans cette pièce, le metteur en scène Tuân Hai met en avant de nombreuses spécificités de la culture rurale vietnamienne: le cordon épais de bambou, l’invitation à mâcher du bétel pour amorcer une conversation, la tenue tricolore à sept pans des Vietnamiennes d’antan, etc. Lors du festival, cette pièce a été appréciée par le public et le comité d’organisation. «Les spectateurs ont été happés jusqu’au bout du spectacle», affirme Fang Ninh, chef du comité d’organisation.

Le pays semble ouvrir une nouvelle page. Reste à savoir si ce regain d’intérêt sera durable et permettra, à terme, de donner au théâtre une véritable place dans la culture vietnamienne.

Linh Thao/CVN

 

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